Et si l’expression « réparer les pots cassés » s’appliquait littéralement ? Eh bien c’est le principe du kintsugi, une technique de déco un peu spéciale : réparer les fissures d’un objet cassé par une colle dorée. Cet art traditionnel japonais sublime les imperfections de porcelaine ou céramique brisées. Un véritable appel à l’introspection en appliquant le même procédé sur nos blessures du coeur. Découverte.
Le kintsugi, kesako ?
Au XVe siècle, Ashikaga Yoshimasa, chef de guerre japonais, casse son bol préféré lors de la cérémonie du thé. Renvoyé en Chine pour réparation, il récupère le bol rafistolé à l’aide d’agrafes métalliques. Déçu, il confie à ses artisans japonais la mission de réparer son bol de manière plus artistique. C’est ici que l’art du kintsugi est né.
Le mot kintsugi vient du japonais Kin (or) et Tsugi (jointure), et signifie donc jointure à l’or. Cette technique offre une seconde vie à nos objets cassés. Certains cassent même volontairement leurs vaisselles ou décorations.
Comment ça marche ?
Si l’or est majoritairement utilisé, il est également possible d’utiliser d’autres métaux comme l’argent. On appelle cela alors le gintsugi. Les restaurateur.rice.s peuvent aussi utiliser la laque du Japon, appelée Urushi, une sève purifiée de nombreuses fois, de la colle de farine de riz, de la poudre de terre cuite ou encore du charbon de magnolia…
L’art du kintsugi se divise toujours en six étapes : briser, assembler, patienter, réparer, révéler, sublimer. Plusieurs objets peuvent être utilisés : vase, verre, tasse, miroir… Pour vous donner une idée, voici quelques inspirations :
Une forme d’art-thérapie
Derrière ces petits objets récupérés et super pour la déco, se cache en vérité une véritable philosophie. Au lieu d’effacer les erreurs, les cicatrices du passé, de chercher même à les faire disparaître, cette technique japonaise les met en avant jusqu’à les célébrer. Le kintsugi nous invite ainsi à accepter nos blessures et à en faire une force, comme les fêlures en or subliment les objets de déco.
On commence donc par ramasser les morceaux un à un et à les identifier pour mieux les recoller. On fait le point sur soi et identifier les sources de notre mal être. Ensuite, pour se réparer soi-même, il ne tient qu’à un détail. Par exemple, le coup des agrafes de Ashikaga Yoshimasa tournées en or.
« Le kintsugi vous rappelle que vos cicatrices, qu’elles soient visibles ou invisibles, sont la preuve que vous avez surmonté vos difficultés » – Tomas Navarro, psychologue
Ainsi, l’art du kintsugi s’inscrit dans le courant du wabi-sabi, qui invite à admirer et à mettre en valeur la beauté des imperfections en les saupoudrant d’or. C’est une forme de thérapie personnelle qui peut nous aider et nous accompagner dans notre processus de guérison.
D’autre part, cela peut nous offrir la possibilité d’ouvrir un nouveau chapitre de notre histoire, comme lorsqu’on a donné une seconde vie à notre objet cassé. Chaque objet à une histoire et est rempli d’émotions tout comme les cicatrices qui font partie de nous. Nos blessures prouvent qu’on est toujours debout, alors pourquoi les renier ? Et puis, toutes les belles choses sont forcément abîmées.
Prêt.e à vous lancer dans un atelier de kintsugi ? Si vous testez cette technique, n’hésitez pas à nous faire vos retours sur le forum, avec des photos de vos créations évidemment.