En vacances, c’est presque un arrêt obligatoire, un loisir à part entière. À chaque fois que vous passez devant une agence immobilière, vous ne pouvez pas résister à l’envie de jeter un œil aux annonces. Vous n’avez pas l’intention d’acheter ou de déménager, mais vous regardez les biens à l’affiche par curiosité. C’est un lèche-vitrine d’un nouveau genre. Vous avez plus la tête dans les logements virtuels que dans votre propre cocon ? Vous connaissez le prix du m2 par cœur ? Pire, vous avez même activé les alertes pour ne louper aucune pépite ? Votre addiction porte un nom : le real estate porn.
Regarder des annonces immobilières, une pratique en vogue
Quand vous flânez dans les rues pavées du Sud, vous êtes plus du genre à vous stopper devant les agences immobilières qu’à pousser les portes des boutiques de souvenirs. Même si vous n’avez pas de projets en tête, ni l’envie d’acquérir un bien, vous analysez avec attention ces bastides et ces villas à sept chiffres comme un acheteur potentiel.
Sans aller plus loin ni franchir le seuil de l’agence, vous vous contentez d’observer, de rêver. Une passion qui se traduit aussi en dehors des séjours estivaux. Vous avez un attrait maladif pour la recherche de logement. Vous poncez les sites spécialisés et vous visitez les biens d’un revers de souris, en imaginant même l’aménagement intérieur. Vos amis vous surnomment presque le « Sherlock de l’immobilier ».
Comme les fashionistas sur les sites de prêt-à-porter, vous êtes accro. Alors que les anciennes générations consultaient les biens dans le but d’y poser bagages, aujourd’hui on les touche avec les yeux, pour le plaisir. Rassurez-vous, regarder des annonces immobilières (et plus si affinité) est une activité bien commune. Ce n’est pas pour rien si les émissions comme « L’Agence » ou « Selling Sunset » existent. Les spécialistes du secteur vont même jusqu’à parler de « fièvre immobilière ».
Scruter des propriétés luxueuses ou se projeter dans une ancienne ferme remise au goût du jour sans jamais passer à l’acte. Voilà le passe-temps qui anime la plupart des gens. « 70 % des Français regardent des annonces sans projet prédéfini à court terme », indique SeLoger.
En cette période incertaine, un loisir aux allures d’échappatoire
Devenir propriétaire relève presque de l’utopie à l’heure actuelle. Avec les prix de l’immobilier qui flambent et la situation économique bancale, les annonces qui figurent sur le web sont inaccessibles. Et pourtant, regarder ces biens, parfois hors de portée, offre un moment d’évasion, une coupure dans les espaces étriqués des grandes métropoles. Face à des difficultés quotidiennes et à l’angoisse de l’avenir, les annonces immobilières permettent de s’évader quelques instants. De fantasmer sur une autre vie, dans un lieu plus guindé.
Elles deviennent alors une forme de réconfort, une manière de se projeter dans un monde où tout est parfait, où la maison idéale existe et nous tend les bras. D’ailleurs, qui n’a jamais imaginé, pendant une pause café, sa vie dans une villa avec piscine ou un appartement avec vue imprenable sur la mer ? À défaut de pouvoir concrétiser ce rêve en vrai, vous le vivez à travers vos écrans. Quand, depuis votre smartphone, vous pénétrez dans les somptueux appartements haussmanniens ou dans les maisons d’architecte, ce n’est pas juste du « voyeurisme ». C’est un refuge.
Des pics de dopamine qui font du bien
Loin de ressentir de la frustration devant ces biens incompatibles avec votre budget, vous prenez un bel acompte de bien-être. En fait, regarder ces annonces active une région de votre cerveau liée à la récompense : la dopamine. Cette hormone, souvent associée à l’anticipation du plaisir, est libérée lorsqu’on imagine un objectif réalisable, même si l’achat d’une maison reste purement fictif.
Selon des études, ces pics de dopamine créent une sensation d’euphorie, semblable à celle ressentie lors de la consommation de certaines substances. En clair, regarder des annonces immobilières est bon pour le moral, avec modération bien sûr. Quand ce loisir devient excessif, il peut engendrer une forme de désillusion et provoquer le sentiment inverse.
Regarder des annonces immobilières permet d’imaginer une vie différente, souvent plus confortable, plus élégante. Ce loisir, en apparence superficiel et matérialiste, illustre en réalité un besoin de sécurité.