Un.e enfant de 10 ans peut reconnaître jusqu’à 1000 logos de marques. Sauf que combien d’arbres cet.te enfant est-iel capable d’identifier par leur nom ? Très peu, malheureusement. Cet écart entre notre connaissance des symboles du consumérisme et notre ignorance de la nature qui nous entoure est au cœur du dernier projet artistique de Toolate, un artiste aussi engagé que créatif. Son objectif : nous réveiller, mais avec un sourire. Et croyez-nous, vous n’avez jamais vu des logos comme ceux-là !
Une forêt de logos… ou presque
Combien d’arbres seriez-vous capable de nommer si on vous le demandait là, tout de suite ? Allez, prenez quelques secondes. Pas si facile, hein ? En réalité, notre ignorance de la nature ne se limite pas qu’aux enfants. Nous sommes nombreux.ses à avoir grandi entouré.e.s de marques et de publicités, tandis que les arbres, eux, étaient relégués au second plan. Pourtant, les arbres ne font pas que décorer nos parcs. Ils filtrent notre air, nous protègent de la chaleur, servent d’habitat à des milliers d’espèces… et ils ont des noms, eux aussi.
Dans les parcs, aux abords des écoles et le long des boulevards de Nice, Toolate a donc semé quelque chose d’inattendu : des panneaux publicitaires. Mais attention, il ne s’agit pas de réclames habituelles vantant les mérites du dernier téléphone ou des baskets tendance. Ces panneaux, posés directement sur des arbres, affichent des logos de marques que nous connaissons tou.te.s. Cependant, il y a un twist : les noms ont été remplacés par des jeux de mots autour d’essences d’arbres. Prenons quelques exemples :
- Leroy Despins (en référence à la marque Leroy Merlin) : pas besoin d’un plancher pour comprendre l’allusion ! Ici, le chêne devient le roi des forêts.
- MicoCoulier (en référence à la marque McDonald’s) : oui, oui, le micocoulier existe vraiment, et c’est bien plus qu’un joli mot à placer dans une partie de Scrabble.
- Pommier (en référence à la marque Apple) : adieu la pomme croquée high-tech, bonjour le pommier de votre jardin !
- Frêne (en référence à la marque Ford) : simple, élégant, et beaucoup moins polluant qu’une voiture.
Chaque panneau est à la fois un clin d’œil amusant et une invitation à la réflexion. Car derrière le sourire, un message résonne : pourquoi reconnaissons-nous instantanément les marques, mais pas la richesse naturelle qui nous entoure ?
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Une campagne qui fait parler d’elle
Si vous pensiez que ce projet allait passer inaperçu, détrompez-vous. Entre l’intrigue visuelle et l’humour des détournements, les créations de Toolate ont immédiatement attiré l’attention des passant.e.s, petit.e.s et grand.e.s. Rien d’étonnant à vrai dire puisque Toolate utilise un levier inattendu pour capter notre attention : les codes publicitaires eux-mêmes. Ces panneaux publicitaires, conçus pour être percutants et mémorables, retournent ici leurs propres armes contre le consumérisme.
En remplaçant un contenu commercial par des messages en faveur de la nature, Toolate détourne ces outils de persuasion massive pour une cause qui dépasse le profit. C’est une démarche maligne, car elle s’adresse directement à notre cerveau sur-sollicité par la publicité. Face à un panneau, notre réflexe est de décoder le message en une fraction de seconde. Quand ce message dérape vers une blague ou une réflexion, le choc est d’autant plus marquant.
Les enfants s’amusent à découvrir les blagues tandis que les adultes, un brin gêné.e.s, se laissent happer par une question plus profonde : n’avons-nous pas accordé trop de place aux marques dans notre quotidien ? Ces panneaux sont un rappel de l’envahissement de notre paysage visuel par des messages commerciaux. Pendant que nous retenons des slogans, la nature, elle, s’efface lentement de nos mémoires.
Toolate, ou l’art d’éveiller avec malice
Si son nom ne vous est pas inconnu, c’est parce que Toolate a déjà fait parler de lui. L’année dernière, il avait frappé fort en installant des pièges géants sur la Promenade des Anglais pour dénoncer le tourisme de masse. Ces installations spectaculaires représentaient des pièges à rats gigantesques, avec un faux cornet de glace au bout, objet symbolisant les touristes. Le message était clair : le tourisme excessif peut transformer les lieux de vie en pièges pour la nature et les habitant.e.s.
Toolate a le don d’aborder des problématiques sérieuses avec une dose d’ironie mordante et une esthétique percutante. Son style ? Mélanger l’humour, le jeu et une pointe de provocation pour inciter à réfléchir autrement. Et à en juger par l’engouement suscité par ses projets, c’est mission accomplie !
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Et maintenant, on fait quoi ?
Le projet de Toolate nous pousse donc à reconsidérer notre rapport à la nature, mais aussi à redonner une place au vivant dans nos vies. Il ouvre une porte vers une prise de conscience collective, mais encore faut-il franchir le seuil. Et si on apprenait à reconnaître les essences d’arbres comme on reconnaît les logos ? Un bon point de départ pour rééquilibrer nos priorités. Voici quelques idées simples pour prolonger l’expérience et redonner à la nature la place qu’elle mérite dans nos vies :
- Apprendre à reconnaître les arbres : pourquoi ne pas en faire un jeu en famille ou entre ami.e.s ? Apprenez à identifier les essences présentes dans votre parc local.
- Observer la nature autour de vous : la prochaine fois que vous passez devant un arbre, posez-vous une question simple : quel est son nom ?
- Limiter l’omniprésence des marques : réfléchissez à la quantité de marques que vous consommez ou affichez (vêtements, gadgets).
- Soutenir les initiatives locales : beaucoup d’associations proposent des ateliers pour reconnecter avec la nature.
- Partager des idées : à l’image de Toolate, n’hésitez pas à utiliser votre créativité pour sensibiliser les autres à votre manière.
Avec ses panneaux détournés, Toolate ne se contente pas de dénoncer un problème. Il propose aussi une solution simple, mais puissante : réapprenons à observer la nature avec autant d’attention que nous le faisons pour les marques. Car si un.e enfant peut reconnaître 1000 logos, ne serait-il pas plus enrichissant qu’iel puisse en dire autant des arbres ? Finalement, la question est simple : que voulons-nous retenir ? Les slogans ou les racines de notre planète ? À vous de choisir…