La chlorophylle est un pigment qui teinte les plantes de mille couleurs, c’est elle qui donne le ton dans l’univers végétal. Sans sa présence, les paysages luxuriants ne seraient pas aussi étincelants. Cette reine des Jardins d’Eden à ciel ouvert est indispensable. Grâce à elle, arbres touffus, branches feuillues et fleurs fourchues ne prennent pas une ride. En effet, la chlorophylle prend des airs de cathéter et se transforme en sang vert. Armée de ses actifs puissants, elle donne une bonne dose d’oxygène à Mère Nature. Avec son doux parfum mentholé, elle s’érige comme l’ingrédient phare des chewing-gums. Au-delà de son pouvoir rafraîchissant, elle fleurit en masse dans notre vie quotidienne.
Sur le réseau TikTok, influenceur·euse·s de renom et autres gourous branché·e·s s’inclinent devant les vertus de l’eau de chlorophylle. Le hashtag #chlorophyllwater cumule ainsi près de 30 millions de vues sur l’application. Considérée comme une potion miracle, elle se hisse sur le podium des alliés beauté. Mais cet élément si ensorcelant est-il vraiment bienfaisant ? Ou s’inscrit-il dans la longue liste des arnaques de charlatans ? Décryptage.
Les réseaux sociaux, forêt amazonienne 2.0
Dans la jungle des astuces beauté, les rituels ancestraux et les conseils de grand-mères s’entrechoquent. Sur la toile, les blogueuses innovent et font germer des routines tantôt astucieuses, tantôt désastreuses. Elles transforment leur salle de bain en véritable laboratoire expérimental et partagent leurs trouvailles prodigieuses. L’univers 2.0 prend des airs de caverne d’Ali-Baba tant il foisonne de bons plans. Sur les réseaux sociaux, on s’abreuve des dernières tendances et on s’essaye à des tutoriels entêtants. Entre les masques au curcuma, les sérums à l’eau de rose ou les gommages à la noix de coco, notre peau est cajolée à foison.
Dans ce paradis artificiel pixellisé, les internautes sillonnent les contenus en quête de recettes efficaces. Tou·te·s veulent éradiquer les imperfections persistantes et les cicatrices gênantes qui ponctuent leur visage. Certain·e·s n’hésitent pas à ingérer des breuvages écoeurants pour se débarrasser des petits défauts. En effet, selon une étude approfondie menée par la Société française de dermatologie, un tiers des Français·es de plus de 15 ans serait touché par des maladies de peau. Pour la moitié d’entre eux·elles, ces marques physiques auraient des conséquences dramatiques sur leur santé mentale. Tiraillé·e·s entre l’anxiété et la dépression, il·elle·s sont prêt·e·s à tout pour venir à bout de ces impuretés.
Grand boom de la chlorophylle : l’or vert sort de l’ombre
Thé vert, vinaigre de pomme brut, jus de citron mêlée à l’eau tiède… pendant une paire d’années, ces boissons antioxydantes venaient pimenter les déjeuners des beautystas. Mais dernièrement, c’est la chlorophylle qui rencontre un franc succès. Dans son environnement classique, ce pigment s’enrichit des rayons lumineux du soleil et donne naissance à la photosynthèse. En d’autres termes, la chlorophylle orchestre le monde végétal, elle lui permet de garder une santé de fer.
Cette molécule vitale ressemble comme deux gouttes d’eau à l’hémoglobine que l’on retrouve dans le corps humain. Les scientifiques la surnomme ainsi le « sang vert ». Elle est donc omniprésente dans les aliments à chair verte à l’effigie du brocoli, des asperges, des choux ou des courgettes. Jusqu’alors méconnue du grand public, elle commence à s’immiscer dans les cures détox et s’invite dans les frigidaires du monde entier.
Comment est née cette tendance ?
Si la chlorophylle connaît son heure de gloire, c’est essentiellement grâce aux Américain·e·s. Cette tendance a pris racine sur la terre californienne alias « The Golden State ». Au cœur de ce havre éclectique, les reines de beauté apprivoisent leur main verte pour réaliser les meilleurs cocktails de jouvence. Imprégnées par la culture « healthy », elles ont réussi à démocratiser l’eau de chlorophylle en un claquement de posts. Cette mode bien-être est supposée éradiquer l’acné en l’espace de quelques jours. Mais boire ce liquide s’apparente à un vrai calvaire tant l’odeur de gazon est intense. D’après le fameux dicton « il faut souffrir pour être belle »… Mais est-ce que cette souffrance gustative en vaut la peine ? La chlorophylle porte-t-elle ses fruits sur l’organisme ?
Véritable réservoir de bienfaits pour le corps humain
Selon les recherches scientifiques, des effets vertueux sont bel et bien notables. Des chercheurs ont même attesté que le jus d’agropyre (graine de blé germée) composé à 70 % de chlorophylle pouvait être une aide précieuse pour traiter les maladies cardiovasculaires ou l’anémie. Elle s’érige également comme l’antidote idéal pour apaiser les problèmes de digestion. En stimulant le système immunitaire, elle fait aussi barrage aux bactéries. Grâce à son fort taux d’oxygène, la chlorophylle permet une meilleure régénération et cicatrisation des tissus. Un article rédigé par un lieutenant américain issu de la branche médicale prouve que l’utilisation de dérivés solubles est récurrente pour soigner les blessures de guerre. Cet or vert multifonction permet au corps de faire peau neuve, de respirer et de se libérer des toxines. C’est un shot de vitalité complète.
La chlorophylle panse les plaies internes et externes en un temps record. Selon des recherches conduites par le Dove Medical Press, elle réduit le vieillissement cutané et se dessine donc comme un anti-âge implacable. Elle s’apparente à un caméléon, revêt sa cape de super-héroïne végétale et soulage à profusion. Déjà en 2017, une jeune pousse d’avant-garde connue sous le nom de Megan Madden avait joué les cobayes. Cette femme à la peau acnéique avait troqué son bol de lait classique contre une eau à la chlorophylle. Sceptique devant cette solution atypique, elle a décidé de la tester pendant deux semaines. Elle partage son aventure dans le média « Verilymag » et tire un bilan glorieux : « lors de la seconde semaine, mes boutons se sont calmés, je n’ai eu aucune poussée ».
La chlorophylle par voie orale n’a pas encore fait ses preuves
Cependant, ces brillants résultats sont à prendre avec des pincettes. Selon les déclarations du Dr King au média américain Refinery 29, la chlorophylle par voie orale n’a pas encore fait ses preuves sur le plan scientifique. Aucune donnée n’atteste de son potentiel pouvoir sur les boutons. « Certains essais cliniques ont montré que la chlorophylle sous forme topique (application de crème ou gel naturel) a des propriétés anti-inflammatoires et antibactériennes qui peuvent aider à réduire l’acné ».
Avec sa large palette de bienfaits, elle donne la pêche. Mais pour l’heure, dans l’antre dermatologique, elle fait chou blanc. Les professionnel·le·s recommandent surtout de boire un litre d’eau pure par jour et de prendre des bains de vapeur régulièrement pour réguler l’excès de sébum.