Le glyphosate, substance active de plusieurs herbicides dont le Roundup (Monsanto-Bayer), est largement utilisé dans le monde. Employé dans l’agriculture, les jardins ou encore les espaces publics, il a longtemps été considéré comme une solution efficace pour éliminer les mauvaises herbes. Depuis plusieurs années, il est cependant au cœur d’une controverse croissante. On lui reproche d’impacter gravement notre santé et celle de la Terre. Malgré cela, hier 16 novembre 2023, la Commission européenne a pris la décision de reconduire pour 10 ans son autorisation de mise sur le marché. On fait le point avec 4 choses à savoir sur cet herbicide controversé.
Le glyphosate, qu’est-ce que c’est exactement ?
C’est un herbicide largement utilisé dans le monde entier depuis les années 1970. Il appartient à la famille des herbicides à large spectre. Cela signifie qu’il est conçu pour tuer un large éventail de plantes, notamment les mauvaises herbes, les graminées et les plantes indésirables. Le glyphosate est surtout connu sous le nom commercial de Roundup, qui est fabriqué par la société Monsanto.
Au fil des décennies, il est devenu l’un des herbicides les plus répandus au monde. Son utilisation suscite toutefois une vive controverse en raison de préoccupations environnementales et sanitaires. Il aurait notamment des liens avec certains types de cancer. Mais aussi des effets très néfastes sur la biodiversité et l’environnement.
La Commission européenne vient de renouveler son autorisation pour 10 ans
Certain.e.s professionnel.le.s et particuliers qui s’en servent s’en réjouissent. Les militant.e.s et organisations écologistes sont elleux consterné.e.s. Hier 16 novembre 2023, la Commission européenne a renouvelé l’autorisation du glyphosate dans l’UE pour 10 ans.
Dans son texte la Commission européenne proposait d’autoriser de nouveau sa vente et son utilisation jusqu’à décembre 2033. Lors d’un premier vote mi-octobre, plusieurs pays d’Europe – dont la France – s’y étaient opposés. Finalement, faute d’un majorité qualifiée atteinte lors d’un nouveau vote, la Commission européenne a tranché. Le glyphosate va être réautorisé dans les champs européens jusqu’en décembre 2033.
« Sur la base d’évaluations approfondies (…) et en collaboration avec les États membres de l’Union européenne, la Commission européenne va procéder au renouvellement de l’approbation du glyphosate pour une période de 10 ans, sous réserve de certaines nouvelles conditions et restrictions », explique un communiqué
7 pays, dont la France, n’ont pas voté. Si les organisations écologistes ne cessent d’alerter de la dangerosité de ce pesticide, le groupe allemand Bayer s’est réjoui de cette annonce.
Son utilisation est (très) controversée
Une grande partie de la controverse entourant le glyphosate concerne son lien présumé avec le cancer. En 2015, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), une branche de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a classé le glyphosate comme « probablement cancérogène pour l’homme ». D’autres organismes, tels que l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) et l’Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA), ont à l’inverse conclu que « le glyphosate ne présente pas de risques cancérigènes significatifs pour les humains ».
Outre les préoccupations liées à la santé humaine, le glyphosate suscite des inquiétudes quant à son impact sur l’environnement et la biodiversité. Des études ont en effet suggéré que l’utilisation intensive de cet herbicide pourrait contribuer à la perte de biodiversité. Il affecterait les insectes pollinisateurs et d’autres organismes essentiels à l’équilibre écologique.
« Le renouvellement de l’autorisation va à nouveau à l’encontre du principe de précaution, alors que les preuves de la dangerosité du glyphosate pour l’homme et pour l’environnement continuent de s’accumuler », ont déclaré les ONG Foodwatch et Générations futures
Nous sommes potentiellement tou.te.s exposé.e.s au glyphosate
Comme expliqué précédemment, le glyphosate est un herbicide largement utilisé pour l’entretien de nos sols. Son rétablissement soulève ainsi une nouvelle fois des questions quant à l’étendue de notre exposition quotidienne. De son côté, la Commission européenne affirmait en juillet 2023 qu’elle « n’avait pas identifié de domaine de préoccupation critique chez les humains, les animaux et l’environnement susceptible d’empêcher l’autorisation de l’herbicide ». Elle reconnaissait toutefois des « lacunes au niveau des données ».
Alors : le glyphosate un vrai poison ? Selon d’autres rapports, que ce soit à travers notre alimentation, notre environnement résidentiel ou même l’air que nous respirons, il s’infiltrerait bel et bien dans divers aspects de notre vie. D’ailleurs, une étude de 2021 de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) concluait à « l’existence d’un risque accru de lymphomes non hodgkiniens avec un niveau de présomption moyen ».
Le glyphosate demeure ainsi un sujet de débat brûlant, mêlant des considérations de santé, d’environnement et de réglementation. Cela appelle à une réflexion approfondie sur notre mode de vie. Mais aussi sur la manière dont nous pouvons concilier les impératifs de l’agriculture avec la protection de notre planète et de notre bien-être.