« Un t-shirt acheté, un arbre planté ». Lors de vos achats en ligne, vous avez peut-être déjà « reboisé la planète » et comblé les « trous » laissés dans la face du monde. Alors que les mentalités se reverdissent doucement, cette promesse de reforestation est devenue un véritable argument de vente et fait l’engrais commercial de nombreux sites. À la vue de cette mention, vous vous imaginez alors avoir fait une action en faveur de l’environnement. Pourtant, même si semer des millions d’arbres sur cette planète en proie à une calvitie monstrueuse semble être assez positif, ce n’est pas toujours le cas. Planter des arbres depuis son canapé, en un revers de clic, défigure plus qu’il ne répare la planète. Finalement, tout dépend de la manière dont l’initiative se concrétise sur le terrain.
Les arbres sont des alliés pour réduire l’empreinte carbone
Les arbres se font de plus en plus rares dans le paysage et finissent bien souvent couchés par terre après une entaille de tronçonneuse. D’ailleurs, les chiffres parlent d’eux-mêmes, deux millions d’arbres sont coupées toutes les 1min30 pour laisser place à des terres agricoles fertiles. Pourtant, ces végétaux majestueux qui désertent petit à petit la Terre sont des remparts contre le réchauffement climatique.
En moyenne, un arbre absorbe environ 25 kg de CO2 par an. La quantité varie selon l’essence de l’arbre, mais quoi qu’il en soit c’est déjà un pouvoir précieux. En plus de faire buvard sur la pollution générée, en partie, par les activités humaines, les arbres relâchent de l’oxygène, gaz qui nous est vital. Les arbres ne sont donc pas seulement érigés pour nous fournir de l’ombre en été et ajouter du relief dans le décor. Ils font la vitalité de toute la biodiversité et contribuent à la bonne santé d’un vaste écosystème.
Ce sont des purificateurs d’air XXL, capables de réduire les gaz à effet de serre. Les arbres préviennent aussi la corrosion des sols avec leurs réseaux de racine, protègent certaines espèces des prédateurs, servent d’abri à plusieurs habitants à poils ou à plumes et réduisent la température ambiante. Forcément, avec ce palmarès éloquent, vous vous dites que planter des arbres est une question de « survie » pour la planète. Pourtant, planter des arbres aléatoirement et les laisser pousser en totale autonomie sans la moindre attention, ce n’est pas vraiment rendre service à la planète… Mais c’est souvent ce qu’il se trame derrière le « un produit acheté, un arbre planté ».
À condition qu’ils soient bien plantés
Remettre de la végétation sur la tête, bien dégarnie, de notre chère planète est plutôt engageant. Vous avez certainement déjà éprouvé un sentiment de fierté en voyant le « bravo, avec votre achat, vous avez planté un arbre » s’afficher sur votre écran. Vous avez l’intime conviction d’avoir apporté votre pierre à l’édifice ou plutôt votre graine à la terre. Mais de l’autre côté des pixels, les entreprises ne sont pas toujours très assidues ni précautionneuses avec ces végétaux.
N’allez pas croire que des petites mains dorlotent ces arbres à longueur de journée et dressent un bilan de santé quotidiennement. En général, les entreprises qui vantent « un arbre planté » ne sont pas épaulées ou orientées par des organismes dédiés à la cause écologique. Ce qui laisse le champ libre à toutes les dérives et à une culture sans fond, ni réel intérêt. Planter des arbres à l’aveuglette, en faisant fi de tous les paramètres essentiels, rend le geste contre-productif pour la planète, voire nocif.
Bien souvent, les entreprises choisissent des essences « bon marché » qui ne risquent pas de flétrir leur portefeuille. Elles les font grandir en monoculture, c’est-à-dire avec une seule espèce dominante. Or, il arrive parfois qu’elles rasent des forêts luxuriantes pour faire pousser une unique essence, sélectionnée un peu « bêtement ». Ce qui est, ni plus ni moins, une aberration environnementale. Remplacer des espèces « natives » par des arbres peu coûteux qui grandissent en « accéléré » revient à sacrifier une partie de la biodiversité, nuire aux nappes phréatiques et appauvrir tout un espace. Bref à desservir totalement Mère Nature.
Planter des arbres, énième tactique marketing
« Planter des arbres pour la planète » est souvent un discours en langue de bois. Les entreprises cherchent simplement à avoir « bonne conscience » et à épurer leur image. Une grande firme de la fast-fashion délocalisée au fin fond de l’Asie a beau se targuer de « planter des arbres » à chaque clic, cette action n’effacera pas son empreinte carbone pour autant.
Cette pratique, autre branche du « greenwashing« , porte un nom : le « treewashing ». Grâce à cette tactique purement commerciale, les entreprises se taillent une nouvelle réputation, plus glorieuse, tout en faisant perdurer leur production polluante.
« Au lieu de changer de comportement et réduire ses émissions, elle incite à continuer de polluer toujours plus à condition de planter des arbres », s’alarme l’ONG All4Trees
Selon l’association, qui a analysé le sujet jusqu’à la racine, les entreprises qui pensent racheter leur dette de CO2 avec des arbres sont « complices de l’inaction climatique ». En clair, au lieu de panser les plaies de la planète, elles ne font que les rouvrir et les inflammer. Elles poussent la « bonne cause » écologique et se raccrochent à ce tronc commun du « faire mieux » alors qu’en aval, elles pillent, sans scrupule, les ressources de la planète. Évidemment, ce constat est à tempérer. Toutes les entreprises ne sont pas malhonnêtes à ce point.
Planter des arbres pour sauver la planète peut paraître louable depuis votre fenêtre virtuelle. Mais dans les faits, ce n’est pas nécessairement faire une fleur à Mère Nature… Préférez plutôt des gestes concrets, à votre portée. Comme réduire votre consommation de plastique pendant vos courses, faire du compost ou économiser l’eau.