Le 4 avril 2022, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a publié le troisième volet de son 6e rapport sur l’urgence climatique. Cette structure, créée en 1988, est chargée « d’évaluer les travaux scientifiques consacrés au changement climatique » et d’apporter des solutions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Après les faits et les effets, le groupe s’intéresse aux solutions (très) urgentes à déployer afin de lutter contre le dérèglement climatique. Voici, les 5 points qu’il faut retenir de ce document, long de 2 800 pages.
1 – Les émissions de CO2 toujours en hausse
Le 3e volet du rapport du GIEC avertit une nouvelle fois que nous sommes bien loin de l’objectif des +1,5°C, défini par l’Accord de Paris. Bien que le taux de croissance des émissions mondiales de CO2 entre 2010-2019 a faibli, passant de + 2,3% à + 1,3% par an, les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter. En effet, en 2019, ces dernières étaient 12 % plus élevées qu’en 2010 et 54 % plus élevées qu’en 1990. Le rapport du GIEC souligne également que 17 % du CO2 qui s’est accumulé dans l’atmosphère depuis 1850 a été émis rien qu’entre 2010 et 2019.
De plus, ces émissions sont inégalement réparties dans le monde. Les pays riches sont ceux qui en émettent le plus. En 2019, l’Amérique du Nord, l’Europe, l’Australie, le Japon et la Nouvelle-Zélande ont contribué à 43 % des émissions de carbone historiques cumulées entre 1850-2019. À l’inverse, l’Afrique et l’Asie du Sud n’ont contribué qu’à hauteur de 11 %.
Selon ce même rapport, atteindre les +1,5°C est « hors de portée » dans la situation actuelle. Pour y parvenir le monde doit réduire de 4 8% ses émissions annuelles et d’un tiers ses émissions de méthane, d’ici 2030.
L’usage du charbon doit être immédiatement arrêté et ceux du pétrole et du gaz doivent être réduits de 60 % et 70 % d’ici à 2050 par rapport aux niveaux de 2019. Toutefois, le rapport soulève un (petit) point positif : au moins 18 pays ont réussi pendant plus de 10 ans à réduire leurs émissions liées à la production et à la consommation.
2 – Remplacer les énergies fossiles & le méthane par des sources d’énergie bas-carbone ou neutres
Les émissions de méthane contribuent pour environ un cinquième du réchauffement climatique et les énergies fossiles environ un tiers des émissions. Si, celles-ci ne sont pas réduites, l’objectif de +1,5°C ne pourra pas être atteint.
Pour y parvenir, le rapport du GIEC recommande fortement de réduire l’usage des réserves de pétrole, de gaz et de charbon. Seule solution pour pouvoir continuer à les utiliser, est de développer des techniques d’élimination du dioxyde de carbone, comme le captage et le stockage géologique de CO2 (CCS), permettant de compenser les émissions. Néanmoins, cette technologie n’est toujours pas existante et nécessite la mise en oeuvre de techniques non bénéfiques pour l’environnement.
3 – L’essor précieux des énergies renouvelables
Le GIEC évoque également l’usage des énergies renouvelables pour réduire ces émissions. En effet, les capacités des énergies photovoltaïques et éoliennes ont fortement augmenté (170 % et 70 % respectivement), mais leur usage mondial ne représente que 8 % de la production électrique et 21 % de la production peu carbonée.
Toutefois, la décennie 2010-2019 a été marquée par une augmentation des déploiements des technologies bas-carbone, qui se justifie par une baisse considérable de leurs coûts. -85 % pour l’énergie solaire et -55 % pour l’énergie éolienne.
4 – Réduire la demande d’énergie
Si l’usage des énergies renouvelables et des énergies moins carbonées est une des solutions pour atténuer le réchauffement climatique, il doit être combiné avec des politiques publiques, des infrastructures et des technologies rendant possible ces changements. Ces leviers pourraient réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40 à 70 % d’ici à 2050, estime le rapport.
Pour y parvenir, les efforts doivent être demandés aux plus privilégié.e.s, car 10 % des plus hauts revenus dans le monde représentent à eux seuls entre 36 % et 45 % des émissions totales de gaz à effet de serre, d’après les experts climat de l’ONU. En outre, le GIEC précise que les personnes à haut niveau socio-économique contribuent, disproportionnellement, aux émissions de CO2 mais, elles ont aussi le potentiel le plus élevé pour les réduire.
5 – Des investissements insuffisants et coûteux, mais indispensables
Agir pour lutter contre le réchauffement climatique a un prix. C’est 2300 milliards de dollars par an entre 2023 et 2052 rien que pour le secteur de l’électricité. C’est 1700 milliards pour +2°C. En 2021, c’est 750 milliards de dollars qui ont été dépensés pour déployer des énergies vertes, selon l’Agence internationale de l’énergie.
En outre, le GIEC avertit que les pays riches dépensent deux à cinq fois moins que nécessaire et les investissements dans les pays en développement sont de quatre à huit fois moins élevés que nécessaire.
Bien que dans 56 pays – couvrant 53 % des émissions mondiales – des lois climatiques sont instaurées, le GIEC déplore de trop faibles avancées dans le secteur de la finance et des investissements. « Les flux de financements publics et privés en faveur des énergies fossiles sont toujours supérieurs à ceux pour le climat », regrettent les scientifiques. Le constat est tel que les flux financiers actuels sont trois à six fois inférieurs aux niveaux nécessaires d’ici 2030 pour limiter le réchauffement en dessous de +2°C.