La vaisselle en bambou, de plus en plus populaire notamment pour les enfants, ne serait pas aussi saine qu’on le pense. C’est en tout cas ce que révèle 60 millions de consommateurs cette semaine. La vaisselle en bambou contiendrait une substance nocive qui peut migrer dans la nourriture. Un danger potentiel donc pour petits et grands, on fait le point.
La vaisselle en bambou pourrait être « toxique »
Le plastique ce n’est pas fantastique, mais le bambou n’aurait visiblement pas que du bon… Assiettes, bols et autres couverts en bambou ont pourtant le vent en poupe puisqu’ils ont l’avantage d’être 100 % naturels. Sauf que… comme le souligne le magazine 60 millions de consommateurs, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a fait part de plus d’une dizaine de rappels ces derniers mois au sujet de vaisselle pour bébé, de boîte pique-nique ou de lunch-box en bambou.
La composition de la vaisselle pour bébés doit respecter un certain nombre d’exigences. Et pour cela la DGCCRF y veille, dénonçant et ordonnant régulièrement le retrait de produits susceptibles de contenir des substances toxiques. Même si la vaisselle en bambou est fabriquée dans une matière naturelle il faudrait donc quand même se méfier. En cause des composants dangereux pour la santé. 60 millions de consommateurs précise ainsi que la DGCCRF pointe généralement dans ces rappels une « migration de composants [vers] les aliments » et un « risque chimique ».
Ustensiles et vaisselle en bambou, prudence ou risque avéré ?
« Alors que le bois peut être un matériau unique, par exemple taillé en forme de cuillère ou de saladier, le bambou est utilisé sous forme de fibres ou de poudre, nécessitant donc d’être agglomérées pour aboutir à une fourchette, une cuillère ou une assiette », explique au magazine 60 millions de consommateurs Anne Lafourcade, ingénieure en santé environnementale. Et c’est justement ce procédé de fabrication qui « pose problème ». Car pour lier la poudre ou les fibres de bambou, les fabricants utilisent souvent une résine plastique de mélamine-formaldéhyde.
Or cette résine est parfois de mauvaise qualité et surtout si la mélamine en elle-même n’est pas toxique, la chaleur lui réussit mal. Résultat : « exposée à de fortes températures, elle relargue ses composants dans les aliments, elle se décompose en monomères et en formaldéhyde, des composés classés cancérigènes. Quand les seuils de migration autorisés sont dépassés, la mélamine peut alors être toxique pour les reins », explique et déplore ainsi 60 millions de consommateurs.
Un manque de réglementation
Les problèmes de fabrication avec la poudre de bambou ne seraient pas si rares que ça. Une enquête de la DGCCRF datant de 2013, avait conclu à un taux d’anomalie de 13,8 % sur les objets en bambou, notamment au niveau de la migration de formaldéhyde. Mi-novembre 2019, c’est l’Institut fédéral allemand d’évaluation toxique des risques (BfR) qui pointait du doigt la dangerosité de la vaisselle en bambou dans une étude. Elle soulignait qu’elle ne devait pas être utilisée pour les boissons chaudes ou repas chauds, et notamment ceux des bébés, car la résine est attaquée par la chaleur.
Problème : pour l’instant, aucune réglementation n’encadre la poudre de bambou, souligne 60 millions de consommateurs, aussi bien en France que dans l’Union européenne. À l’instar de l’Autriche, « ne faudrait-il pas interdire la vente de vaisselle en bambou ? » propose même 60 millions de consommateurs, invoquant le principe de précaution. « En attendant, préférez les récipients en verre, en acier inoxydable, en porcelaine ou encore polypropylène ; et n’utiliser les récipients en bambou que pour des aliments froids », recommande le magazine.