Un teint ébène, des yeux aux nuances charbonneuses, une chevelure texturée et une morphologie pile dans les normes. Anok Yai ne visait pas les catwalks et pourtant aujourd’hui elle y est fermement ancrée. Anok Yai assure la relève de Naomi Campbell. La top modèle sud-soudanaise, visage de la diversité à la Fashion Week, a un parcours atypique.
Remarquée sur son campus par un photographe
Si de nombreuses jeunes femmes deviennent mannequins en suivant un protocole millimétré, d’autres pénètrent ce milieu sélectif grâce au destin. C’est ce qui s’est passé pour Anok Yai. Elle n’a pas eu besoin de déposer son portfolio dans une agence ni de prouver sa photogénie devant une armada de managers au regard très critique. À seulement 19 ans, l’étudiante sud-soudanaise attire l’œil d’un photographe alors qu’elle participe à une fête de rentrée sur son campus. Envoûté par sa beauté magnétique et son charme brut, il lui demande son accord pour la capturer dans son objectif. Elle accepte sans hésiter.
Cette photo, prise à la volée, se retrouve sur la page Instagram du photographe. Les internautes sont unanimes : la jeune femme est faite pour les podiums. De souvenir étudiant à portrait de toutes les chances, cette photo fait le tour de la toile. Elle se retrouve même entre les mains des agences de mannequinat les plus prestigieuses. Tout le monde s’arrache Anok Yai, y compris IMG Models, qui représente, entre autres, Ashley Graham et Hailey Bieber.
Pourtant, à l’origine, celle qui étudie la biochimie à l’Université de Plymouth se destine plus à porter des blouses blanches que des vêtements de créateurs. Ce cliché qui ne dévoile qu’une infime partie de son potentiel la dévie de cette voie pour la mettre dans la lumière. Une success-story digne d’une fiction.
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Une carrière florissante digne des plus grandes
Très rapidement, Anok Yai se prend à ce jeu d’image et elle excelle dans cet art. Elle semble avoir fait ce métier toute sa vie. Avec son regard intense, sa carnation profonde, ses cheveux indociles et son corps longiligne, elle ne tarde pas à se faire un nom dans le milieu. Après seulement quatre mois d’expérience, elle devient la première mannequin soudanaise à inaugurer un défilé pour Prada. Les contrats pleuvent en masse.
Égérie de la marque de cosmétiques Estée Lauder, incarnation vivante du parfum Alien de Mugler et protagoniste de la campagne de pub signée Marc Jacobs, Anok Yai obsède le monde de la mode. Elle rattrape d’ailleurs doucement son modèle de toujours : l’iconique Naomi Campbell. Récemment, elle a même pris l’étoffe de l’ange pour la marque Victoria’s Secret.
Pourtant, même si fashion-sphère l’a accueilli à bras ouverts, Anok Yai, de par sa couleur de peau et ses origines, a aussi subi racisme et misogynie. Sur X, elle racontait : « je me souviens d’avoir été traitée de cafard par un photographe ». Bien loin de servir seulement de cintre « animé », Anok Yai n’hésite pas à faire tomber le rideau et à dénoncer cette discrimination banalisée endurée en coulisses.
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Une mannequin soudanaise qui défend sa place
Anok Yai fait désormais partie de ces mannequins « intouchables ». Celles qui sont au sommet et qui n’en descendront pas de sitôt. Nommée aux Fashion Awards pour le titre de « mannequin de l’année » en 2023 et conviée à tous les événements qui font la mode de demain, Anok Yai ajoute de la couleur sur un podium trop souvent monochrome. D’ailleurs, lorsqu’elle n’a pas une garde-robe imposée, elle arbore des looks de caractère qui contrastent avec le combo short pull chaussette qu’elle portait sur la photo qui l’a révélé au grand jour.
Adepte du street style et de l’esthétique off-duty, celle qui se fait appeler « Rock » sur Instagram, apprivoise micro brassière et jogging loose, conjugue sweat à capuche et botte en fourrure et ne sort jamais sans une cascade de chaînes ou des accessoires en métal. Anok Yai a tout d’une légende.
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D’étudiante anonyme à mannequin notoire, Anok Yai est un exemple de réussite. Sans pistons ni contacts, elle a réussi à se frayer un chemin dans ce monde qui a des idées bien arrêtées sur la beauté. Même si Anok Yai a un corps dans les standards, elle a le mérite de rompre avec la blancheur « éxigée ».