Ils sont là, discrets, presque invisibles à force d’habitude. Ces petits boutons en métal, nichés aux coins des poches de vos jeans, sont pourtant bien plus qu’un simple ornement. Derrière leur apparente simplicité se cache une histoire fascinante.
Une invention née de la nécessité
Au début des années 1870, Jacob Davis, un tailleur basé à Reno, Nevada, faisait face à une problématique récurrente : les pantalons de travail de ses clients, notamment des mineurs, se déchiraient fréquemment au niveau des poches, soumises à rude épreuve par le transport de lourdes charges comme des pépites d’or ou d’argent. Pour remédier à ce problème, Davis eut l’idée d’utiliser des rivets en cuivre, initialement employés pour renforcer les couvertures de chevaux, afin de consolider les points de tension des pantalons.
Cette innovation s’avéra si efficace que Davis décida de breveter son idée. Ne disposant pas des fonds nécessaires, il s’associa à Levi Strauss, un fournisseur de tissus basé à San Francisco. Le 20 mai 1873, ils obtinrent ensemble le brevet n°139121 pour l’« amélioration du mode de fixation des ouvertures de poches » . C’est ainsi que naquit le premier jean riveté, une pièce désormais emblématique du vestiaire mondial.
Les rivets : petits mais costauds
Les rivets, ces petits boutons en métal, sont stratégiquement placés aux coins des poches et à d’autres points de tension du jean. Leur rôle principal est de renforcer les coutures, empêchant ainsi les déchirures dues à une utilisation intensive. À l’époque, cette innovation répondait aux besoins des travailleurs manuels, tels que les mineurs et les ouvriers, qui sollicitaient fortement leurs vêtements.
Au fil du temps, les rivets sont devenus une signature esthétique du jean, symbolisant à la fois robustesse et authenticité. Même si leur fonction pratique est moins cruciale aujourd’hui, ils demeurent un élément distinctif du design denim.
Une évolution au gré des époques
Si les rivets ont traversé les décennies, leur présence a parfois été remise en question. Durant la Seconde Guerre mondiale, par exemple, la pénurie de métal a conduit à la suppression temporaire de certains rivets sur les jeans.
De même, les rivets des poches arrière ont été recouverts de tissu en 1937 pour éviter d’endommager les meubles, avant d’être complètement supprimés dans les années 1950 au profit de coutures renforcées. Malgré ces ajustements, les rivets ont conservé leur place dans l’imaginaire collectif, incarnant l’esprit du jean : un vêtement à la fois fonctionnel et emblématique.
La prochaine fois que vous enfilerez votre jean préféré, prenez donc un moment pour observer ces petits boutons en métal. Derrière leur discrétion se cache une histoire riche, témoignant de l’ingéniosité de Jacob Davis et de l’évolution du jean au fil des siècles. Un détail, certes, mais qui en dit long sur l’alliance entre fonctionnalité et style qui caractérise le denim depuis plus de 150 ans.