Nous ne cessons d’acheter de nouveaux vêtements au gré des modes, de nos envies et des promotions diverses et variées. Mais nous rendons-nous seulement compte de combien de pièces nous finissons par accumuler ? Avec son projet « Fashion Monsters », la photographe et journaliste Léonor Lumineau appelle à la prise de conscience.
Un nombre d’habits monstrueux
Avez-vous déjà fait du tri dans votre dressing en vous rendant compte que vous aviez vraiment beaucoup (beaucoup) trop de vêtements ? Alors que vous aviez simplement comme objectif de refaire de jolies piles bien pliées et d’éventuellement retirer quelques vêtements trop petits, vous finissez par réaliser que vous possédez plus de robes que de jours dans un mois. Et on ne parle pas des t-shirts ! C’est le constat qu’a fait la journaliste et photographe Léonor Lumineau alors qu’elle rangeait sa garde-robe pendant le premier confinement.
« J’ai été hallucinée par le nombre de vêtements que j’avais, par rapport à ceux que je porte réellement. Je suis pourtant tout à fait consciente des ravages de la fast fashion, je ne supporte plus de mettre les pieds dans les magasins qui la propagent. (…) Et malgré tout, c’était consternant, mais il y avait bien cet énorme tas de fringues sur mon lit », confie-t-elle dans une interview pour le magazine Causette
Face à cette prise de conscience effrayante, elle a l’idée de créer des monstres d’habits et de les photographier. Le projet « Fashion Monsters » est né. Léonor se rend chez la personne dont elle va faire le « portrait ».
Ensemble, elles vident complètement le dressing et choisissent des vêtements. La personne se positionne, puis la photographe la recouvre de couches d’habits. Elle partage ensuite les clichés sur son site internet en précisant les pièces qui composent le monstre. Des chiffres impressionnants et souvent inattendus qui tirent la sonnette d’alarme.
Ici, « Gaëlle, 75 t-shirts et chemises, 30 pulls, 29 jupes ou shorts, 28 vestes ou manteaux, 25 pantalons, 18 robes, 11 sacs, 7 bonnets, 2 perruques ».
(Sur)consommation de vêtements : une prise de conscience urgente et nécessaire
Chaque année, un.e Français.e achète en moyenne 9kg de vêtements. En conséquence de ce nouvel apport faramineux et continuel, 70 % des fringues qui constituent notre dressing ne sont jamais portés, selon l’ONG Oxfam France. Autant dire qu’il serait temps de se poser et de réfléchir à l’impact qu’ont nos achats sur la planète.
Car, oui, l’industrie de la mode figure parmi les principaux polluant. En effet, on estime qu’elle est responsable de près de 10 % des gaz à effet de serre. On se rappelle de la publication que faisait le journaliste Hugo Clément à la mi-décembre, révélant une décharge à ciel ouvert de vêtements en provenance d’Europe pour la plupart. Ajoutons aux conséquences environnementales, le désastre social que représente la fast fashion, il y a de quoi faire de mauvais rêves.
Agir à son échelle
Mais face à cela, que faire ? Il est urgent de consommer moins, mais surtout mieux. Lors du prochain tri de votre garde-robe, prenez donc un temps pour chercher à assortir et accessoiriser les vêtements que vous possédez déjà. Le mal est fait, autant le rentabiliser.
Aussi, à l’avenir, pensez d’abord à munir de pièces basiques pouvant s’associer facilement. Plus que jamais, elles doivent être à votre taille et vous plaire à 100 % puisque le but est de pouvoir les porter souvent, longtemps et dans toutes situations. Pour les événements nécessitant une tenue un peu plus recherchée, ayez aussi en tête qu’il n’est pas absolument nécessaire de passer par la case achat. Vous pouvez, par exemple, vous tourner vers des plateformes de location comme Loola ou emprunter autour de vous. Cela vous permettra d’avoir un look à la hauteur en limitant votre empreinte écologique. Le bonus : cela vous coûtera aussi très probablement moins cher.
Enfin, gardez en tête que personne n’est parfait.e ! Les changements vont prendre du temps et tout ne se joue pas qu’à notre échelle personnelle. L’important est d’abord d’en avoir conscience et d’entamer le processus. Chaque pas est un petit pas certes, mais beaucoup de petits finissent par en créer un grand.