« Puis-je imposer des limites au style vestimentaire de ma fille adolescente ? »

L’adolescence est certainement la période la plus redoutée des parents. Fini le temps des petits nœuds dans les cheveux et des looks candides au summum de la mignonnerie. Bonjour crops top, jeans moulants, décolletés et autres réjouissances en tissu.

Cette mode dite « affirmée » est largement décriée par l’école qui y voit une sorte de dépravation. Mais qu’en est-il des parents ? Peut-on encore avoir la mainmise sur le style vestimentaire de notre fille adolescente ? On vous éclaire.

Pourquoi cette hostilité envers le style vestimentaire des filles adolescentes ?

Mais où est ce temps des barrettes à froufrous, des salopettes grimées d’oursons et des chaussures à scratch ? C’est la question que de nombreux parents se posent sur fond de « je ne l’ai pas vu grandir”. À l’adolescence, le style innocent dicté par les parents s’affranchit d’une certaine liberté. Cette métamorphose qui se joue dans le dressing peut déstabiliser puisqu’elle marque une rupture avec l’enfance.

Chaque jour, les parents assistent à un défilé tantôt bimbo, tantôt pop, sans vraiment savoir s’ils doivent approuver ou s’exaspérer. Il faut dire qu’entre les tenues d’ados des années 2000 et aujourd’hui, il y a un énorme fossé. Il suffit de regarder nos vieilles photos de classe du collège pour comprendre. 20 ans en arrière, la tonalité était au « grand n’importe quoi », en 2022, la tendance est à la mode décomplexée.

Quid de la « tenue correcte exigée » à l’école ?

Crop top, mom jeans, Converse montante… voilà le nouveau cri de ralliement des filles adolescentes. Impossible de passer à côté de cette affirmation par le tissu puisqu’elle a provoqué un tollé dans le milieu scolaire. En septembre 2021, le ministère de l’Éducation nationale imposait une « tenue correcte exigée » à l’école en vue d’éradiquer les looks des filles jugés trop « sexy ». Visiblement, les vêtements « pour fille » dérangent plus que ceux des garçons.

Shorts, mini-jupes, sous-vêtements apparents… ce règlement complique la tâche des parents qui doivent alors s’improviser fashion police. Comment ouvrir le dialogue sur le sujet sans donner lieu à un énième claquage de porte, suivi d’un « je te déteste » ? La réponse se situe principalement dans les mots employés. 

En tant que parents, quelle position adopter ?

Entre 10 et 14 ans, l’ado est en plein voyage identitaire, à la recherche d’un style en osmose avec sa personnalité. Cette étape est d’autant plus importante à l’orée du collège puisqu’elle permet de glaner l’approbation des autres. Exit donc les pulls à pois « ringards » ou les baskets « bas prix », les ados cherchent à briller au collectif.

Problèmes : ils dépendent encore du porte-monnaie de papa-maman. Alors difficile de se transformer en mini Britney ou de s’improviser sosie d’Ariana Grande comme bon leur semble. Cependant, lors des sessions shopping, évitez le « non catégorique », faites plutôt de la prévention « bienveillante ».

En adoptant une position trop stricte à l’égard du style vestimentaire de votre fille adolescente, vous risquez de la braquer et de créer des frustrations. La seule chose que vous obtiendrez en choisissant cette option c’est : une fille révoltée jusqu’au cou qui s’enferme à double tour dans sa chambre. User de son rôle d’autorité est ici totalement contre-productif. À l’inverse, si vous ouvrez la brèche en jouant la carte de l’empathie, votre fille se sentira plus en confiance. Le but est d’accompagner, pas de devenir un dictateur du style. 

3 tips pour parler vêtement avec son ado, dans le calme

Selon une enquête Portraits d’adolescents de 2015 menée par l’INSERM et le pôle universitaire de la Fondation Vallée, 88,3 % des adolescents déclarent l’existence de conflits dans leur famille. Certes à l’adolescence, l’ambiance à la maison est souvent électrique, mais elle ne devrait pas mettre un stop net aux conversations. Pour donner votre avis sur le style vestimentaire de votre fille adolescente sans tomber dans le jugement de l’extrême, voici quelques conseils pratiques.

1 – Évitez les remarques négatives

« Tu ne vas pas sortir comme ça quand même ?”, « la mode de nos jours, c’est vraiment inquiétant”, « moins il y a de tissus, plus c’est tendance, c’est ça ?”… voilà un florilège de phrases à ranger aux oubliettes si vous ne voulez pas vous retrouver avec une adolescente remontée comme un coucou.

Ces commentaires ne sont pas seulement vécus comme une atteinte contre ses habits mais contre sa propre personne. Cherchez à comprendre le style vestimentaire de votre fille adolescente sans lui faire porter le chapeau.

2 – Appuyez-vous sur des supports « attractifs »

En 2000, c’était les clips vidéos à la Spice Girl qui donnaient le LA aux nouvelles tendances, désormais ce sont les réseaux sociaux. Les influenceuses mode sont incontestablement devenues les reines de la fashion-sphère et les ados prennent plaisir à les copier. Prouvez à votre enfant que vous n’êtes pas has been. Dénichez des looks, partagez-les avec votre enfant pour « prendre la température ».

Autre moment propice à l’échange : les séries, et plus particulièrement les Teens série qui abritent un nombre incalculable de références mode. Sinon, à la vieille école, vous pouvez dégainer les magazines de mode et le feuilleter avec votre fille.

3 – Faites appel à un.e conseiller.ère en images

Vous êtes en froid avec votre adolescente ? Vous ne savez pas comment vous y prendre pour parler de style vestimentaire à votre fille adolescente ? Sortez le joker de la tierce personne experte, soit le.a conseiller.ère en images.

Adieu les crises de nerfs dans les cabines d’essayage. Le.a conseiller.ère en image offre un regard extérieur, purement professionnel et donc neutre par la même occasion. C’est une façon de faire prendre conscience à votre adolescente de ce qui lui correspond ou non.

Vous l’avez compris, l’objectif n’est pas de créer une guerre du vêtement « adéquat » mais plutôt de prêter une oreille attentive aux attentes et aux « messages cachés » du style vestimentaire de votre fille adolescente. La tenue n’a d’ailleurs aucun lien avec les actes malveillants. Selon une étude britannique, 35 % des jeunes filles britanniques ont déjà vécu une situation de harcèlement sexuel en public, alors qu’elles portaient leur uniforme scolaire.

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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