Régulièrement pointée pour son manque de diversité corporelle, Victoria’s Secret tente doucement de combler ses lacunes et de rattraper ses erreurs du passé. La marque de lingerie, connue pour ses anges aux jambes longilignes et au corps fuselé, vole désormais vers des horizons plus inclusifs. Plus question de faire le culte de la maigreur et de hisser les silhouettes fines en divinité. Victoria’s Secret revoit ses coutures pour s’adapter à toutes les femmes. C’est en tout cas le message qu’elle délivre à travers sa dernière collection adressée aux femmes en situation de handicap. Ces pièces mode à la fois glamours et innovantes prouvent que la sensualité est à la portée de tous les corps. Voici donc les dessous de la collection inclusive de Victoria’s Secret, qui rafraîchit les valeurs de la griffe américaine.
Une gamme dédiée aux femmes en situation de handicap
À son évocation, la marque Victoria’s Secret renvoie l’image de top modèles au physique svelte et aux ailes démesurées. Pendant longtemps, elle s’est illustrée à travers sa représentation restreinte des courbes féminines. Elle s’est attelée à auréoler les silhouettes filiformes, au détriment des autres apparences. Régulièrement accusée de glorifier l’extrême minceur, la marque de lingerie entame enfin sa repentance et suggère une approche plus juste des corps féminins. Un revirement positif concrétisé sous une collection symbolique nommée « Pink Adaptative ».
Cette gamme, aperçue en septembre dernier sur le podium de la Fashion Week de New York, fait l’éloge des femmes en situation de handicap. Ces créations, visuellement attractives, répondent à de vrais besoins. Alors que Victoria’s Secret a constamment misé sur le paraître, cette fois-ci, elle pense sa lingerie plus intelligemment. Au-delà de leur design accrocheur, ces parures sont pourvues d’attaches fonctionnelles, faciles à manipuler et compatibles avec des problèmes de mobilité.
Les soutiens-gorges arborent une fermeture sur le devant, qui remplace les agrafes traditionnelles, peu accessibles aux personnes en fauteuil. À noter que les bretelles s’ajustent aussi côté buste pour une prise en main plus commode. Les culottes, elles, possèdent des fermoirs latéraux aimantés pour un enfilage à la hauteur du bassin. Un ajout nécessaire dans le cas où les jambes sont entièrement ou partiellement paralysées. Ces modèles sont également taillés dans un tissu délicat qui coïncide avec une possible sensibilité sensorielle, caractéristique de l’autisme.
Cette collection inclusive signée Victoria’s Secret révèle un tout autre visage de la célèbre maison de lingerie. D’ailleurs pour mettre en lumière ces pièces salutaires, la marque a troqué ses mannequins « surréalistes » aux allures de nymphe contre d’autres déesses : des femmes chevauchées de cicatrices, amputées ou assises sur leur fauteuil.
Voir la collection Pink Adaptative
Une collection inclusive qui souligne les « efforts » de Victoria’s Secret
Cette collection inclusive Victoria’s Secret est un nouveau pas en avant. Avec cet assortiment de lingeries qui fait sens, la marque souhaite se libérer de ses vieux démons et réactualiser son identité. Il faut dire qu’elle traîne de sacrées casseroles. Entre les propos transphobes de son chef marketing, les corrélations avec l’affaire Jeffrey Epstein et ses anges à l’opposé polaire des revendications féministes actuelles, la marque était en très mauvaise posture. Pour redorer sa réputation et regagner en crédibilité, Victoria’s Secret s’est donc embarquée dans une refonte intégrale de son ADN.
Au lieu de faire la louange des corps « impeccables » et de couronner des physiques inatteignables, la griffe sollicite des figures féminines plus parlantes. C’est seulement à compter de 2019 que la marque s’émancipe des standards, notamment en accueillant sa première mannequin plus size. Une petite révolution qui a acté le début d’une longue saga de changements.
Pour oxygéner davantage ses valeurs et rattraper ses innombrables ratés, la marque se diversifie tant sur le fond que sur la forme. En 2021, elle s’associe à des personnalités distinctives comme le top australo-soudanais Adut Akech ou la footballeuse et militante Megan Rapinoe. Plus tard, elle hisse Sofía Jirau, mannequin porteuse de trisomie 21, en tête d’affiche de sa collection « The Love Cloud ». Cette collection inclusive est donc une énième étape dans la renaissance Victoria’s Secret.
Sincère engagement ou façon de se racheter ?
La marque, qui s’est brûlée les ailes en cours de route, se reconstruit à grand renfort de marketing et de communication. Si auparavant, le nom « Victoria’s Secret » était surtout assimilé à des scandales ou des sujets polémiques, aujourd’hui il se superpose à des titres plus nobles. Mais la griffe est-elle vraiment tournée vers l’avenir ou se donne-t-elle un genre uniquement dans le but de redorer son blason et de gonfler son capital ? Difficile de vérifier l’honnêteté derrière cette métamorphose.
Cependant, cette transition soudaine vers une mode plurielle et sans frontières laisse planer le doute de la supercherie. Ce désir de faire peau neuve et de s’inscrire dans l’ère du temps semble plus relever d’une nécessité économique que d’un intérêt palpable. Il survient en réponse à un backlash ambiant et une dégringolade financière avérée. De nombreux internautes supposent également que la marque surfe sur le mouvement « body positive », mais qu’un come-back du « héroïne chic » ne tarderait pas à la faire rechuter dans ses anciens vices.
Comme de nombreuses autres griffes dans l’impasse, Victoria’s Secret se nourrit des mœurs actuelles avec une idée de rendement derrière la tête. La collection inclusive Victoria’s Secret est peut-être le fruit d’une hypocrisie, mais en attendant, elle fait bouger les lignes. L’initiative mérite donc d’être saluée !