Le monde de la mode britannique perd l’un de ses artisans les plus discrets et pourtant essentiels. David Sassoon, styliste iconique et cofondateur de la maison Bellville Sassoon, s’est éteint le 10 avril 2025 à l’âge de 92 ans. Il laisse derrière lui un héritage riche de plus de 70 créations portées par Lady Diana, qui ont participé à forger l’image de la princesse comme icône de style. Retour sur la carrière d’un homme de l’ombre, aussi élégant que ses robes.
Un créateur discret au cœur de la royauté
Né à Londres le 5 octobre 1932 dans une famille juive sépharade d’origine irakienne, David Sassoon entre très jeune dans l’univers de la haute couture. C’est au sein de la maison Bellville, fondée par Belinda Bellville en 1953, qu’il trouve sa place. À partir de 1958, il en devient le directeur artistique et cofondateur de ce qui deviendra la célèbre griffe Bellville Sassoon.
Dès les années 1960, le duo habille la haute société britannique. Leur première incursion dans la sphère royale remonte à une commande pour la princesse Anne, alors âgée de 10 ans, à l’occasion du mariage de Lady Pamela Mountbatten. C’est le début d’une collaboration féconde avec la famille royale britannique, qui s’étendra sur plusieurs décennies.
L’homme derrière les looks iconiques de Lady Diana
C’est bien la relation unique entre David Sassoon et Lady Diana qui marquera le grand public. Il crée pour elle plus de 70 tenues, contribuant à forger l’image d’une princesse de contes de fées moderne, au style audacieux mais toujours respectueux du protocole. Parmi ses créations les plus marquantes figure le tailleur couleur « cantaloup » que Diana porte en quittant la cathédrale Saint-Paul après son mariage avec le prince Charles, le 29 juillet 1981.
Autre pièce emblématique : la robe de bal en mousseline bleu, portée par la princesse lors d’un gala au Victoria & Albert Museum en 1981, et dans laquelle elle s’est assoupie – anecdote devenue célèbre. À travers ces pièces, Sassoon capture l’esprit des années 1980, entre maximalisme et fraîcheur, tout en adaptant les codes royaux à une époque en mutation.
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Il surnommait affectueusement Diana « Miss Buckingham » pour préserver sa discrétion, et se souvenait avec humour d’un moment où, entrant un peu trop rapidement dans le salon de Kensington Palace, il avait accidentellement renversé le jeune prince William. « Oh mon Dieu, j’ai tué le futur roi d’Angleterre », plaisantait-il des années plus tard dans une interview accordée à WWD.
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Une élégance à l’ancienne
David Sassoon incarne une époque révolue, où les couturiers restaient en retrait, laissant toute la lumière à leurs clientes. Comme le rappelle la journaliste Bethan Holt, il était « essentiel dans la construction de l’image de Diana », réussissant à allier tradition et modernité dans chacune de ses créations.
Outre Diana, il a habillé d’autres figures royales comme la princesse Margaret, Sarah Ferguson, Camilla Shand (future reine Camilla) et bien sûr la princesse Anne, fidèle à ses créations jusqu’en 2008.
Son talent ne s’arrêtait pas aux palais royaux : Jean Shrimpton, Penelope Tree, Marisa Berenson ou encore Blaine Trump ont aussi porté ses créations. Ses robes de cocktail, de soirée et de mariée ont fait de la maison Bellville Sassoon un incontournable du chic britannique pendant plus de 50 ans.
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Un héritage qui perdure
Après le départ de Belinda Bellville dans les années 1980, David Sassoon continue de diriger la maison avec le designer Lorcan Mullany. Ensemble, ils lancent la ligne Bellville Sassoon Lorcan Mullany, spécialisée dans les tenues sur mesure. En 2009, David Sassoon coécrit « The Glamour of Bellville Sassoon », ouvrage dans lequel il retrace avec humour sa carrière et les coulisses d’un demi-siècle d’élégance.
Sa disparition intervient quelques mois avant une vente aux enchères exceptionnelle prévue pour juin 2025, où plusieurs pièces de la garde-robe de Lady Diana, dont une robe florale signée David Sassoon, seront mises en vente. Une ultime occasion de célébrer l’œuvre d’un homme qui, dans l’ombre, a participé à forger l’esthétique de toute une époque.
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David Sassoon n’était pas une star médiatique, mais il a habillé des reines. Sa signature n’était pas bruyante, mais son style a marqué l’histoire de la mode britannique. En tirant sa révérence, il rappelle que derrière chaque silhouette royale se cache un talent, souvent invisible, mais toujours indispensable.