C’est une confession inattendue que Robbie Williams a faite dans une récente interview : l’ex-membre de « Take That », aujourd’hui âgé de 51 ans, a révélé avoir été victime… du scorbut. Cette même maladie que l’on associe aux marins du XVIIIe siècle et aux récits d’aventures en haute mer. Pourtant, c’est bien dans sa vie contemporaine, au cœur de son quotidien soumis à la pression de l’image et aux régimes extrêmes, que cette pathologie oubliée a refait surface.
Une perte de poids spectaculaire, un trouble sous-jacent
Au cours de l’année écoulée, Robbie Williams a perdu près de 25 kilos. Une transformation impressionnante, qui ne tient pas du hasard. Le chanteur a confié souffrir de dysmorphophobie, un trouble de la perception corporelle qui pousse une personne à avoir une vision déformée de son apparence. « Je regarde dans le miroir et je vois quelqu’un d’obèse, même si ce n’est pas le cas », a-t-il expliqué.
Dans sa quête de contrôle, il a eu recours à l’Ozempic, un médicament prescrit à l’origine aux personnes atteintes de diabète de type 2, mais largement détourné ces dernières années pour favoriser une perte de poids rapide. Ce recours, couplé à une alimentation devenue très déséquilibrée, a entraîné une carence sévère en vitamine C. Le diagnostic est tombé : scorbut.
Le scorbut, une maladie qu’on pensait disparue
Le scorbut évoque immédiatement les grandes traversées maritimes, les cales vides de fruits frais et les récits de pirates édentés. Pourtant, il n’a jamais totalement disparu. Cette maladie résulte d’un manque prolongé de vitamine C, un nutriment que l’organisme humain est incapable de produire seul.
Les symptômes sont aujourd’hui bien connus : fatigue intense, douleurs musculaires, gencives qui saignent, apparition d’hématomes inexpliqués, chute des dents… Et dans les cas les plus graves, cela peut conduire au décès. S’il reste rare, le scorbut est encore observé dans des hôpitaux en France, selon le Dr Nathalie Tieulié, interniste au CHU de Nice. Elle rappelle que « ce sont des patients en dénutrition sévère, des personnes âgées ou atteintes de troubles du comportement alimentaire ».
Quand la société moderne rejoue les erreurs du passé
Le cas de Robbie Williams met en lumière une contradiction bien actuelle : dans un monde où fruits et légumes sont largement disponibles, le scorbut devrait n’être qu’un souvenir. Et pourtant, il refait surface, porté par des modes de vie où l’apparence prend parfois le pas sur les besoins fondamentaux du corps.
Régimes drastiques, troubles alimentaires, exclusion sociale, précarité… autant de facteurs qui peuvent éloigner durablement des aliments sources de vitamine C. Le Dr Tieulié rappelle qu’un simple kiwi ou une petite portion de crudités quotidienne suffit à prévenir le scorbut. Encore faut-il en consommer, et surtout en avoir conscience.
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Une alerte sur les dérives autour de l’image
Le cas de Robbie Williams dépasse le simple « fait divers ». Il soulève une question de fond sur le rapport au corps et à la minceur dans nos sociétés. Si l’Ozempic n’est pas directement mis en cause dans son cas, les spécialistes s’accordent à dire que ce n’est pas le médicament qui crée la carence, mais l’usage qu’on en fait. En favorisant des pertes de poids rapides sans rééquilibrage alimentaire, ces traitements peuvent conduire à des déséquilibres graves.
Fatigue inexpliquée, petits saignements, bleus sans raison : autant de signaux souvent ignorés qui devraient pourtant alerter. Dans un monde où l’on cherche souvent des solutions express à des maux complexes, le scorbut devient un symbole fort des limites de l’obsession corporelle.
La déclaration de Robbie Williams a surpris, mais elle met en lumière une réalité préoccupante : certaines maladies du passé peuvent réapparaître dans nos sociétés modernes, non pas par manque de ressources, mais par déséquilibres invisibles, souvent ignorés ou minimisés.