À l’heure où notre société se bagarre toujours en faveur de ses idéaux de minceur, une artiste américaine engagée, Carrie Metz Caporusso, a récemment provoqué un véritable buzz sur la toile. La tatoueuse a décidé de mettre en valeur ce que beaucoup de personnes grosses cherchent désespérément à cacher : leurs bourrelets dans le dos. Avec son art, elle sublime cette partie du corps qui complexe pourtant tant d’hommes et de femmes. À l’heure actuelle, son compte Instagram rassemble plus de 17 000 fans. On vous la présente.
« Je n’ai jamais vu personne proposer quoi que ce soit en particulier pour les corps gros »
Secoué par des révélations sur le sexisme, ou encore le peu de considération de certain.e.s tatoueur.euse.s, le monde du tatouage n’avait pas forcément très bonne presse. Avec ces tatouages que l’on pourrait qualifier de body positifs, Carrie Metz Caporusso renverse la vapeur. Elle incite les personnes à revenir en salon de tatouage. À célébrer, glorifier et mettre en valeur leur corps tel qu’il est. Elle raconte à Allure.com :
« Je fais du tatouage professionnel depuis huit ans. Et, depuis tout ce temps, j’ai remarqué que les dessins de tatouages faits pour ornementer le corps de quelqu’un étaient toujours pour les types de corps minces ou musclés. Je n’ai jamais vu personne proposer quoi que ce soit en particulier pour les corps gros. »
C’est ainsi qu’elle a eu l’idée de développer les tatouages « roll flower » ou « rouleaux de fleurs » en français :
« Je pense que se faire tatouer quelque chose de beau sur vous peut véritablement vous aider à vous sentir en contrôle de votre corps. J’espère qu’un jour ce type de tatouage sera aussi bénin que de se faire tatouer la cheville. Et qu’être gros peut être considéré comme une chose neutre, ni bonne, ni mauvaise. »
Tatouer ses bourrelets dans le dos : un acte militant ?
Pour l’artiste, le succès de ces tatouages met en évidence un problème historiquement ancré dans notre société :
« Ils mettent en évidence quelque chose dont la société a dit que nous devrions avoir honte. Je suis ici pour contester l’idée de « et si ils perdaient du poids ? ». Je veux que les personnes grosses ne soient pas considérées comme quelque chose qui doit être changé ou corrigé. Aussi, je veux que les personnes grosses n’aient pas à être constamment dans un désir de perte de poids pour être considérées comme dignes. Je veux que les personnes grosses ne se sentent pas en situation d’échec. Je veux que les personnes grosses considèrent leur corps comme rien de plus ou de moins. »
Lorsqu’un.e client.e rond.e lui demande un tatouage « roll flower », il est conçu sur mesure, en fonction du corps de la personne. Plus « engagé » encore, Carrie Metz Caporusso ne souhaite tatouer que des personnes qui ont des bourrelets dans le dos visibles lorsqu’elles sont en position assises.
Afin que les client.es se sentent toujours à l’aise durant le processus, elle demande le consentement à chaque étape. Et communique énormément sur les actions qu’elle exécute :
« Le.a client.e doit se sentir maître.sse de ce qu’il se passe avec son corps. »
Le tout pour un résultat magnifique, engagé et qui aide les personnes grosses à (re)découvrir leur corps, afin de prendre enfin conscience que lui aussi mérite d’être sublimé. Et que les tatouages ne sont pas réservés qu’à certaines morphologies. Oui, les artistes tatoueur.euse.s peuvent être inspiré.e.s par les spécificités du corps gros. Et il n’y a rien de mal à cela, bien au contraire.