Dans la plupart des foyers, elle trône en maître au cœur de la salle de bain et instaure un souffle de culpabilité sur la silhouette. À chaque fois que nous posons le pied dessus, elle semble nous accuser d’avoir trop abusé sur les cornets de glace et les cocktails de saison. Évidemment, la redoutable balance fait de sacrés dégâts sur l’estime de soi. Elle nous enferme dans un chiffre, comme de vulgaires fruits et légumes de supermarché. Combien de fois avez-vous envisagé de jeter votre balance par la fenêtre ou de la briser avec un marteau ? Pour vous détacher de cet appareil maudit et stopper cette guerre du corps qui se joue au gramme près, voici 6 bonnes raisons de ne pas avoir de balance chez vous.
Elle est loin d’être toujours fiable
Monter sur la balance est un rituel solidement ancré dans les habitudes. Chaque matin, vous vous délestez de vos vêtements pour vous adonner à ce petit geste, pas si anodin. Vous allez même jusqu’à ôter votre bague et votre pince crabe pour vous alléger au maximum et vous donner cette fameuse « marge de manœuvre ». Cependant, la balance peut se la jouer capricieuse et se montrer indécise. Vous le remarquerez tout bêtement, en la changeant de place.
Petit exemple : si votre balance est posée sur un sol plat et dur, elle n’affichera pas le même résultat que lorsqu’elle gît sur un carrelage ou sur le tapis de bain. La différence peut d’ailleurs aller jusqu’à 3 kilos. Inutile donc de lui donner un coup de pied ou de la secouer comme un prunier, ni de remettre en cause votre repas de la veille. Les balances restent des machines et ne sont pas vraiment dignes de confiance. Il suffit que les piles arrivent à leur terme pour qu’elles mentent davantage.
C’est une porte ouverte sur les privations
Ce n’est pas un scoop, la balance est anxiogène. Elle vous fait regretter d’avoir succombé à ce burger bien dodu ou à ce plaisir givré en terrasse. Elle vous force à épier vos moindres coups de fourchette et déclenche une vigilance alimentaire très problématique. Vous finissez alors par bouder le plaisir des repas réconfortants pour voir du changement sur la balance. Dès que vous avez fait un petit écart ou que vous avez répondu à l’appel de la gourmandise, vous allez directement vous peser avec une curiosité malsaine en toile de fond.
À l’inverse, lorsque vous remarquez que le chiffre a légèrement chuté suite à vos restrictions, vous continuez avec encore plus de fermeté. Un cercle vicieux qui peut rapidement vous faire sombrer dans la spirale infernale des troubles alimentaires. Le chiffre affiché sur la balance n’est alors jamais à la hauteur de vos attentes et vous limite de plus en plus dans vos menus quotidiens.
Ce n’est pas elle qui vous définit
De nombreuses personnes pensent que le chiffre de la balance s’érige en caractère gras sur leur front comme une tare bien lisible. L’obsession pour le poids corporel peut souvent conduire à une perception erronée de soi. Pourtant, le poids revendiqué par la balance n’a aucune signification en société. Il ne figure même pas sur vos papiers d’identité. C’est une valeur nulle (dans tous les sens du terme).
Ces chiffres qui semblent vous crier de faire un régime ou de transpirer plus souvent à la salle, ne changent rien à ce que vous êtes aux yeux des autres. Ce n’est pas parce que vous avez pris quelques kilos pendant les vacances que vos proches vont vous renier. Si c’est le cas, c’est qu’il est temps de leur dire adieu. Mesurer votre valeur simplement en vous focalisant sur votre poids revient à dénigrer toutes les autres facettes qui font de vous un être « unique ». N’oubliez pas que votre sens de l’humour, votre sensibilité ou encore votre générosité ne se quantifient pas et pèsent pourtant lourd dans votre estime.
Elle pousse à l’obsession du poids
Si au départ la balance est plutôt un rituel quotidien, au même titre que le brossage de dents, elle se transforme rapidement en tyrannie de la minceur. Vous vous pesez alors de façon compulsive, du matin au soir. La balance devient une sorte de boulet au pied. Vous vous précipitez dessus après une séance de sport pour évaluer si « vos efforts ont payé » et vous y allez à reculons au retour d’un repas familial pantagruélique. C’est comme si vous vous étiez imposé.e une limite de poids à ne surtout pas franchir.
Vous devenez dépendant.e de la balance et ne pouvez vous retenir de grimper dessus. Et si elle daigne scander des grammes supplémentaires malgré vos 5 km de course à pied, vous en venezà vous blâmer. En prenant ces chiffres trop à coeur, vous nagez dans les frustrations et cultivez une impatience sournoise. Or, ce n’est pas en mangeant des haricots verts toute la journée que vous allez constater une amélioration immédiate sur la balance. En plaçant tous vos espoirs dans la balance, vous vivez dans un déni perpétuel.
Ce n’est pas un indicateur de santé
La balance est toujours avancée comme un « traducteur » de bonne santé. Cependant, une personne peut tout à fait avoir un « poids de forme » dans les clous et une analyse sanguine complètement décadente. C’est d’autant plus le cas si elle s’enfile des chips et des sodas à longueur de journée. Tout comme une personne en surpoids peut être métaboliquement saine. Le poids n’est pas une science exacte. Si vous avez des os lourds ou une forte masse musculaire, votre poids peut paraître excessif en chiffres, mais dérisoire dans le reflet de la glace.
Le poids est également susceptible de grimper si vos hormones travaillent ou si vous avez consommé beaucoup d’eau dans la journée. Même son de cloche si vous êtes constipé.e. À contrario, si vous avez perdu 2 kilos après une session de sport, c’est simplement qu’avec l’énergie dépensée, votre corps est déshydraté, ce qui l’allège naturellement. Quoi qu’il en soit, du moment que le bouton du jean n’a pas encore rendu l’âme, c’est que vous pouvez encore profiter (raisonnablement bien sûr).
Se peser tous les jours est nocif pour la santé mentale
En plus de vous assujettir, la balance fait voler votre bien-être en éclat. Tout votre optimisme se dérobe sous sa plateforme de verre. Au lieu de vous apporter la vitalité escomptée, elle vous enferme dans une souffrance silencieuse. À trop rechercher un idéal inatteignable, vous finissez par vous perdre en chemin. C’est encore plus visible chez les personnes qui se pèsent tous les jours. Elles deviennent d’éternelles insatisfaites et perdent le vrai goût de la vie.
Selon une étude menée dans le cadre du projet EAT, des chercheurs se sont penchés sur les répercussions de cette pesée addictive. Sans surprises, les conclusions sont alarmantes. Les femmes qui affirmaient avoir augmenté la fréquence à laquelle elles se pesaient durant ces 10 années présentaient davantage de symptômes dépressifs, une baisse de l’estime de soi ainsi qu’une dégradation du rapport à leur corps.
Intimidante et critique, la balance ne fait que hurler sur votre physique. Troquez donc plutôt cette fâcheuse manie contre une affirmation positive face au miroir ou un auto-compliment écrit en lettre capitale sur un post-it. Ainsi, vous rééquilibrez le curseur du self love.
