Même si les choses changent petit à petit, grâce notamment à la force du mouvement body positif, le jeunisme et le sexisme ont toujours la part belle dans notre société. C’est pour lutter contre l’invisibilisation des femmes de 50 ans et plus que Clélia a créé le projet « Belles Mômes ». Elle a photographié des femmes d’âge mûr et dénudées. De sublimes photos qui célèbrent les femmes après la ménopause !
Un projet pour changer notre regard sur l’âge
Il y a quelques années, Clélia embarque pour un covoiturage avec une gynécologue et une retraitée. Le sujet de la ménopause vient alors sur la table. La femme retraitée explique à quel point elle souffre de ne plus se sentir désirée depuis ce changement hormonal. Lorsque le trajet de covoiturage se termine, Clélia est bouleversée et se dit qu’elle n’a plus envie d’être une femme, comme elle l’explique au média Madmoizelle.com :
« Je n’ai pas envie de devoir avoir peur de vieillir. De devoir faire attention au moindre détail sur mon corps, qui ne sera de toute façon jamais assez bien. Je n’ai pas envie d’avoir l’impression d’être invisible parce que j’ai dépassé 50 ans alors que les hommes, eux, ont le droit de vieillir »
« C’est difficile de montrer des femmes mûres et nues »
Alors qu’elle se lance dans des études de psychologie, Clélia décide de tout stopper pour commencer un cursus dans la photographie documentaire. C’est à ce stade que l’idée lui vient de créer un projet autour de la vieillesse :
« Avec mes photos, j’avais envie de parler de féminisme, de la poitrine des femmes, de sexualité… (…) J’avais envie de montrer ces corps qui vieillissent, montrer celles qu’on ne veut plus regarder après leur ménopause. (…) Sauf que quand je l’ai annoncé à mes profs, les réactions ont été assez surprenantes : on a essayé de m’en dissuader. Pourtant, j’étais persuadée de l’importance du sujet ! Mais on me disait « Tu n’y arriveras pas. C’est trop compliqué de montrer des femmes mûres et nues. De toute façon, elles refuseront de se dénuder et de poser. » »
L’invisibilisation des femmes de plus de 50 ans
Et effectivement, lorsqu’elle commence à rechercher des candidatures, toutes les femmes d’âge mûr proches d’elle refusent. C’est lors d’un atelier de modèle vivant que Clélia rencontre la première femme de plus de 50 ans qui accepte de poser.
Pour chaque série de portrait, le processus est le même. Clélia se rend chez ce modèle qu’elle ne connaît pas. Toutes deux passent un grand moment à discuter avant que la jeune femme ne photographie son modèle. :
« En faisant des recherches sur Instagram, je suis aussi tombée sur des influenceuses silver, des mannequins de plus de 60 ans… Je les ai contactées, et c’est comme ça que j’ai rencontré ces femmes qui ont construit le projet Belles Mômes. (…) En les écoutant, j’ai retrouvé les mêmes éléments dans tous leurs discours. Le sentiment d’être devenues invisibles aux yeux du monde, de ne plus exister, et de ne plus servir à rien. Dans le cadre du travail, de leur vie affective, et de leur sexualité. »
Pour Clélia, ces conversations sont bouleversantes et empreintes d’une grande force. L’envie que les choses changent et que toutes les jeunes femmes d’aujourd’hui puissent vieillir paisiblement. Sans subir ce que nos aînées ont vécu ou vivent actuellement.
Belles Mômes : vieillir ce n’est pas moche
Il est grand temps de faire bouger les lignes et de briser les codes. Parce que, comme le souligne Clélia, « à force de ne jamais voir de femmes de 40 ans et plus dans les films, les séries ou représentées autour de soi, on oublie que la vieillesse existe et qu’elle nous arrivera à nous aussi« .
Ensemble, posons un autre regard sur la vieillesse. Car, au même titre que la sexualité ne prend pas sa retraite, le besoin d’exprimer sa féminité ne s’arrête pas à 50 ans :
« C’est pour ça que j’ai choisi la photographie comme mode d’expression, parce que c’est un bon moyen d’ouvrir les esprits sans avoir à passer par les mots. J’aimerais qu’en voyant ces photos, on puisse se poser des questions, et se dire « Peut-être que je me trompais et que la vieillesse n’est pas moche ». Il n’y a rien de moche dans la vieillesse ! Ce qui est moche, c’est de mettre les personnes âgées de notre société de côté, en se disant « Ils sont finis. » »
Un sentiment que nous ne pouvons que partager ! TOUS les corps sont beaux, chacun a son histoire. D’ailleurs, on vous parle aussi de cette femme de 80 ans qui continue la danse classique. Et de ce shooting lingerie qui met à l’honneur des femmes de 50 ans et plus.