Dans une société coréenne (très) marquée par des standards de beauté rigides et exclusifs, un collectif de mannequins bouscule les codes. Baptisé « Curvenus », ce groupe de femmes plus size milite pour « une représentation corporelle plus diverse dans les médias et la mode ». Grâce à la détermination de ses membres, le collectif gagne en visibilité et contribue à une évolution notable des mentalités.
Curvenus : un nom pour défier les normes
Fondé en Corée du Sud, « Curvenus » (contraction de « curvy » et « Venus ») est un collectif de mannequins grande taille qui s’est donné pour mission de « renverser les diktats esthétiques dominants ». Le groupe se compose de femmes qui, malgré les stéréotypes enracinés dans la société coréenne, revendiquent la légitimité de toutes les morphologies sur les podiums, dans les magazines et sur les réseaux sociaux.
Dans un pays où la minceur – parfois extrême – est souvent perçue comme la norme esthétique, notamment dans l’industrie de la K-pop ou du divertissement, la démarche du collectif est à la fois militante et profondément culturelle.
Ssunbiki : une pionnière en couverture de Maxim Korea
Parmi les membres phares du collectif, Ssunbiki s’est imposée comme une figure emblématique du mouvement. En août 2021, elle devient la première mannequin dite plus size à apparaître en Une de Maxim Korea, un magazine masculin coréen très populaire. Ce moment marque une rupture symbolique : jamais auparavant une femme portant une taille 66 (équivalent à un L coréen) n’avait été mise ainsi en avant dans un média de cette envergure.
Ce coup de projecteur intervient après la victoire de Ssunbiki au « Natural Size Model Contest », un concours organisé par Maxim Korea visant à célébrer les beautés en dehors des standards habituels. Elle y incarne une forme de liberté vis-à-vis des pressions esthétiques, et attire immédiatement l’attention du public comme des professionnels du secteur.
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Une remise en question des canons esthétiques sud-coréens
L’action du collectif « Curvenus » s’inscrit dans un mouvement plus large de remise en cause des normes de beauté très strictes en Corée du Sud. Ces normes valorisent des silhouettes très minces, une peau claire, un visage en forme de V, et des traits doux – des idéaux souvent renforcés par les industries du divertissement et de la cosmétique.
En revendiquant la pluralité des corps, « Curvenus » remet en question cette uniformité esthétique et milite pour que la beauté ne soit plus définie par des chiffres sur une balance ou une taille de vêtement.
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Un impact croissant sur les mentalités
Grâce à leur visibilité croissante, notamment via des campagnes photo, des collaborations avec des marques ou leur présence sur Instagram, les membres de « Curvenus » influencent une nouvelle génération de Coréennes. Le message est clair : on peut être belle, désirable, talentueuse et visible, quel que soit son tour de taille.
Bien que le chemin vers une véritable inclusion soit encore long en Corée, le travail du collectif commence à porter ses fruits. Il ouvre la voie à d’autres modèles alternatifs, et offre une représentation précieuse pour celles qui ne se reconnaissent pas dans les standards dominants.
« Curvenus » n’est pas qu’un simple collectif de mannequins. C’est un symbole de résistance culturelle dans un pays où l’apparence reste un critère central de réussite. Il incarne une volonté de changement qui dépasse la mode pour s’ancrer dans les débats sociaux contemporains. Un modèle inspirant d’acceptation de soi, de sororité, et de lutte pour une beauté inclusive.