Elle s’appelle Imene Boudj et est le premier mannequin paraplégique français en fauteuil roulant depuis déjà 7 ans. Après un premier article en mai 2019, The Body Optimist a décidé de la rencontrer à l’occasion d’une interview plus intime qui rappelle qu’à cœur vaillant, rien d’impossible. Portrait d’une femme paraplégique passionnée par la mode et que rien n’arrête.
« Je suis anti étiquette »
Maman d’une fillette de 11 ans, la Toulousaine apparaît resplendissante sur les photos postées sur son compte Instagram. Lorsqu’on lui demande ce qu’elle fait dans la vie, sa réponse a le mérite d’être claire :
« Je ne veux pas me confronter à ce système qui évalue les gens selon leur travail pour savoir si telle ou telle personne est respectable selon son niveau social. Ainsi, je considère que je ne suis pas mon travail, ni mon handicap. Je suis anti étiquette. «
À cette question, elle préfère donc répondre simplement :
« Je suis tout d’abord une femme ainsi qu’une mère qui s’occupe de son foyer et de sa fille. D’ailleurs, je m’efforce de lui inculquer ce que l’expérience de la vie m’a apporté. Je m’émerveille de ce monde en profitant de la vie, en voyageant et en faisant des rencontres qui me font grandir. Je peux dire que l’activité principale de ma vie est d’être moi-même et de faire tout ce que j’aime. »
Et l’on peut dire que la vie n’a pas toujours fait de cadeaux à Imene. Elle est en effet paraplégique depuis l’âge de 8 ans, suite à un accident de voiture.
Une femme paraplégique à la Fashion Week de Milan
Il y a quelques années, sa sœur lui conseille de faire un shooting photo pour le plaisir. Elle poste les photos sur Facebook, et les choses s’accélèrent. Une agence italienne la repère et lui propose de passer un casting pour la Fashion Week de Milan :
« Je n’ai finalement pas passé le casting car tout était écrit en italien. Finalement, le recruteur est revenu vers mois quelques mois plus tard afin de m’annoncer que j’étais prise pour défiler à la Fashion Week. J’étais si heureuse, je n’y croyais pas… »
Une expérience qu’elle n’a pas manqué d’immortaliser à travers de sublimes photographies prises sur le podium, lors de son défilé sur son fauteuil roulant. Un message d’acceptation magnifique :
« Je souhaite montrer que je suis une femme indépendante, forte et fière ! Et je ne veux pas qu’on me définisse par mon handicap, mais par le fait que je suis une femme. Je veux travailler pour de grandes marques et continuer de défiler pour les grands événements de la mode. «
Et on adorerait la voir défiler et poser pour les plus grands !
Interculturalité et beauté plurielle
Lorsqu’on lui demande si elle se sent représentée par cette fameuse industrie de la mode, la jeune maman dresse un bilan négatif néanmoins teinté d’espoir :
« Je ne me sens pas représentée du tout par l’industrie de la mode. Je ne m’identifie pas à toutes ces figures féminines. Pour moi, la mode devrait représenter l’interculturalité et la beauté plurielle. Heureusement, les gens évoluent petit à petit… J’aimerais vous dire que demain, je défilerais pour Chanel ou Jean Paul Gaultier. À ce moment-là, les choses auront vraiment changé. «
Un message que nous ne pouvons que valider et soutenir ! La mode est en train de s’ouvrir et doit impérativement devenir plus inclusive sous peine de voir son image durablement écornée. En témoigne la longue agonie médiatique de Victoria’s Secret…
Ce que nous voulons voir lors d’un défilé ? Une femme paraplégique qui côtoie une femme ronde, une autre mince, une autre touchée par le handicap… Et ainsi de suite. Pour reprendre les mots d’Imène : « là nous pourrons dire que les choses ont changé« .
On vous attend sur le forum, dans la rubrique Confiance en soi, pour en discuter. Si vous voulez voir plus de photos d’Imene Boudj, direction son book en ligne !