Excepté si vous vivez dans une caverne, il y a de fortes chances que vous ayez déjà entendu parler du « summer body ». Traduit de l’anglais, cette expression désigne « le corps d’été ». Autrement dit, celui que l’on est censé.e avoir pour être digne de s’afficher en bikini sur la plage durant la saison estivale.
Apparu dans une campagne de publicité datée des années 60, il semble enfin que cette aberration soit dépassée et que l’on boude le « summer body » au profit du « body positive ». On vous explique !
L’obsession du « summer body »
L’été dernier, nous vous donnions déjà 7 bonnes raisons de ne pas l’adopter. Et notre avis est loin d’avoir changé ! Mais pour les personnes qui ne sont pas au fait, une petite explication s’impose. Après quelques recherches effectuées sur Google, il semble que le terme « summer body » soit apparu pour la première fois en 1960, dans une campagne pour une chaîne de salons d’amaigrissement appelée « Slenderella International ». Elle disait : « une poitrine haute et ferme. Une taille fine et ferme. Des hanches fines et gracieuses, un corps de bikini ! ».
À l’époque, la campagne connaît un fort retentissement chez toutes les tranches d’âge, dans tous les milieux. Plus fort encore : destinée à la base aux femmes, elle finit même par toucher (complexer) les hommes. Pourquoi « complexer » ? Tout simplement, car le « summer body » n’est pas juste « un petit régime avant l’été ». Il est un objectif, un style de vie qui nous oblige à nous sculpter un corps musclé, travaillé, un ventre plat, des fesses fermes…
Et ceci, non pas dans le but de se plaire à soi-même. Mais plutôt de plaire à la société. Et gare aux personnes qui oseraient déroger à la règle. Elles ne seraient pas dignes de s’afficher en maillot de bain sur la plage durant l’été. Une saison où l’on est très attentif.ve à son apparence extérieure, car plus dénudé.e. Comme le rappelle Christophe Granger, historien cité par Widoobiz.com :
« Un corps de saison s’invente. Et, avec lui, une saison du corps. Une saison où il règne en maître. »
Diminution des recherches « perte de poids »
Si le fameux « summer body » régnait en maître incontesté jusqu’alors… Il semble que les choses évoluent de plus en plus vite depuis quelques étés. Le « summer body » ? On en a assez. Et on l’envoie valser au profit du « body positive » qui nous rappelle que pour être canon en maillot de bain, il suffit juste d’en enfiler un.
Et si vous avez du mal à nous croire, peut-être serez-vous ravi.e.s de prendre connaissance des derniers chiffres du rapport mondial de Pinterest sur la neutralité corporelle et les recherches sur la perte de poids. Rappelons qu’en juillet 2021, le réseau social a interdit les annonces comportant du contenu et des images sur la perte de poids. Ceci dans le but de rappeler que tout le monde a sa place sur la plage, qu’importe le chiffre sur la balance.
Comme pour faire un pied de nez au « summer body », la plateforme nous rapporte que les recherches contenant le mot « perte de poids » ont diminué de 20 % en mai 2022 par rapport à juillet 2021. Et les envies des utilisateur.rice.s semblent également avoir évolué. Pinterest note +65 % entre mi-avril et mi-mai 2022 autour des recherches « repas rapides et sains ». Une information très intéressante lorsqu’on sait que c’est la période où l’on prépare d’habitude le fameux « summer body ».
Et, comme pour enfoncer le clou, les recherches autour de la confiance en soi et du body positive ont aussi fortement augmenté :
- + 50 % de recherches pour « comment changer d’état d’esprit »
- + 32 % de recherches pour « comment prendre confiance en soi »
- mais aussi, + 36 % de recherches pour « s’aimer soi-même »
- et enfin, une multiplication par 5 des recherches pour « affirmations positives sur soi »
Le hashtag #FuckSummerBody devenu viral
Il a fallu des années pour en arriver là, et nous sommes fier.ère.s de dire que nous y avons participé activement en tant que magazine féminin inclusif. Désormais, le summer body est dépassé pour ne pas dire carrément marginalisé. On lui a même dédié un contre hashtag : #FuckSummerBody. Il est désormais très souvent accompagné du hashtag #HotGirlSummer qui pousse à vivre son été sans regret, sans concession, et avec un certain dédain face aux injonctions de minceur et de bronzage.
Une vague largement reprise sur les réseaux sociaux et par les têtes d’affiche du mouvement body positive. À l’image du mannequin international Ashley Graham, de la chanteuse Lizzo ou encore, de l’influenceuse TikTok Randi Bosin. Conséquences directes ? La publication de dizaines de photos de femmes de toutes morphologies, de toutes corpulences, en bikini ou en maillot sur la plage !
Et, il faut le reconnaître, la pandémie n’y est pas pour rien. Confinées, les femmes se sont rendu compte de tout le temps, l’énergie et l’argent qu’elles pouvaient mettre dans l’épilation, les vêtements, les soins du corps. Forcées au télétravail, elles ont constaté qu’elles étaient aussi efficaces en jogging qu’en tailleur-pantalon. Parce qu’on ne devrait jamais penser que sa valeur dépend de son apparence physique.
Oui, nous l’affirmons aujourd’hui, le règne incontesté du #SummerBody est désormais terminé. Bien sûr, il restera toujours quelques irréductibles. Mais il ne faut pas oublier que notre travail consistera encore et toujours à éduquer les jeunes générations à propos des ravages de ce hashtag nocif à la confiance en soi et à la construction mentale et physique d’une personne. Mon corps m’appartient et il est digne de profiter de l’été, quelle que soit sa forme !