Thigh gap : voici pourquoi il faut en finir avec cet idéal de beauté qui se niche entre les jambes

Le thigh gap s’ajoute à la longue liste des critères esthétiques établie par la société, derrière le ventre plat et la taille de guêpe. Il s’agit du creux qui sépare les cuisses en deux et crée une petite ouverture lorsque les jambes sont jointes. Cet écart, qui peut paraître assez « anodin » voire futile, est au cœur de plusieurs programmes de fitness. De nombreuses femmes sortent leur tapis de gym dans le seul but de faire fondre l’intérieur de leur cuisse et voir cet espace se creuser. Un effort vain puisque ce thigh gap dépend essentiellement de la morphologie. Vous avez beau faire la planche tous les jours et enchaîner les montées de genoux, vous ne parviendrez pas à sculpter cette ouverture. 

Le thigh gap, un écart entre les jambes qui suscite l’admiration

Si dans la Grèce Antique, les femmes rondes étaient érigées en muses, désormais ce sont celles qui ont les os apparents, les jambes longilignes et la silhouette affûtée qui culminent au sommet des normes de beauté. Le mouvement body positive semble avoir fait un simple passage éclair pour laisser de nouveau place au courant « heroin chic » qui refuse les bourrelets et les excès de chair. Il suffit de regarder les récents défilés de la Fashion Week pour s’apercevoir que la plupart des corps ne font pas de vague sous les vêtements.

Avec ce come-back très controversé des tailles étroites, les femmes cherchent à dissoudre leurs courbes et à se façonner une silhouette « dans l’air du temps ». Elles ne veulent plus seulement des jambes longilignes et des formes discrètes, mais dessinées. Elles ambitionnent aussi de se tailler un creux entre leur cuisse : le fameux thigh gap. Ce puits de lumière qui sépare les jambes en deux est la preuve ultime de minceur et de kilos en moins.

Le thigh gap, qui peut se traduire par « fossé entre les cuisses », est un énième détail physique « idéalisé ». Malgré les années, cette injonction ne faiblit pas et imbibe les mentalités dès le plus jeune âge. Or, obtenir ce sacro-saint espace entre les cuisses n’est pas donné à tout le monde. Le corps n’est pas un chewing-gum que l’on peut façonner à sa guise, en se basant sur un « modèle type ».

Le thigh gap, serrure charnelle qui déverrouille de nombreux complexes, est le mot clé préféré des coachs sportifs 2.0. Les vidéos « fitness » qui promettent cette issue entre les jambes se comptent d’ailleurs par centaines. Pourtant, malgré des régimes draconiens et des séances de sport en nage, rien n’y fait, les cuisses restent bouchées. Pas étonnant puisque le thigh gap est une vaste illusion.

Fin du mythe : le thigh gap est impossible à obtenir

Inutile de s’acharner sur le tapis de gym et de se contenter d’une feuille de salade le midi. Ce thigh gap, avancé comme un Graal de minceur, est plus une particularité physique qu’un élément corporel transformable. Il dépend surtout de prédispositions génétiques et de structures osseuses.

Selon les spécialistes, ce thigh gap serait essentiellement lié à la position du bassin et non pas à un style de vie « sain ». S’édifier cet intervalle entre les cuisses est donc infaisable tout comme il n’est pas possible de se charpenter une fossette au coin de la joue.

« Même les personnes généralement très minces peuvent ne pas avoir d’écart naturel entre les cuisses. Par exemple si elles ont des adducteurs placés plus haut et une autre forme d’os pelvien », explique le Dr Ross Perry dans les colonnes de Women’s Health

Une prof de fitness, Madalin Giorgetta, a également démenti ce mythe du thigh gap, vidéos à l’appui. Régulièrement accusée d’utiliser Photoshop pour donner un coup de pioche virtuel entre ses jambes, elle a tout de suite prouvé le contraire. Elle précisait que cet écart entre les cuisses, elle l’avait hérité « à sa naissance » et qu’il ne résultait en aucun cas d’un acharnement sportif. Si la fit-girl, elle, réfutait la théorie des images trafiquées, elle rappelait tout de même que certaines photos pouvaient donner l’impression d’un faux « thigh gap ». C’est le cas des filles qui posent le dos très cambré et le téléphone en contre-plongée.

Ce thigh gap, qui est au centre de tous les challenges, incite à des comportements drastiques dangereux. Tant et si bien que la plateforme Instagram a limité les accès aux contenus de ce type. À la suite de cette requête, un message de prévention s’affiche sur l’écran et une ligne d’écoute est proposée. Mais lorsque ce hashtag se révèle enfin, les publications font froid dans le dos. Les femmes en quête du thigh gap, en viennent à quantifier les centimètres qui séparent leurs cuisses à l’aide d’un mètre et à s’affamer.

Gare au legging leg qui remet le thigh gap au coeur des standards

Le thigh gap, qui fait culpabiliser d’avoir les cuisses qui se chevauchent, n’a pas encore fini de hanter les courbes. Récemment, cette tendance minceur toxique est revenue se glisser dans le paysage TikTok. Impulsée par le phénomène viral du « legging leg ». Des internautes ont décrété que seule une morphologie avait sa place entre les coutures de ce pantalon extensible et près du corps.

D’après leur raisonnement, les filles avec des jambes fines et un thigh gap seraient les uniques prétendantes de cet outfit décontracté. Le legging leg, qui signifie « avoir des jambes à leggings », est totalement vide de sens. D’ailleurs, ce précepte qui fait l’apologie du body shaming, n’a pas tardé à susciter l’indignation générale.

« Nous traitons un fichu écart entre les cuisses comme si c’était une tendance. Ce n’est pas une tendance. Les troubles alimentaires ne sont pas des fichues tendances », dénonce Shannon Cole, coach de danse sur TikTok

Le legging n’est pas élastique pour rien. S’il est ajustable, c’est pour flirter avec toutes les silhouettes, sans exception. Nul besoin d’avoir un thigh gap ou des gambettes à la Naomie Campbell pour se sentir « légitime » de l’enfiler. Ce « legging leg », qui banalise un peu plus le thigh gap, est à enterrer aux cimetières des idioties 2.0.

Ce thigh gap, qui en veut à vos cuisses, ne définit pas votre valeur. Ne pas avoir ce « ravin » entre les jambes n’est pas un défaut et encore moins une disgrâce. Petit rappel essentiel : chaque corps est unique. Rien ne sert de plagier les mannequins filiformes.

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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