Cette YouTubeuse beauté non voyante se maquille au toucher !

Elle décore ses yeux d’un coup de main assuré, pare ses lèvres de couleurs flatteuses et orne ses joues de blush rosé. Lucy Edwards réalise ses tutoriels beauté avec une difficulté supplémentaire : elle ne voit pas son reflet dans le miroir. Cette Youtubeuse anglaise à la chevelure acajou fait sa mise en beauté à l’aveugle, à la simple force du toucher. Elle a totalement perdu ce sens à l’âge de 17 ans. Mais bien loin de renoncer à la coquetterie, elle empoigne pinceau, eyeliner et sticks à lèvres pour exister. Elle donne des leçons de makeup aux personnes qui, comme elle, se maquillent non pas à l’œil mais au doigt. Cet état d’esprit résolument optimiste la mène d’ailleurs vers le succès. Elle est passée de l’espace intime de sa salle de bain à la lumière des podiums de la Fashion Week.

Une YouTubeuse beauté qui fait rimer handicap et fantaisie

Beaucoup pensent, à tort, que les personnes malvoyantes se fichent de leur apparence. Ou pire, qu’elles n’ont plus grand intérêt à se pomponner. Lucy Edwards, elle, joue volontiers des prolongations dans sa salle de bain. Elle ourle ses yeux d’eye-liner avec plus d’habileté que quiconque possède la vue et fait son teint en tâtant simplement les accessoires. Loin d’être hésitante, ses gestes sont sûrs, précis et nets. Pour elle, le maquillage n’est pas un loisir secondaire ou une activité superficielle, c’est tout un art.

Lucy Edwards n’est pas née avec son handicap, elle a dû l’apprivoiser en cours de route. Touchée par une maladie génétique rare appelée Incontinentia Pigmenti, la cécité a commencé à s’imposer à elle à 11 ans. Ce qui n’était qu’une simple tâche devant ses yeux a fini par se transformer en un brouillard permanent puis en obscurité totale. À 17 ans,  il ne lui reste que ses mains en guise de repère. Ce n’est pas une fin pour la jeune femme pétillante, c’est le commencement d’un nouveau chapitre, sur YouTube.

Ce n’est pas parce qu’elle vit dans une nuit noire constante qu’elle ne peut pas briller en société. En ouvrant sa chaîne, elle s’apprête face caméra et sublime le handicap à revers de pinceaux biseautés, de gloss brillants et de fards à paillettes. Le maquillage semble glisser tout seul sur sa peau. Avec sa bonne humeur communicative, elle s’adresse aux personnes, qui comme elle, doivent se maquiller au ressenti, en suivant les lignes de leur visage. Un exercice délicat que Lucy Edwards réalise avec une facilité déconcertante. Son approche inclusive lui fait gagner plus de 2,8 millions de followers sur les réseaux sociaux.

« Pour moi, me maquiller veut dire que je n’ai pas besoin de demander aux autres comment je suis. Parce que j’ai appliqué ma fondation comme je le veux et que je connais ma routine par coeur, je sais que tout est parfait sans avoir besoin de me voir dans un miroir », confie-t-elle à BuzzFeed

Une apparition très remarquée à la Fashion Week

Lucy Edwards, incarnation vivante du mot « résilience » et symbole de persévérance, est passée de son canapé étroit aux rangs prestigieux de la Fashion Week. Une transition presque inespérée pour la jeune fille qui a débuté dans son salon, avec des rideaux à grosses fleurs en toile de fond. En août 2024, la créatrice Sinéad O’Dwyer la choisit pour présenter sa collection baptisée « Everything Opens To Touch » (tout s’ouvre au toucher). Un nom qui fait sens et un parti-pris inclusif vraiment sincère.

Avec sa chevelure flamboyante, son teint de porcelaine et sa personnalité solaire, Lucy Edwards est la candidate « toute trouvée » pour ce défilé, porté uniquement par des personnes malvoyantes. Plongée dans un tailleur et une mini-jupe au style sportswear, elle envoûte le public de la Fashion Week de Copenhague avec un chien-guide pour rythmer ses pas. De YouTubeuse beauté confidentielle à mannequin convoitée, Lucy Edwards a peut-être perdu un sens mais elle a gagné la reconnaissance et l’admiration de ses pairs.

Ambassadrice de la première poupée Barbie aveugle

Aujourd’hui, Lucy Edwards alimente encore sa chaîne YouTube et s’attèle à diversifier son contenu. En parallèle, elle troque le pinceau contre le micro pour animer des émissions de la BBC. Une suite logique pour cette YouTubeuse éloquente, qui ne manque pas d’adjectifs, ni de mots pour expliquer ses mouvements de pinceau à un audimat qui n’a que l’ouïe à disposition.

Autodidacte du makeup et modèle d’inspiration, Lucy Edwards a été sollicitée pour concevoir une Barbie aveugle fidèle à la réalité. Un honneur pour la jeune femme de collaborer avec Mattel et de participer à la création de cette poupée, qui sert de modèle à de nombreuses générations d’enfant. Dans cette version, la Barbie arbore une canne dans une main et des lunettes fumées au-dessus de la tête. Son regard se dérobe mais pas son sourire.

Ce beaucoup considèrent comme un fardeau, Lucy Edwards, elle, en fait sa plus grande fierté. Face à ses vidéos, les internautes ne la plaignent pas, ils l’envient et la couvrent d’éloges.

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
Vous aimerez aussi

En Corée, un collectif de mannequins fait trembler les diktats

Dans une société coréenne (très) marquée par des standards de beauté rigides et exclusifs, un collectif de mannequins...

« Je suis ronde et j’aime les tenues moulantes » : ses looks inspirent

Hanches dites généreuses, taille marquée, cuisses affirmées, poitrine voluptueuse et chevelure aux délicieux reflets acajou : Maura Levanna...

« J’ai envie de porter du court » : à 50 ans, elle casse les codes

Elle a passé la cinquantaine, mais son dressing ne s’est pas rempli de pull en laine disgracieux, de...

4 tailles d’écart, mêmes tenues : ces deux amies prouvent que la mode n’a pas de limites !

Elles sont reliées par le fil de l’amitié mais aussi par le tissu. Elles fusionnent régulièrement leur garde-robe...

De complexée à mannequin taille 44 : l’histoire bluffante de Johanna

Johanna Dray incarne à la perfection le parcours inspirant d’une femme qui a su transformer ses complexes en...

Cette mannequin affiche fièrement sa pompe à insuline

Sur le catwalk ou sur le bitume, Lila Moss arbore un accessoire qui dénote. Point de piercing cloué...