Nombre d’entre nous se retrouvent souvent piégé.e.s dans le cycle répétitif des excuses constantes, où chaque phrase semble accompagner un « désolé ». La recherche montre d’ailleurs que les femmes s’excusent plus souvent que les hommes. C’est tout à fait naturel d’être désolé.e, mais seulement lorsque c’est nécessaire. Si dire « pardon » devient le ciment de vos phrases, cela laisse entrevoir un manque de confiance en vous et peut déséquilibrer vos relations. Comment arrêter de s’excuser en permanence ? Découvrez nos conseils pratiques.
Pourquoi est-ce que vous vous excusez sans arrêt ?
« Excuse-moi de te déranger, mais… », « Pardon, mais je pense que… », « Je suis désolé.e, mais cela ne me convient pas »… ces formules de politesse nous sont tellement familières qu’elles deviennent finalement des tics de langage. Souvent ancré dans des schémas de pensée complexes, le réflexe de s’excuser peut émaner de diverses sources, allant de la peur du rejet à une tendance naturelle à assumer la responsabilité même lorsque cela n’est pas nécessaire. D’après Maxime Coignard, pour le Huffpost, « l’enfant veut être parfait.e aux yeux de ses parents et se met donc, inconsciemment, en position d’infériorité en se justifiant et en s’excusant ». Et cette habitude peut perdurer à l’âge adulte.
Certaines personnes peuvent avoir développé cette habitude comme un mécanisme d’apaisement pour éviter les conflits, tandis que d’autres l’utilisent inconsciemment comme une forme de politesse excessive. Les excuses résolvent en effet des conflits, libèrent d’un poids et soulagent les tensions. Sauf que si l’on passe son temps à dire « pardon » pour des choses minimes, l’action perd alors toute son importance.
S’excuser à tout bout de champ est souvent le signe d’un manque de confiance en soi. Vous avez peur du regard des autres donc vous n’hésitez pas à vous excuser et à endosser leurs erreurs. Il se peut aussi que vous estimiez ne pas mériter ce qu’il vous arrive, vous vous excusez alors pour tout. Vous espérez secrètement que les autres ne voient pas vos faiblesses et vous apprécient quand même.
Pourquoi un excès est-il malsain ?
Un excès d’excuses peut être comparé à une pluie persistante qui finit par inonder le terrain fertile de la communication saine. Bien que s’excuser soit une composante cruciale de l’empathie et de la reconnaissance des erreurs, un usage excessif de cette expression peut affaiblir la force des mots et diluer leur authenticité.
Cela peut également influencer négativement la perception que les autres ont de nous. Lorsque vous vous excusez fréquemment, l’autre finira par comprendre que vous n’avez pas confiance en vous. Certain.e.s peuvent alors en profiter et vous mener à la baguette, comme on dit.
De plus, c’est un cercle vicieux pour votre propre personne. Plus vous vous excusez à tort et à travers, moins vous aurez en effet confiance en vous. Vous vous sentirez toujours inférieur.e aux autres. Et le complexe ne va faire qu’empirer.
Comment arrêter de s’excuser ?
Arrêter de s’excuser en permanence nécessite une prise de conscience et un engagement envers soi-même. Le fait de limiter les excuses ne signifie pas qu’il faut les bannir. Il faut trouver le juste milieu. Pour cela :
Faites un travail d’introspection
Plonger au plus profond de soi-même permet de découvrir les racines de cette habitude et les motifs sous-jacents qui la perpétuent. L’introspection invite à se poser des questions clés : Pourquoi ressentez-vous le besoin constant de vous excuser ? Est-ce lié à une quête perpétuelle d’approbation ou à la crainte du jugement ? En explorant ces pensées et émotions, vous pouvez mieux comprendre votre comportement et travailler vers un changement positif.
Prenez aussi un temps pour vous demander comment les autres vous perçoivent à chaque fois que vous vous excusez. Vos excuses excessives peuvent en effet impacter vos relations. Trouvez un moyen mémo-technique quand une excuse vous brûle les lèvres. Ainsi vous éviterez de la prononcer réellement.
Essayez la « sorry detox »
Cette démarche invite à évaluer la légitimité de chaque excuse et à identifier les moments où une simple affirmation de soi pourrait être plus appropriée. Il faudrait, selon la science, minimum 21 jours pour se débarrasser d’une addiction. L’idée : la première semaine, vous ne pouvez plus du tout vous excuser. Vous avez seulement le droit à deux jokers. La deuxième semaine, faites le point pour connaître l’origine psychologique de cet automatisme et dans quelle situation il intervient.
Enfin, la troisième semaine, concentrez-vous sur des petites astuces pour éviter de replonger. En adoptant cette stratégie, on se donne l’occasion de remettre en question les habitudes de communication automatiques et de rééduquer son langage verbal.
Déterminez quelles situations méritent vraiment une excuse
L’excuse devrait idéalement refléter une reconnaissance sincère des torts causés ou des erreurs commises, plutôt qu’une réponse automatique à chaque interaction. Prenez donc le temps de réfléchir sur les circonstances où une excuse est légitime. Ne vous excusez pas de poser des questions par exemple, de vous asseoir, d’avoir fait tomber quelque chose, de demander de l’aide, de donner votre opinion ou même d’exister tout simplement.
Par contre, vous pouvez demander « pardon » lorsque vous avez fait mal à quelqu’un, quand vous regrettez un comportement ou quand vous vous trompez. Ainsi, déterminer judicieusement quelles situations exigent réellement des excuses constitue une étape cruciale dans la quête pour arrêter de s’excuser de manière excessive.
Privilégiez le positif
Plutôt que de focaliser sur ce qui pourrait ne pas être parfait, privilégiez les aspects positifs de vos interactions et de vos actions. Choisissez de vous exprimer avec confiance, de reconnaître vos accomplissements plutôt que de vous excuser pour eux, et de célébrer les réussites plutôt que de vous concentrer sur les erreurs éventuelles.
Utilisez aussi le remerciement, la gratitude. Cela valorise la personne en face qui se met en position active. « Merci » permet de limiter les excuses et donc de les employer à bon escient. Par exemple, lors d’un retard : « je vous prie de m’excuser et je vous remercie de m’avoir attendu ». Attention, le « merci » n’a pas toujours sa place…
Adaptez vos excuses en fonction du préjudice
Reconnaître que toutes les erreurs ne sont pas égales et que certaines méritent des excuses plus approfondies que d’autres est un aspect crucial. En adaptant vos excuses en fonction du préjudice, vous démontrez une compréhension nuancée des impacts de vos actions sur autrui.
La personne qui vous a par exemple « malencontreusement » bousculé dans le métro méritait-elle vraiment une tartine d’excuses, avec un « désolé.e, pardon, je suis vraiment navré.e » ? Non.
Apprenez à dire « non »
Souvent, la propension à s’excuser excessivement découle d’une difficulté à établir des limites claires et à affirmer ses propres besoins. Dire « non » peut être un acte libérateur, permettant de préserver son énergie, son temps et sa santé mentale. Cela nécessite la reconnaissance que chaque refus n’est pas une rupture de relations, mais plutôt une affirmation de soi.
Si vous voulez zapper une soirée à deux, car vous êtes épuisé.e, faites-le ! Tout comme décommander finalement un dîner ou une journée entre ami.e.s. Vous n’avez pas besoin de vous excuser ou de vous justifier pendant des heures. C’est votre choix, les personnes doivent le respecter.
Apprendre à mettre un terme à l’habitude de s’excuser en permanence représente un acte puissant d’affirmation de soi. Bien sûr, vous n’allez pas arrêter de vous excuser du jour au lendemain. Ce travail prend bien souvent du temps, mais vous pouvez y parvenir. Se libérer de la nécessité constante de s’excuser ouvre la voie à une communication plus positive envers soi-même et avec autrui.