Longtemps perçues comme négatives du fait de leur caractère personnel, les émotions sont aujourd’hui réhabilitées, notamment à travers ce que l’on appelle l’intelligence émotionnelle. Qu’est-ce que l’intelligence émotionnelle et comment la développer ? Suivez nos 4 conseils psycho.
Qu’est-ce que l’intelligence émotionnelle ?
C’est notre capacité à percevoir, comprendre, gérer et exprimer nos émotions. Cette intelligence est mesurable par un test calculant notre quotient émotionnel (QE), à l’instar du test de mesure du quotient intellectuel (QI). Le concept d’intelligence émotionnelle voit le jour en Amérique en 1990 grâce aux travaux du pédiatre Jack Mayer et du psychologue Peter Salovey. Selon eux, l’intelligence émotionnelle se définit à partir de 4 piliers : l’identification, la compréhension, l’utilisation et enfin la régulation de ses émotions.
Pour Mayer et Salovey, l’identification de ses émotions est caractérisée par le fait d’en être conscient.e, de parvenir à les évaluer et à les exprimer. La compréhension, elle, consiste à savoir interpréter ses émotions et à décrypter les messages qu’elles transmettent. L’utilisation réside dans la faculté à s’approprier ses émotions pour mieux agir. Nous pouvons par exemple utiliser nos émotions pour résoudre un problème et prendre les bonnes décisions. Enfin, la gestion des émotions réside dans la faculté à réguler les émotions négatives et à profiter des émotions positives. Cette régulation implique de maîtriser ses émotions pour réagir de façon appropriée.
Pourquoi faut-il la développer ?
L’intelligence émotionnelle est une composante de l’intelligence multiple théorisée par le psychologue Howard Gardner en 1996. Elle est souvent scindée en « intelligence interpersonnelle » et « intelligence intrapersonnelle ».
La première réside dans notre propension à entretenir des relations harmonieuses avec les autres, la seconde dans la connaissance et l’analyse de notre personne. Selon la psychologue Dana Castro, l’intelligence émotionnelle est « une conscience accrue de ses propres émotions et de celles des autres, ce qui permet une meilleure adaptation de ses actions ». Aussi l’intelligence émotionnelle est-elle essentielle à notre épanouissement personnel et à la création de relations saines.
Toutes les émotions sont utiles à notre développement personnel. Nous répertorions habituellement 4 émotions : la joie, la tristesse, la peur et la colère. En réalité, cette palette est bien plus large. Le spectre émotionnel est plus étendu du fait de l’intensité que peut avoir chaque émotion selon les individu.e.s. Nos émotions sont éloquentes, car elles révèlent quelque chose à propos de nous.
Intelligence émotionnelle : 4 conseils pour l’étendre
C’est pourquoi il est fondamental de développer son intelligence émotionnelle. Voici 4 conseils.
1 – Verbaliser ses émotions
Communiquer et s’exprimer sont des actions qui peuvent sembler banales, mais qui sont cruciales pour entretenir de bonnes relations. Il est donc nécessaire de savoir comment bien exprimer ses émotions. Pour cela, vous devez apprendre à verbaliser vos émotions. Ce n’est pas un exercice facile, loin de là, mais la verbalisation permet de raisonner avec plus de lucidité. Avec le temps, vous allez acquérir un lexique émotionnel de plus en plus subtil qui va vous amener à nuancer vos émotions et à mieux les identifier.
Pour apprendre à verbaliser vos émotions, vous pouvez par exemple tenter de décrire vos réactions en vous posant plusieurs questions. Ce peut être : « Comment me suis-je senti.e avant/pendant/ après tel évènement/telle action ? ». Ces questions vont vous conduire à mettre les bons mots sur ce que vous éprouvez ou avez éprouvé. Vous allez développer peu à peu une solide conscience de vous-même.
Assumez vos émotions. Ne les refoulez pas au risque de leur donner plus d’ampleur. Verbalisez-les, identifiez-les pour comprendre le message qu’elles portent. Comme le souligne Marilyse Trécourt, coach en évolution professionnelle et personnelle : « cela peut être inconfortable de faire cette démarche-là ». Cependant, « c’est primordial et bénéfique sur le long terme pour mieux se connaître, mais aussi pour harmoniser ses relations avec les autres », ajoute-t-elle.
2 – Remettre les choses en perspective
Nous avons tendance à réagir à chaud, de façon disproportionnée. Bien souvent, nous éprouvons seulement l’émotion sans analyser la situation qui l’a provoquée. Or, pour Dana Castro, « la première réaction est souvent dictée par une émotion biaisée ».
C’est pourquoi, pour mieux comprendre ce que révèle telle émotion, il est nécessaire d’identifier ce qui l’a déclenchée. Demandez-vous : « Quelle est l’origine de cette émotion ? » ou « Y a-t-il ou y avait-il d’autres manières de réagir ? ». Cela limitera votre impulsivité. Il est important de considérer votre émotion à l’aune des circonstances qui l’ont générée. Prenez le temps de considérer la situation dans sa globalité en observant le contexte et tous ses paramètres. Cela vous obligera à laisser mûrir vos émotions et évitera les situations à risques (cris, pleurs, scènes de violence).
3 – Apprendre à remercier et à pardonner
Essayer de pratiquer la gratitude à un moment de la journée. Avant de dormir par exemple, listez 3 choses pour lesquelles vous êtes reconnaissant.e, ou du moins 3 moments positifs. De la même façon, améliorez votre façon de remercier les autres. Nous avons tendance à féliciter une personne, à la louer pour ses actions, son comportement, mais oublions souvent les remerciements. Pourtant, nous avons tou.te.s besoin de reconnaissance. La reconnaissance libère de l’endorphine, l’hormone du bonheur, et de la dopamine, l’hormone du plaisir. Deux hormones qui font du bien au moral (et chouchoutent l’ego). La reconnaissance va placer la personne qui l’exprime et celle qui la reçoit sur la même longueur d’onde. La reconnaissance favorise le contact et harmonise les relations interpersonnelles.
De la même façon, à l’opposé des remerciements, apprenez à pardonner. On vous l’accorde, la chose n’est pas aisée. Mais la colère et la tristesse liées à la rancœur polluent votre esprit et votre cœur. Ruminer vous empêche de prendre de la distance. Prenez le temps de reconnaître votre blessure et de la formuler. Les gens ne peuvent pas deviner ce que vous ressentez. Échangez sur cette blessure qui vous ronge, sur l’émotion que vous éprouvez par rapport à celle-ci. Vous repartirez sur des bases saines qui faciliteront le pardon.
4 – Cultiver son empathie
L’empathie est la capacité à se mettre à la place de l’autre, à délaisser le « je » pour se focaliser sur l’autre et comprendre ses émotions. Le terme empathie provient du grec « em » signifiant « dans » et de « pathie » issu de pathos signifiant « souffrance, affection ». L’empathie est la faculté à partager et à ressentir la douleur de l’autre. Ici, elle consiste à ressentir les émotions que votre interlocuteur.ice éprouve face à vous.
N’est pas empathique qui veut ! Améliorer son empathie signifie se mettre en retrait, faire abstraction de soi pour concentrer son attention sur l’autre. Il vous faut donc développer une écoute active. Il s’agit d’écouter, de comprendre et d’interpréter les émotions de l’autre. N’hésitez pas à utiliser des formules telles que « Je vois ce que tu veux dire », « Je peux comprendre que tu éprouves [formuler l’émotion] », « Nous pouvons en parler ». En vous focalisant sur l’autre, vous agissez comme un miroir émotionnel. Cultiver son empathie permet de mieux comprendre les autres, d’anticiper leurs réactions et d’adapter son comportement.
L’intelligence émotionnelle est nécessaire à notre épanouissement personnel et prouve que nous gagnons en maturité. Elle nous permet de ne plus subir nos émotions, mais de les comprendre et de nous les approprier pour mieux réfléchir et agir.