Entre les confinements successifs, le télétravail généralisé et le couvre-feu, on n’a jamais passé autant de temps chez soi. Mais lorsque le sujet d’un retour à « la vie normale » à l’extérieur est mis sur la table, l’angoisse peut être palpable. C’est ici que le « syndrome de la cabane » intervient. Loin d’être une maladie psychologique, cette émotion passagère vient troubler notre petite routine et nous bloque littéralement chez nous. Une petite bête noire dont il serait bon de se débarrasser. Voici comment.
Qu’est-ce que le syndrome de la cabane ?
Un mal qui suscite de l’intérêt…
Ce terme fleuri de plus en plus chez les scientifiques qui en font même des études très sérieuses. Et s’il plait autant, c’est parce que c’est un sentiment partagé par beaucoup, surtout en ces temps compliqués.
On est bien chez soi, protégé·e et loin des autres, alors pourquoi sortir. Loin des obligations, des contraintes du monde extérieur, on se sent bien et en sécurité. On peut être pleinement en harmonie avec soi-même, suivre son propre rythme. C’est donc tout naturellement que notre intérieur est devenu un refuge cher à nos yeux, comme une cabane peut l’être pour un enfant. Cette petite maison perchée, bien loin de toute l’activité extérieure qui pullule, est alors la métaphore parfaite pour expliquer ce phénomène.
Sauf qu’une fois qu’on s’est enfermé·e, c’est difficile d’en ressortir. Non pas parce qu’on a envie d’y rester, mais parce qu’on ne sait plus comment vivre en société. On perd rapidement en aptitudes sociales. Ce syndrome n’est d’ailleurs pas nouveau, puisqu’il a été théorisé au début du XXe siècle après la Ruée vers l’or aux États-Unis.
À cette époque, les chercheurs d’or dormaient dans de petites cabanes de fortune complètement isolées de la civilisation. À leur retour, ils éprouvaient une certaine méfiance à l’égard des gens et une nostalgie de leur vie recluse. Ainsi, tout comme ces chercheurs d’or, le syndrome de la cabane révèle une peur de l’autre. C’est aujourd’hui aussi un syndrome visible après une longue hospitalisation ou dans certaines professions comme les gardien·e·s de phare.
… et qui concerne tout le monde
Le magazine spécialisé Medical News Today énumère ses principales caractéristiques psychologiques : ennui sévère, irritabilité accrue, agitation et impatience permanentes, mais aussi augmentation de l’anxiété, du manque de motivation, de l’impression de solitude, du désespoir. Les incidences de cette fièvre sont concrètes : incapacité à maintenir une forme de routine, troubles du sommeil, difficultés tenaces de concentration, hygiène de vie malmenée.
Il n’existe pas de profil type et tout le monde peut-être confronté à ces bouffées d’angoisses. Même si les personnes déjà fragilisées psychologiquement sont plus susceptibles d’avoir ces angoisses.
La peur de retrouver la vie d’avant
Faire face de nouveau à des exigences au travail, devoir prendre les transports en commun, aller voir ses ami·e·s boire un verre pour éviter d’être laissé·e de côté… Les confinements successifs, tout comme la situation actuelle en général, sont bénéfiques pour celles et ceux qui ne supportaient plus la pression sociale de leur quotidien. On se retrouve désormais à l’abri de certains enjeux sociaux et relationnels. Le retour à « la vie d’avant » nous réexpose alors à une agression externe impalpable. C’est une réaction peu étonnante.
Lorsque l’on souffre du syndrome de la cabane, on pense également que la vie à l’extérieur s’associe à une prise de risque au niveau de notre santé. Cela nous fait d’autant plus repousser le moment de sortir, surtout face à des médias qui traitent en continu de l’actualité anxiogène. Le monde incarne alors tous les dangers : la peur de la foule, de la contamination, de la maladie… La méfiance s’installe et nous entraîne dans une nostalgie de notre vie recluse.
Comment sortir de la cabane ?
Lors du premier confinement, notre domicile est devenu notre première arme de défense, que certain·e·s ont pu considérer comme un « cocon protecteur », « une carapace ». À la levée du confinement, on a dû apprendre à s’adapter à un nouveau mode de vie, auquel on s’était déshabitué·e.
Le syndrome de la cabane révèle cette difficulté à retrouver un environnement imprévisible et bancale. C’est un trouble de l’adaptation, comme pour certain·e·s il a été difficile de rentrer en confinement, pour d’autres, c’est difficile d’en sortir. Si certain·e·s sont ravi·e·s à l’idée de retrouver leurs proches, leur activité professionnelle, et leur liberté de mouvement, d’autres peuvent se sentir bousculé·e·s à l’idée de sortir de leur bulle après cette courte parenthèse.
Se fixer des objectifs atteignables
Le tout est d’abord de ne pas se comparer aux autres. Allez-y à votre rythme, petit à petit, en faisant ce qui est confortable pour vous. On a été centré sur nous-même pendant beaucoup de temps et il faut essayer de garder ces quelques bonnes habitudes à la sortie.
D’abord, on sort dans sa rue, à quelques mètres de son domicile. Puis progressivement, il faut essayer de se donner des buts à atteindre : aller chercher un colis à la Poste, se rendre dans une boutique, discuter avec un·e commerçant·e, faire une promenade ou une balade à vélo aux alentours… À plus long terme, l’idée est d’être capable de dormir dans sa cabane un soir et ailleurs le lendemain. Le mieux est donc de trouver une transition douce en continuant d’alterner des temps à l’intérieur et à l’extérieur.
Demander de l’aide
Les premiers jours, voire les premières semaines, il est préférable d’éviter les files d’attente, les endroits susceptibles d’accueillir un trop grand nombre de personnes, les transports en commun… Il faut être à l’écoute de ce que l’on ressent. Comme avec toutes peurs, il faut se laisser du temps et faire preuve de patience. Parlez-en à vos proches ou à un·e spécialiste si l’envie s’en fait ressentir. Vous vous rendrez vite compte que vous êtes bien loin d’être le·la seul·e à être victime du syndrome de la cabane.
Dernier conseil : si vous sentez l’angoisse vous serrer la poitrine, pas de panique. Isolez-vous et concentrez-vous sur votre respiration. Répétez-vous un mantra qui vous calme. Pensez également par exemple à vous déplacer avec un objet fétiche. La dernière solution reste de rentrer chez vous si la crise persiste.
Soyez confiant·e·s : l’humain est capable d’évoluer, de s’adapter et de sortir de sa zone de confort en permanence. Vous retrouverez donc en temps voulu votre quotidien sereinement, c’est certain. N’hésitez pas à partager votre ressenti sur le forum, rubrique Confiance en soi, S’accepter pour discuter avec la communauté et vous aider mutuellement à vous libérer de vos angoisses temporaires.