Souvent, l’hypersensibilité est présentée comme un défaut qu’il faut atténuer autant que possible afin de pouvoir s’intégrer correctement dans la société. En vérité, l’hypersensibilité est une arme au quotidien. À l’occasion de la Journée nationale de l’hypersensibilité le 13 janvier prochain, nous voulons casser 7 idées reçues à propos de ce trait de personnalité.
Une prédisposition souvent mal connue
Bercé.e.s à coups de « Arrête de pleurer, prends sur toi enfin », « Qu’est-ce que tu peux être susceptible ! », « Il faut t’endurcir ! », de nombreux.ses hypersensibles sont incompris.es voire déconsidéré.e.s dans notre société.
La notion d’hypersensibilité a été inventée par Elaine et Arthur Aron dans les années 1990. Elle est signifiée par l’expression « personne extrêmement sensible » dans le livre dédié « The-Highly-Sensitive-Person« d’Elaine Aron. Les hypersensibles ont un système nerveux central plus sensible aux interactions physiques, émotionnelles ou sociales. Selon les auteur.e.s, cela implique quelques caractéristiques. À savoir :
- Une activité plus forte du système nerveux inconscient dans les situations stressantes
- Avoir des réponses émotionnelles positives ou négatives plus fortes
- Avoir une forte perception de différences très légères
- Avoir un faible seuil de douleur
Souvent, l’hypersensibilité est confondue avec l’hyperémotivité. Or, il existe une fine nuance. On peut considérer que la seconde est une branche de la première. La sensibilité englobe à la fois les sensations, les émotions, les sentiments, les intuitions et l’imagination. Donc l’émotivité est une part de la sensibilité.
Ainsi, dans le cas d’une grande sensibilité, il est possible que l’émotivité soit aussi ascendante. Mais ce n’est pas systématique et surtout, l’hypersensibilité ne se résume pas aux émotions. D’une manière générale, l’hypersensibilité est le sujet de nombreuses idées reçues.
L’hypersensibilité est une sensiblerie
Nous l’avons dit, il est vrai que les hypersensibles ont tendance à vivre leurs émotions avec intensité. Alors, iels sont souvent rangé.e.s dans des cases telles que celles de la sensiblerie ou de la faiblesse. Autrement dit, on ne les pense pas possédés des qualités liées à l’idée de puissance. Elaine Aron éclaire cette idée reçue sur l’hypersensibilité :
« Ces personnes étant plus sensibles à la douleur, elles s’efforceront de ne pas rentrer dans les rapports de force, ce qui pourra donner l’impression qu’elles se laissent marcher sur les pieds. Elles sont aussi plus facilement émues, et pleurent davantage »
Les larmes ne sont pas toujours synonymes de tristesse, encore moins de faiblesse. Il s’agit simplement de l’extériorisation d’un ressenti. Un.e hypersensible qui assume ses émotions ne les subit plus, iel les gère. Par ailleurs, des études montrent que les hypersensibles sont moins sujet.te.s aux maladies psychosomatiques. Alors, selon Elaine Aron :
« Plutôt que de les mépriser, on devrait les envier. C’est tout de même mieux que de se fabriquer un ulcère ! »
Les hypersensibles sont des personnes douces et délicates
C’est une idée reçue très répandue sur l’hypersensibilité dans l’inconscient collectif. Comme si elle imposait un certain type de personnalité en miroir de la haute sensibilité. Or, si cela peut se confirmer, c’est loin d’être un adage.
Nous pouvons notamment penser aux personnes chez qui l’hypersensibilité provoque de la maladresse sociale, de la brusquerie et/ou une forte impulsivité. La psychologue Emmanuelle Rigon explore cette idée dans son livre « Les enfants hypersensibles« . Elle nomme « hypersensibles réactif.ve.s » ces enfants aux comportements exacerbés (agité.e.s, bruyant.e.s).
Les hypersensibles doivent être préservé.e.s
Le premier réflexe des proches d’hypersensibles peut être de les préserver, les protéger à tout prix. Le but est de ne surtout pas les blesser (puisque pensé.e.s plus fragiles). Or, nous l’avons vu, les larmes ne sont pas de mauvais augure et sont même saines.
D’autre part, il est important pour une personne hypersensible d’apprendre à se connaître. La meilleure manière d’appréhender leur sensibilité est de l’explorer. Bien sûr, il ne s’agit pas de les brusquer. Mais plutôt de les traiter normalement en faisant preuve d’empathie.
L’hypersensibilité ne concerne que les émotions
Bien que les émotions entrent dans la balance, elles ne sont pas les seules à être stimulées. Les bruits, les couleurs, les lumières, les mouvements sont aussi des stimulants puissants pour les hypersensibles.
Aussi, ces dernières ont souvent une propension à la réflexion, l’introspection et l’auto-analyse. Cette hyperacuité, bien que formidable quand elle devient une arme, peut aussi être une source de souffrance.
Ce sont des introverti.e.s
De la même manière qu’iels ne sont pas obligatoirement délicat.e.s, les hypersensibles ne se doivent pas d’être introverti.e.s, c’est une idée reçue. Certain.e.s même présentent une personnalité très extravertie.
Il est possible que la crainte d’être jugé.e.s les pousse à la réserve. Mais dès lors qu’iels sont dans une safe place, la timidité ou leur côté introverti s’envole.
Les hypersensibles n’aiment pas prendre de risques
À nouveau, cette idée reçue vient du préjugé selon lequel les hypersensibles sont des introverti.e.s casanier.ère.s. Mais en vérité, beaucoup sont à la recherche de sensations fortes pour tester leur sensibilité.
Aussi, Elaine Aron explique qu’iels se dirigent vers des carrières où l’hypersensibilité donne du sens à ce qu’iels font (journalisme, métiers de services).
L’hypersensibilité est un frein dans le monde du travail
Une fois de plus, cette idée reçue vient de la stigmatisation des émotions visibles (voire assumées). Il est vrai qu’un travail sur soi est nécessaire pour que cette sensibilité ne soit pas un frein chronophage. Mais dès lors que les personnes hypersensibles gèrent leur particularité, elle devient un véritable avantage.
À partir de là, iels résistent mieux au stress. Aussi, la très grande intuition des hypersensibles est une arme au travail. La chercheuse Krystel Joinet insiste :
« Les hypersensibles peuvent s’appuyer sur leurs observations et grimper les échelons. Iels savent faire des propositions sans s’attirer les quolibets de leurs collègues ou de leur hiérarchie »
Toutes ces idées reçues conditionnent la vision extérieure des hypersensibles. Pourtant, c’est une véritable force à la source de nombreuses qualités. Les hypersensibles jouissent d’une excellente écoute des autres comme d’elleux-mêmes. Ce sont des personnes douées d’une intelligence émotionnelle rare grâce à leur empathie.
