Certaines personnes ont le « pardon » facile, d’autres préfèrent s’excuser dans le silence des actes. Pour une poignée d’irréductibles, avouer ses torts et quémander le pardon peut aussi être une rude corvée. Attitude suppliante ou maladroite, bourrue ou fière, il n’y a pas une façon de s’acquitter de ses fautes, mais plusieurs. Selon les psychologues, il existe même 5 langages du pardon. Tantôt évident, tantôt subliminal, il convient de reconnaître le sien et celui de ses proches pour désamorcer les conflits et acter la réconciliation sans passer par la case « boude ». Si pendant l’enfance, une carte Pokemon ou un caillou brillant suffisait à acquérir la grâce de l’autre, à l’âge adulte, le langage se corse légèrement…
Le pardon, une langue « à part »
Le pardon est un pansement pour le cœur, un aseptisant efficace pour entretenir des relations saines avec son entourage. Sauf que voilà, ce mot décliné en cinq lettres a souvent tendance à rester coincé au fond de la gorge. Ou au mieux, il sort de la bouche avec une intonation à moitié agressive qui ne donne clairement pas envie de décroiser les bras. Pourtant, demander pardon, c’est admettre ses torts, reconnaître ses écarts, avouer sa part de responsabilité et savoir se remettre en question. Le pardon ne s’achète pas dans un cadeau joliment emballé ou une virée tous frais payés. C’est un acte qui se doit d’être sincère, intelligible et sans artifice.
Chaque personne exprime sa culpabilité différemment, de façon plus ou moins claire. Un bouquet de roses, des tirades baudelairiennes, une démonstration soudaine de tendresse… Malgré toute la bonne volonté de ces gestes, ils servent seulement de « lots de consolation », mais ne rattrapent pas le mal. Un modeste « je m’excuse » n’est pas non plus un « mot magique », capable de faire reset. Selon Gary Chapman, le pardon, ça s’apprend, de la même manière qu’une langue étrangère.
Ce conseiller conjugal américain aussi auteur des 5 langages de l’amour s’est penché sur cette notion à forte résonance émotionnelle. Avec sa consoeur Jennifer Thomas, psychologue clinicienne, ils ont ainsi tiré le portrait des 5 langages du pardon. Évidemment, pas question de se mettre à genou ou d’implorer l’autre tête baissée, simplement faire mieux qu’un piètre « je m’excuse ».
1 – Apprendre à exprimer ses regrets
Selon Gary Chapman, apprendre à exprimer ses regrets permettrait d’atteindre profondément la personne, de cicatriser ses blessures intérieures. Dire « je suis désolé.e de t’avoir blessé » ou « je suis désolé.e de m’être emporté.e » induit que vous avez fait un travail introspectif de qualité. En plaçant le mot « désolé », suivi de l’action qui vous a fait défaut vous reconnaissez vos erreurs sans fard.
Vous ne cherchez pas des circonstances atténuantes ou des arguments de défense pour alléger votre culpabilité, vous allez droit au but. Vous allez au-delà de la fierté « mal placée » et admettez la peine infligée à l’autre. Ce langage du pardon témoigne d’une grande sensibilité et d’une honnêteté palpable. Il signifie que vous êtes loyal, droit.e dans vos baskets. Jamais vous ne tenterez d’obtenir une contrepartie ou une compensation de votre pardon.
2 – Accepter de prendre ses responsabilités
Dans les langages du pardon, il y a également la team « c’est de ma faute ». Si vous utilisez cette phrase pour adoucir les rancœurs de l’autre, c’est que vous n’avez pas peur de vous « incriminer » et de revenir sur vos erreurs. C’est le signe d’une certaine maturité d’esprit et d’une belle intelligence émotionnelle.
D’après Gary Chapman, cette réaction est assez louable puisqu’elle pique l’égo en plein cœur. Ce n’est pas donné à tout le monde d’articuler ses chefs d’accusation et de se reconnaître « blâmable ». Pas question de se retrancher dans de vieilles excuses contrefaites, vous préférez y aller en toute franchise et passez aux aveux sans détour.
3 – Se repentir sincèrement pour se faire pardonner
La repentance, concept aux accents très spirituels, caractérise le troisième langage du pardon. Selon la définition de notre ami Wikipédia, la repentance « est la volonté d’assumer les conséquences d’actes moralement condamnables commis par le passé ». En plus de verbaliser nettement vos erreurs, vous en tirez une leçon. Au lieu de prendre ce scénario avec fatalité, vous vous en servez pour vous « corriger ».
Vous affirmez haut et fort votre désir de changer. « Je ne recommencerai plus à l’avenir », « la prochaine fois, je réagirai autrement pour ne pas te heurter »… Ce langage du pardon induit de faire un travail sur soi et de revoir certains de ses actes. Évidemment, il fonctionne seulement si les promesses ne sont pas de la poudre de pacotille. Quoi qu’il en soit, il permet de désamorcer les conflits latents et de limiter les reproches.
4 – Traduire son pardon dans des actions
Si vous comptiez indemniser vos erreurs avec une boîte de chocolat, une peluche géante ou une nuit à l’hôtel, c’est raté. Ce langage du pardon n’a rien de matérialiste ou de superficiel. Au contraire, il est encore plus complet et poussé que les autres langages du pardon.
Par exemple, si vous avez manqué le dîner romantique de vos 10 ans de mariage, vous allez tenter de vous rattraper en prévoyant un rencard encore plus grandiose et mémorable. Les actions doivent avoir une symbolique. Elles ne sont ni forcées, ni intéressées, mais émanent d’un effort sincère.
5 – Demander pardon et laisser du temps
Présenter ses excuses, c’est aussi penser à la possibilité qu’elles ne soient pas tout de suite accueillies à bras ouvert. Ne vous attendez pas à ce que la personne froissée vous saute dessus et oublie tout dans un câlin. Le pardon est un effervescent qui met du temps à se dissoudre.
Selon la proportion et la teneur de l’acte répréhensible, le pardon s’accepte ainsi plus ou moins facilement. Concrètement, ça signifie que vous avez le réflexe de laisser l’autre réfléchir et prendre du recul par rapport à la situation. Vous ne le.a pressez pas pour avoir une « confirmation » immédiate. Vous lui donnez le délai qu’il faut pour qu’iel puisse vous dire si « oui » ou « non » iel prend vos excuses.
Ces 5 langages du pardon sont tous différents, mais ils se rejoignent sur un point : ils sont vitaux. Négligez cette étape, c’est nourrir les conflits et les liens malsains. En les pratiquant et en sachant les déchiffrer, vous écumez plus de bienveillance dans vos relations. En revanche, le pardon excessif et immodéré peut être le signe d’un dérèglement intérieur. À manier avec prudence donc…