La crainte de l’échec est un mal courant de notre temps. Nombre de personnes craignent d’échouer, d’être mal perçues par leurs pairs au point que cela se transforme en phobie. Cette peur est si prégnante dans la société qu’on lui a donné un nom : Kakorrhaphiphobie. Vous avez peur de l’échec ? Voici ce que cela dit de vous.
Peur de l’échec : savoir reconnaître les signes
La peur de l’échec est un mécanisme assez courant, mais qui est accru chez certain.e.s. Cela se caractérise principalement par l’angoisse de ne pas réussir à conduire un projet à terme, qu’importe sa nature. Généralement, l’envie ne manque pas, mais les peurs nous assaillent et créent un blocage.
Plusieurs signes peuvent indiquer que vous êtes kakorrhaphiphobe : vous ne retenez que les remarques négatives, vous vous comparez toujours aux autres et à leur(s) réussite(s), vous êtes très perfectionnistes, vous hésitez à essayer de nouvelles choses à part si vous êtes bon.ne dans ce domaine ou encore vous avez une peur irascible de décevoir les autres.
Mais d’où vient cette peur ?
De la même manière que la Kakorrhaphiphobie ne s’incarne pas à l’identique chez tou.te.s (nous avons chacun.e notre vécu et nos personnalités intrinsèques), elle n’est pas provoquée par les mêmes choses. Plusieurs éléments peuvent en être à l’origine, les voici (liste non exhaustive).
1 – Le manque de confiance en soi
Le manque de confiance vous fait sentir tel.le un.e imposteur.e dès que vous réussissez ? Vous pouvez même vous persuader que vous serez accusé.e d’avoir eu de la chance ou d’avoir triché ? Alors, cette perte de sentiment de légitimité peut vous projeter dans un processus d’auto-sabotage qui mène à l’échec.
Le manque d’estime de soi vous guide vers la peur de l’échec avant de vous enfermer dans un cercle vicieux. Rassurez-vous, il n’est jamais trop tard pour (re)trouver confiance en soi.
2 – La peur du changement
La peur de l’échec repose parfois sur celle du changement et de la réussite. Et si j’abandonnais cette situation que je maîtrise pour me lancer dans l’inconnu ? Mettre fin à un certain cycle provoque de nombreuses interrogations qui peuvent mener à de l’angoisse et à un blocage. Et par-dessus tout, la peur tenaillante de quitter sa zone de confort pour un nouveau domaine dans lequel existe le risque de ne pas réussir…
3 – Le sentiment de culpabilité
Dans certains cas, la peur de l’échec vient de la gêne que provoque la réussite. Alors on ne se l’autorise pas, de peur de culpabiliser de réussir auprès d’autres. Par exemple, un.e étudiant.e qui ne s’autorise pas à faire mieux que ses parents. Cela peut créer une crainte du rejet ou de la sensation de décalage par rapport à ses ami.e.s, sa famille.
4 – L’éducation
Si vous avez grandi auprès de parents très critiques et exigeants, il est possible que vous ayez intériorisé ces dogmes qu’on vous a imposés. Ces reproches et exigences se forgent au fil des ans et établissent en vous une peur incroyable de l’échec.
5 – Le cas du syndrome de la bonne élève
Un cas particulier de peur de l’échec est parfois observé chez les filles et femmes qui souffrent des injonctions que la société a posées sur elles. Qualifiées dès la naissance comme plus calmes, assidues et moins turbulentes que les garçons, les petites filles sont souvent érigées au rang d’élève modèle. Cette injonction semble se vérifier dans les faits : selon les chiffres du ministère de l’Éducation, on compte 10 % de plus de bachelières (avec 92 %) que de bacheliers (avec 82 %).
Alors, si cela ne parait pas défavorable de prime abord, en vérité, elles souffrent d’une pression sociale colossale. Dans les faits, les filles ne sont pas meilleures à l’école par nature, on les pousse à l’être pour nourrir ce principe sociétal. Si par malheur, elles s’y refusent, les filles risquent de ne pas entrer dans le moule social. Avec les années, ce poids devient de plus en plus difficile à gérer. Il prend la forme d’anxiété, d’un perfectionnisme accru et d’une peur de l’échec.
Comment se défaire de cette peur de l’échec ?
À force de fonctionner ainsi, vous en venez à penser que cela fait juste partie de votre personnalité. Or, la première étape est de reconnaître que l’on a cette peur de l’échec. Ensuite, il est important de conscientiser le fait que ce n’est pas l’échec que vous craigniez, mais plutôt ses conséquences. Alors vous pourrez aborder un travail de déconstruction. Cela étant dit, ce processus peut être difficile, car il engendre une peur de ne plus se reconnaître et de ne plus être reconnu.e par son entourage.
Pour se défaire de cette peur de l’échec, vous pouvez essayer de reformuler votre objectif, de penser à ce que vous avez déjà accompli ou encore de visualiser votre réussite. Vous pourrez ainsi vous habituer aux conséquences de celles-ci. L’objectif est de changer sa perception de l’échec. Pour vous aider dans ce processus, vous pouvez choisir d’être accompagné.e psychologiquement. Une thérapie vous apprendra notamment à gérer physiquement cet état anxieux, en plus de vous poser les bonnes questions.
Orelsan, le rappeur français au succès phénoménal, chante dans son titre Peur de l’échec : « J’ai peur d’être normal, d’être moyen, ni trop mal ni trop bien. Je crois que je ne sers à rien ». Il conscientise ici sa peur de la banalité, de la normale. Si rester dans sa zone de confort est rassurant, cela nous empêche en réalité d’avancer. Prendre des risques nous oblige à en sortir, nous offre l’occasion de voir ce dont nous sommes capables, voire même de réussir.