Vous faites partie de ces personnes qui détestent être prises en photo sans avoir jamais su réellement pourquoi ? Le magazine Madame.lefigaro.fr a interrogé une photographe Charlotte Szczepaniak et une psychanalyste Elsa Godart à l’occasion d’un article paru en novembre 2018. Leurs réponses sont passionnantes et nous permettent d’enfin mettre des mots sur nos maux. Un premier pas vers l’acceptation…
Une problématique narcissique
Si certain.e.s adorent jouer avec l’objectif, force est de constater que d’autres le fuient littéralement. Et lorsqu’ils doivent poser devant lui, c’est un véritable supplice. Mais que se passe-t-il dans leur tête ? Entre maîtrise de son image et règne des réseaux sociaux, ce phénomène s’explique largement.
Selon Elsa Godart, psychanalyste, une photo peut d’abord être source d’angoisse et de complexe puisqu’elle questionne l’image que l’on a de soi :
« Elle répond à une véritable problématique narcissique et à différentes questions telles que : « Qu’est-ce que je renvoie comme image ? » ou « à quoi je ressemble ? » »
Le résultat est d’autant plus déstabilisant que l’image que nous avons de nous-mêmes dans le miroir est radicalement différente de celle que nous percevons sur le cliché. La photographe Charlotte Szczepaniak, précise :
« En début de séance, les modèles sont souvent tendu.e.s. Ces dernier.ère.s me disent qu’il.elle.s n’ont pas confiance en eux.elles et ne savent pas comment poser. C’est à moi de les guider. Et si les premières photos sont rarement réussies, les suivantes ne peuvent que s’améliorer »
Mais ce n’est pas la seule raison…
Se connaître & maîtriser sa propre image
Ce rejet de l’objectif traduit aussi une crainte de ne pas maîtriser sa propre image :
« Face à son miroir, on peut jouer sur la lumière et se montrer sous son meilleur profil, tandis que lorsque l’on est pris en photo, on ne contrôle plus rien. On devient uniquement ce que le regard de l’autre saisit de nous, il faut alors être capable de se laisser aller, de s’abandonner », explique Charlotte Szczepaniak
Une tâche qui n’est franchement pas facile pour le commun des mortels, et dans certains cas, pire encore, comme le précise la psychanalyste Elsa Godart :
« Une tâche difficile pour celles et ceux qui craignent d’être prisonnier.ère.s du regard de l’autre, et donc de ne plus s’appartenir. Au final, ces personnes ont peur d’être jugées, dépréciées, rejetées »
La pression des réseaux sociaux & du selfie
Tout ceci est exacerbé par l’époque dans laquelle nous vivons… En effet, on fait ici directement référence au règne des réseaux sociaux et du fameux « selfie » ou « autoportrait ». Elisa Godart explique :
« Si une personne est complexée, ce sentiment va être exagéré dans une société où certaines normes esthétiques sont valorisées. Et notamment sur les réseaux sociaux où fleurissent des chimères auxquelles il est quasiment impossible de ressembler »
Le plus souvent, ces personnes ne savent pas à quel point les photos publiées sur les réseaux sociaux sont retouchées. Et cela vaut aussi pour les publicités qui ont désormais l’obligation d’ajouter la mention « Photoshop ». La photographe Charlotte Szczepaniak ajoute :
« Aujourd’hui, il est très facile de lisser son grain de peau, d’amincir ses hanches ou de dissimuler cicatrices et vergetures. Cela pose un vrai problème, car les personnes qui doutent d’elles-mêmes sont persuadées que ce qu’elles voient est la vérité. Cela amplifie encore un peu plus leurs complexes et leur crainte de l’objectif ; elles se disent « moi, je ne ressemble pas à cela » »
Mais comment ne plus détester être prise en photo ?
Cela réside en un seul et unique mot : l’acceptation. Il faut arriver à faire la paix avec son corps, à l’aimer et à l’accepter tel qu’il est. On sera ainsi beaucoup plus indulgent.e avec l’image que l’on renvoie sur une photographie.
Et cela est d’autant plus flagrant avec les mannequins grande taille par exemple. Nous les trouvons sublimes, elles n’ont rien à envier à leurs comparses plus minces et pourtant beaucoup d’entre elles ont eu du mal avec leur image au début.
Aussi, les bienfaits d’une séance photo sur l’estime de soi sont réels. C’est l’occasion de se reconnecter à soi, de se recentrer sur sa valeur personnelle. Sous le regard bienveillant d’un.e photographe, on s’accorde du temps pour son propre épanouissement. Et réussir sa séance photo professionnelle n’est pas de l’ordre de l’inconcevable. Oser être soi, cultiver une meilleure acceptation de son corps, c’est libérateur et à la portée de tou.te.s !
Si vous êtes passé.e par là ou ressentez cette aversion pour les appareils photo, on vous attend sur le forum, dans la rubrique Confiance en soi, afin d’en discuter.