Pourquoi certaines personnes évitent toujours les miroirs

Vous êtes-vous déjà surprise à détourner les yeux en passant devant une glace ? À raser les murs d’un couloir trop lumineux, de peur d’apercevoir un reflet qui dérange ? Si oui, rassurez-vous : vous êtes loin d’être seule. Éviter les miroirs, c’est parfois un acte lourd de sens, qui en dit long sur notre rapport à nous-mêmes, à notre corps, et aux normes qui l’entourent.

Le miroir : cet objet pas si anodin

À première vue, le miroir semble inoffensif. Il est là, dans la salle de bain, dans l’entrée, dans les vitrines des magasins… omniprésent, discret, fidèle. Pourtant, pour certaines personnes, il peut se transformer en redoutable adversaire. Regarder son reflet, c’est parfois devoir faire face à une image qui ne correspond pas à celle que l’on a dans la tête, ou pire, à celle que l’on souhaiterait avoir. Et ce décalage peut provoquer un véritable malaise.

Ce n’est pas seulement une question de vanité. Derrière ce geste d’évitement se cache souvent un mal-être plus profond, un conflit intérieur entre l’image perçue et l’image idéalisée. Le miroir devient alors un déclencheur d’anxiété, une porte ouverte sur toutes les insécurités.

Quand le reflet blesse

Les chercheurs en psychologie le confirment : « éviter son reflet est un comportement courant chez les personnes ayant une image corporelle négative ». Il ne s’agit pas simplement d’un manque de confiance en soi, mais bien souvent d’une stratégie d’évitement. On se protège de la douleur de se voir tel que l’on pense être. Dans certains cas, cela peut même s’inscrire dans des troubles plus sérieux, comme les troubles de l’alimentation ou le trouble dysmorphique corporel (TDC).

Le TDC, peu connu du grand public, est pourtant une réalité pour de nombreuses personnes. Il se caractérise par une obsession pour un défaut physique – souvent invisible pour les autres – et par des comportements répétitifs face au miroir : soit l’on s’y scrute à l’excès, soit on l’évite à tout prix. Un rapport complexe, douloureux, épuisant.

Un malaise qui dépasse la personne

Ce rejet du miroir n’est pas qu’une affaire de psychologie individuelle. Il s’inscrit aussi dans un contexte social et culturel bien particulier. Dans une société obsédée par l’apparence, où les normes de beauté sont omniprésentes – dans les pubs, sur Instagram, dans les films – il est difficile d’échapper au regard des autres… et à son propre regard, influencé par tous ces diktats visuels.

Les sociologues parlent même « d’auto-surveillance » : nous apprenons, souvent dès l’adolescence, à scruter notre image comme si nous étions notre propre juge. Alors forcément, pour les personnes qui ne rentrent pas dans le moule – trop gros, trop maigre, pas assez jeune, pas assez « conforme » – le miroir devient une épreuve. Ajoutez à cela les injonctions spécifiques que subissent les femmes, les personnes racisées, les personnes handicapées ou LGBTQIA+, et vous obtenez un cocktail explosif de regards normés, de jugements intériorisés, et de mal-être. Dans ce contexte, éviter le miroir peut devenir une forme de protection, voire un acte de résistance.

Le miroir et l’identité

Ce n’est pas seulement une question de physique. Le miroir reflète aussi une identité. Et quand celle-ci est en construction, en mutation, ou en conflit avec la norme, le reflet peut être douloureux. Pensez par exemple aux personnes transgenres avant leur transition. Pour beaucoup, le miroir devient un rappel constant du décalage entre leur genre ressenti et l’image visible. Ce décalage, source de dysphorie, peut être insupportable. Il peut toutefois aussi devenir le point de départ d’un processus de réconciliation, une étape vers l’acceptation de soi.

De manière plus générale, chaque personne peut vivre un moment de rupture avec son image : un changement de corps, une maladie, le vieillissement, une grossesse, une dépression… Le miroir, alors, cesse d’être un outil neutre pour devenir un témoin silencieux, parfois accusateur.

Comment apprivoiser son reflet ?

La bonne nouvelle, c’est que cette relation avec le miroir n’est pas figée. Elle peut évoluer, se transformer, se pacifier. Des approches thérapeutiques, comme la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), permettent de travailler sur l’image corporelle et d’apprendre à voir son reflet avec plus de bienveillance. D’autres méthodes, plus créatives, comme l’art-thérapie ou le théâtre, peuvent aussi aider à se reconnecter à son corps autrement que par l’image.

Surtout, il est important de se rappeler que vous n’avez pas à « aimer votre reflet » à tout prix. Vous n’êtes pas obligée de vous trouver belle tous les jours. La vraie liberté, c’est peut-être de pouvoir se regarder sans jugement… ou de choisir de ne pas se regarder du tout, sans culpabilité.

Éviter le miroir n’est pas toujours un signe de souffrance. Parfois, c’est un choix, un refus de se soumettre à des normes étroites, une manière de se préserver. Lorsque cela devient une source de douleur, il est cependant essentiel de chercher du soutien, de parler, d’explorer des pistes pour renouer avec soi-même. Se réconcilier avec son reflet, c’est aussi un geste de réappropriation. Une manière de dire : « Je ne suis pas mon apparence. Je suis bien plus que ce que montre cette surface brillante ». Alors, si vous évitez les miroirs, ne vous jugez pas trop vite. Peut-être est-ce le début d’un chemin vers vous-même, un chemin qui, à votre rythme, vous mènera vers plus de douceur, plus de fierté, et surtout, plus de liberté.

Fabienne Ba.
Fabienne Ba.
Je suis Fabienne, rédactrice pour le site The Body Optimist. Je suis passionnée par le pouvoir des femmes dans le monde et leur capacité à le changer. Je crois que les femmes ont une voix unique et importante à offrir, et je me sens motivée à faire ma part pour promouvoir l'égalité des sexes. Je fais de mon mieux pour soutenir les initiatives qui encouragent les femmes à se lever et à être entendues. J'essaie également de participer aux débats sur des sujets tels que le harcèlement sexuel, la discrimination fondée sur le genre et l'accès aux opportunités économiques. Je pense que ces conversations sont essentielles pour créer un monde plus juste et plus inclusif pour tous.
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