Tous les ans, c’est la même rengaine. Les rétrospectives de l’année envahissent nos réseaux sociaux en cette fin décembre. BeReal, Goodreads, Spotify, Twitter, Instagram : pas une plateforme n’y échappe. Mais pourquoi est-ce une pratique si plébiscitée ?
Les rétrospectives, signe d’un besoin d’interagir avec les autres
Il y a premièrement un effet de mode inhérent à cette tendance, qui nous donne envie de participer aussi à ce mouvement de groupe. Mais au-delà, le docteur Robert Brennan nous apprend que, selon lui, l’explication tient du fait que « les humain.e.s sont des animaux sociaux ». Cela signifie que nous avons un goût intrinsèque pour l’interaction avec les autres, le sentiment d’appartenance à un groupe.
Alors que les humain.e.s ne vivent plus en réelle communauté, iels n’ont donc plus de connectivité constante dans le monde réel. Les réseaux sociaux viennent pallier ce manque et les rétrospectives annuelles le nourrissent en favorisant les échanges.
Un besoin de validation des autres
En partageant sa rétrospective sur les réseaux sociaux, nous attendons un retour positif de notre communauté. Ces réactions fonctionnent comme une approbation, c’est ce que le Docteur Brennan qualifie de « réponse dopaminergique« . Puis, le nombre de likes, de commentaires et de partages va influencer notre humeur.
Ce processus vecteur de bien-être nous pousse dans un « cycle du comportement ». Dès lors que nous recevons une réponse dopaminergique, nous sommes stimulé.e.s et voulons à nouveau recevoir une validation sociale. Ainsi, nous avons envie de recommencer sans cesse.
Les rétrospectives, vectrices de certitudes qui nous donne du contrôle
Le Docteur Brennan ajoute que nous sommes aussi intéressé.e.s par la validation des autres que par les informations sur nous-même. Les statistiques dégagées par les plateformes comme Spotify, Twitter ou Instagram nous aident à nous sentir en contrôle. Elles nous redonnent la main sur nous-même et nous rassurent par leur certitude. Les plateformes l’ont très bien compris et en font grand usage, notamment en fin d’année…
« L’un des éléments clés de l’épanouissement psychologique est de cultiver un sentiment d’accomplissement »
Le psychologue Nive Pidgeon explique justement que « lorsque nous reconnaissons que nous avons fait du progrès, cela aide à augmenter nos niveaux de positivité et améliore notre bien-être ». C’est pourquoi avoir accès à nos rétrospectives de l’année peut nous amener à reconnaître nos progrès et à espérer les perpétuer à l’avenir. Les partager nous oblige en quelques sortes à nous tenir à ces nouveaux objectifs.
Le revers de la médaille
Nombreuses sont les personnes à clamer sur les réseaux sociaux qu’elles sont lasses des rétrospectives. Certain.e.s considèrent qu’il ne s’agit que d’égocentrisme et préféreraient retrouver le contenu qu’elles consomment habituellement. D’autres encore expliquent que ce phénomène récurrent d’année en année leur crée de l’anxiété.
En effet, ces personnes craignent de ne justement pas obtenir cette fameuse approbation sociale. Elles ne veulent pas que leurs petits « plaisirs coupables » soient révélés et puissent devenir une source de moquerie. Aussi, il peut arriver que ces rétrospectives annuelles réveillent des sentiments négatifs. Par exemple, si le Spotify Wrapped fait ressortir une musique écoutée lors de moment douloureux. La nostalgie n’est pas toujours source de positif et, en l’occurrence, elle peut même être appréhendée.
L’autre risque encouru par les rétrospectives, et les réseaux sociaux en général, est celui de la comparaison. Les rétrospectives photos ne soulignent que certains instants ponctuels de l’année, cela n’est pas représentatif de la réalité. Cependant, tout le monde n’a pas les clés pour gérer la comparaison sur les réseaux sociaux. Ainsi, un complexe d’infériorité préexistant, peut être accru par les réseaux au cours de l’année et se voir malmené par les rétrospectives.
Si les rétrospectives de l’année peuvent être un beau moyen pour soi de se sentir bien, le plus important demeure le souvenir de ces beaux moments vécus. Et pour cela, la validation des autres n’importe que trop peu…