Les relations saines sont un moteur qui nous tire mutuellement vers le haut. Cependant, il existe des attaches dont le fonctionnement est inégal. L’un.e exerce sur l’autre un ascendant qui peut rapidement devenir excessif. Violence physique, verbale, économique, chantage… c’est une relation abusive. Quelle que soit sa nature – amoureuse, amicale, familiale ou professionnelle – il est difficile de s’en sortir, mais pas impossible. Pourtant, au vu des séquelles psychologiques que cela peut laisser, il est légitime de se demander comment se reconstruire après une relation abusive. Voici donc quelques pistes pour vous guider.
Les principales conséquences d’une relation abusive
Une relation abusive marque profondément notre rapport aux autres, mais surtout à nous-mêmes. Notre individualité fait qui nous sommes, mais nous avons besoin des autres pour que celle-ci soit reconnue. Dès lors que celle-ci est ignorée de façon brutale et répétée, c’est la porte ouverte à une perte de repères cruciaux pour notre bon développement.
Pendant et à l’issue d’une relation toxique, on assiste à une chute de l’estime de soi. On parle de blessure narcissique. Nous n’avons plus d’amour à nous accorder à nous-mêmes. En effet, la notion de notre propre identité devient floue tant elle a été questionnée, voire ignorée au moment de la relation toxique.
Certaines personnes expérimentent des troubles dépressifs, voire tombent en dépression. Des troubles de l’humeur peuvent apparaître, ainsi que plusieurs symptômes d’un stress post-traumatique. On parle ici d’anxiété, de peurs, de troubles du sommeil… mais les manifestations de celui-ci changent d’une personne et d’un vécu à l’autre. Seul.e un.e médecin peut diagnostiquer avec sûreté un état.
Ressentir ce qu’il y a à ressentir
Suite à une relation abusive, plusieurs sentiments peuvent se manifester. Et parfois entrer en contradiction entre eux. D’un côté, du soulagement et de l’excitation face à la liberté. De l’autre, de la colère. De la tristesse et du manque, peut-être d’être séparé.e de cette personne qui avait tant d’emprise sur nous. Tous ces ressentis sont valides. Il est également important de veiller au sentiment de culpabilité. En effet, parmi les sentiments divers, cette dernière est susceptible de faire son entrée. Dans une relation où les fautes vous ont toujours été attribuées, il faut du temps pour assimiler que tout n’est pas de votre faute.
Il est plus que crucial de laisser venir : c’est votre cerveau qui trie tout ce qu’il ressent. Ne vous jugez pas et entourez-vous de gens faisant de même. Trouvez des activités qui vous font du bien, qui vous réconcilient avec vous-mêmes. Cherchez cette autonomie qui vous appartient.
La technique de la ventilation émotionnelle est régulièrement recommandée dans ce genre de situation. Il s’agit de laisser les émotions exister. Suite à ça, libre à vous d’en parler avec une personne de confiance ou de les traiter en interne. Le plus important étant : laissez-vous ressentir.
Réaliser ce qu’on a vécu
En 2019, « en moyenne, le nombre de femmes âgées de 18 à 75 ans qui, au cours d’une année, sont victimes de violences physiques et/ou sexuelles commises par leur conjoint ou ex-conjoint est estimé à 213 000 femmes ». Si ces chiffres sont glaçants de par leur hauteur, ils ne rendent pas les actes plus « normaux » ou « tolérables ».
Un des pas importants dans la reconstruction suite à une relation abusive consiste en la réalisation. Comprendre la gravité des actes qui nous ont été infligés. Cela permet de mieux appréhender l’éventuel sentiment de culpabilité. Une relation implique bien souvent deux personnes : rien ne justifie la mainmise de l’un.e sur l’autre. Les fautes sont toujours nécessairement au moins partagées. Car une chose est sûre : vous n’êtes jamais responsable des abus qui vous sont infligés. La violence n’est jamais justifiée.
Comprenez le fonctionnement du cycle de la violence. Il s’agit des « processus répétitifs » dans une relation violente. On part d’un climat de tension pour aller vers l’explosion de la violence. Viennent ensuite les justifications et enfin la lune de miel. Pour ensuite repartir sur un climat de tension et ainsi de suite. Prenez donc le temps de réaliser votre statut de survivant.e.
S’en tenir à sa décision de mettre un terme à la relation abusive
Plus facile à dire qu’à faire, c’est certain. Allez-y à votre rythme ! Cette décision doit avoir lieu et être tenue. C’est aussi le seul moyen de venir à bout de cette habitude malsaine : rupture puis réconciliation, jusqu’à la prochaine explosion.
Il est ainsi préconisé de couper tout contact. On se tient physiquement à distance de la personne. On la.e bloque sur les réseaux sociaux. En bref, on s’en éloigne pour se préserver. Il est difficile d’être guéri.e par la personne qui nous a abîmé.e.
Évidemment, il est tout à fait probable que l’envie brûlante d’établir un lien vous habite. Une nouvelle fois : ne vous jugez pas. Tournez-vous vers vos ami.e.s ou toute personne de confiance pour vous épancher et parler de votre manque.
Réfléchir à ses faiblesses et fragilités
On ne le répètera jamais assez : nous ne sommes jamais responsables de la violence à notre égard. En revanche, il peut être pertinent de questionner ce qui nous a mené à rester dans une relation abusive. Peut-être s’agit-il de traumatismes dans l’enfance ? Ou d’une relation passée ayant laissé des séquelles ? Votre histoire vous appartient et il n’y a pas d’autre « bonne raison » que celle qui vous handicape.
En identifiant la source de la fragilité, vous pouvez travailler dessus. Avec une aide psychologique, vous pouvez identifier ses sources et tenter de les résoudre. En mettant le doigt sur le(s) nœud(s) de votre passé, vous vous évitez de retomber dans des schémas toxiques. Vous apprenez également à mieux les repérer.
S’entourer de personnes qui nous veulent du bien
Les relations toxiques mènent parfois à la rupture de nos liens sociaux. Nous nous retrouvons coupé.e de notre entourage le plus proche par la force de persuasion de la personne abusante.
N’hésitez pas à tenter de rétablir le contact, expliquez où vous en êtes. Une personne qui vous aime et qui vous veut du bien essaiera de comprendre. Entourez-vous de gens qui sont prêts à vous accompagner dans votre reconstruction.
Vous pouvez aussi vous diriger vers des groupes de soutien ou de parole. Durant ces réunions, vous avez l’occasion d’échanger avec des personnes ayant traversé des situations similaires à la vôtre. Cela aide à se sentir moins seul.e. Vous partagez votre vécu avec des gens qui ont une idée plus claire de ce que vous avez traversé. Il est parfois bon de pouvoir parler librement avec des gens à qui il n’est pas nécessaire de tout expliquer.
Se laisser du temps pour se reconstruire après une relation abusive
La guérison n’est pas linéaire. Il arrive des jours où l’on se sent invincible, d’autres où l’on se sent terrible. Et c’est normal. Chaque pas est un pas qui compte malgré tout. Toute prise de conscience compte. Il faut faire le travail de guérison avec soin et patience. Mettez-vous dans de bonnes conditions : entouré.e des bonnes personnes, avec les bonnes aides à proximité. Certains moments peuvent être douloureux : le soutien en est d’autant plus crucial.
Il n’existe pas de schéma type de reconstruction. Le parcours dépend d’une personne à l’autre. Le temps et la façon vont être influencés par une multitude de facteurs propres à chacun.e. C’est votre volonté qui indique la marche à suivre. Cependant, des baisses de motivation et de moral font partie du processus. Laissez-les venir et guettez la prochaine vague d’envie d’avancer. Elle finira toujours par venir.
Les séquelles d’une relation abusive ne sont pas à prendre à la légère. Il faut du temps pour se remettre de la violence reçue. Mais la reconstruction a posteriori n’est pas qu’un mythe : c’est une réalité. Se reconstruire après une relation abusive repose sur la patience et l’indulgence envers soi-même.