Au quotidien, vous voulez à tout prix aider vos proches, quitte à vous oublier (parfois) ? Vous êtes sûrement victime du Syndrome du sauveur. Non répertorié comme une pathologie, ce mécanisme de pensée sévit néanmoins parmi nous et se cache souvent derrière « la personne gentille ». C’est indéniable, la générosité et l’empathie sont d’excellentes qualités. Mais entre « sauver » et « aider », il y a un fossé. Décryptage.
Le pompier pyromane
Les gens considèrent l’altruisme comme un trait positif donc vous ne voyez peut-être pas le mal à essayer de sauver les autres. Sauf que les personnes concernées par le Syndrome du sauveur vivent dans un esprit de sacrifice permanent. Sauver les autres à défaut de pouvoir se sauver soi-même.
Pour vous donner quelques exemples, c’est celui.celle qui, au bureau, comble les manquements professionnels de son.sa collègue absent.e. En amour, c’est celle.celui qui s’entête à guérir un.e homme/femme de ses problèmes d’engagements. Ce sont ceux qui coachent pendant des heures leurs ami.e.s engagé.e.s dans des relations amoureuses toxiques.
Ce Syndrome du sauveur est également appelé la co-dépendance. Par cela, il faut comprendre que les personnes concernées par le Syndrome du sauveur anticipent les besoins et les envies des autres. En retour, elles cherchent à tout prix (sans forcément l’exprimer) à recevoir des remerciements, de la reconnaissance et de l’amour. Ces personnes ont un besoin intense d’exister au regard de l’autre et finissent donc par être dépendants des autres pour se sentir vivre.
Problème, la personne concernée par le Syndrome du sauveur reçoit rarement en retour la gratitude qu’elle espérait. La raison : la personne en face n’a jamais rien demandé et encore moins ce sacrifice. Les sauveur.euse.s finissent alors malheureux.euses, déçu.e.s et frustré.e.s.
« J’ai l’impression que je fais toujours tout pour tout le monde et que personne ne fait jamais rien pour moi« , pourra-t-on entendre
Ce qui se cache derrière le chevalier blanc
Inconsciemment, les sauveur.euse.s ont tendance à aller vers des personnes en souffrance, qui ont besoin d’aide, que ce soit en amour comme en amitié. Ainsi, cela donne lieu à des relations toxiques et malsaines. La personne victime du Syndrome du sauveur veut que la personne en face soit toujours dans une position où elle a besoin d’elle. Cela devient pathologique lorsque ce besoin conditionne la relation.
Autrement dit, lorsqu’on choisit l’autre parce qu’on y voit la possibilité de le sauver. Quitte à, même parfois, provoquer le malheur de l’autre en le manipulant, le dénigrant ou en le rabaissant pour mieux pouvoir le sauver. Un chevalier pas si blanc donc…
« Les sauveur.se.s n’ont pas seulement la volonté de secourir les autres, il.elle.s ont également besoin d’être secouru.e.s eux.elles-mêmes », écrivent Mary C. Lamia et Marylin J. Krieger, deux psychologues californiennes dans l’ouvrage « Le Syndrome du sauveur »
Ainsi, on n’est donc plus tout sur de la bienveillance. Le Syndrome du sauveur correspond plus à la nécessité de s’aider soi-même que de veiller sur son entourage. Un besoin de se rendre indispensable, digne d’intérêt et en sécurité, plus qu’une réelle volonté altruiste envers un.e proche.
L’origine du Syndrome du sauveur
En général, c’est vers l’enfance qu’il faut se tourner pour comprendre le phénomène du Syndrome du sauveur. Ce sont généralement des personnes qui, quand elles étaient petites, avaient un rôle de parent auprès de leur père, mère et/ou frère et soeur. Par exemple, lorsqu’un parent est alcoolique, l’enfant peut se placer dans la position du soignant. C’est un schéma que l’on répète inlassablement, souvent parce qu’on a été mis trop tôt en position de sauveur.
« Ces personnes n’ont jamais été enlacées dans des bras qui les rassuraient, et ce qu’elles réclament à l’autre, c’est la part d’amour infantile qu’elles n’ont jamais reçu. Une quête insatiable, forcément », explique Stéphanie Haxhe, psychanalyste à Marie Claire
Il peut aussi s’agir de personnes hypersensibles, qui ne se sentent aimées qu’en prenant soin de l’autre. L’image qu’elles ont d’elles-mêmes est tellement pauvre qu’elles ont besoin que l’autre leur renvoie une image positive d’eux-mêmes. Sauf qu’au bout d’un moment, les sauveur.se.s ne s’occupent plus du tout d’eux-mêmes et peuvent devenir agressif.ve.s. Il.elle.s ne savent pas correctement exprimer leurs besoins et en veulent à l’autre.
Syndrome du sauveur : comment s’en sortir ?
La première étape, et la plus fondamentale est d’en prendre conscience. Demandez-vous pourquoi vous vous mettez dans cette position. Réfléchissez à tout ce que vous perdez : l’estime que vous avez pour vous, vos aspirations, votre énergie, vos ressources.
Après avoir fini d’aider l’autre, vous ressortez épuisé émotionnellement et psychologiquement. Il faut alors faire un travail important d’introspection pour trouver votre place et être aimé.e pour ce que vous êtes plus que ce que vous faites. Vous pouvez également demander de l’aide à un.e professionnel.le. Il.elle saura vous aider.
À l’aise avec vous-même, vous donnerez alors de façon plus adaptée, plus proportionnée voire de façon plus efficace votre aide, votre amour, votre affection. Il n’y a plus qu’à passer le pas vers une reconnaissance de votre valeur. Êtes-vous victime du Syndrome du sauveur ? Dites-nous tout sur le forum, catégorie Confiance en soi, S’accepter.