À l’heure où la mode est au développement personnel et à la pensée positive, il convient de s’interroger sur notre place dans cette société à l’individualisme ascendant. Et si l’enfer ce n’était pas les autres, mais nous ? Et si vous aviez des comportements toxiques avec vos proches ? En voici 5 attitudes symptomatiques.
Pourquoi s’interroger sur sa toxicité ?
Depuis quelques années, les articles et livres sur la question de la toxicité en couple, en amitié ou en famille pleuvent. Il est vrai que ces ouvrages peuvent être bénéfiques pour de nombreuses personnes. En revanche, l’écueil de l’apologie de la victimisation ou de la déresponsabilisation n’est pas rare. Peut-être est-il temps de s’imposer un peu d’objectivité et de s’interroger sur sa propre nature nocive envers les autres.
C’est exactement ce qu’a fait la comédienne et auteure Christine Berrou après qu’une amie ait décidé d’arrêter leur amitié, la considérant toxique. Par la suite, elle a décidé de s’analyser, a réalisé que son amie était dans le vrai et a donc entrepris un travail sur elle. De cette expérience, la chroniqueuse a tiré un livre : Le jour où j’ai réalisé que la personne toxique, c’était moi (First, 2021).
Les signes d’un comportement toxique
1 – Avoir un comportement passif-agressif
Popularisée par les séries, les films et les réseaux sociaux, la dénomination « passif agressif » est couramment scandée dans les disputes de couple, d’amitié ou de famille.
Selon la psychologue Chantal Prévost, un comportement passif agressif est « un trait de caractère présent en chacun.e de nous, qui se traduit par une communication indirecte, une méfiance exagérée à l’égard de l’entourage qui s’épuise de ses rancœurs, de ses phrases cryptées, de ses sourires en coin”. C’est-à-dire qu’au moyen d’insinuations et d’une communication indirecte, la personne exprime une certaine agressivité ou sa frustration tout en restant stoïque.
2 – Tomber dans la facilité de la victimisation
Christine Berrou se qualifie elle-même de drama queen dans son opus. Elle explique clairement que les personnes toxiques ont tendance à rendre l’autre responsable de ses malheurs. Ou bien elles justifient tous leurs comportements par leurs traumatismes passés :
« On justifie tout ce qu’on fait de mal par nos traumas passés et on s’entoure de gens tout aussi toxiques que nous, parce que ça nous conforte dans notre idée de ce qu’est la vérité et la seule façon de vivre avec authenticité »
Se complaire dans la victimisation est aussi un bon moyen de recevoir de l’attention et du réconfort des autres. Les personnes toxiques ont également une tendance à se servir des disputes pour reporter la discussion sur soi, ses valeurs et convictions afin de culpabiliser l’autre.
3 – Faire preuve d’un manque de confiance en soi
La carence d’estime de soi est à la racine de bien des maux psychologiques, dont la toxicité. Cela mène à une culpabilisation et une exigence constante de soi, vite reportées sur les autres. De plus, cette rigidité pousse à exagérer chaque faux pas et se victimiser à nouveau.
4 – Se plaindre beaucoup
Les personnes au comportement toxique sont souvent dans la complainte, dans le sarcasme désagréable. Elles maugréent souvent et se placent au centre de l’attention par la plainte.
D’ailleurs, elles ont tendance à se détourner lorsque la discussion ne porte pas sur elles. Être incapable de se réjouir pour les autres est dans la lignée de cet état d’esprit. En somme, les personnes toxiques sont souvent égocentrées. En ramenant tout à soi ainsi, elles cherchent à tout prix la validation de leurs malheurs par les autres.
5 – Être de mauvaise foi
L’une des plus grandes caractéristiques d’un comportement toxique est l’impossibilité à reconnaître ses torts. L’autrice Christine Berrou confie :
« Quand on a un comportement toxique, on se fait justice à soi-même en permanence. On se trouve toujours des excuses quand on fait quelque chose de mal »
Alors, pour se défendre, elle projetait sur ses proches ses propres manques affectifs, sans pour autant les admettre. Le dessein est que l’autre se sente responsable.
Être toxique, une notion nuancée
Si vous vous reconnaissez dans ces signes, sachez tout d’abord que cela ne fait pas de vous une personne toxique en général. En effet, ce n’est pas parce que vous êtes toxique avec une personne que vous l’êtes avec tout le monde. De la même manière, une personne peut ne pas vous apporter du bon, mais être saine pour son entourage. En réalité, il s’agit plutôt d’apprendre à repérer ses comportements toxiques pour travailler dessus.
Comme l’explique la psychologue Perpetua Neo, il faut distinguer le fait d’être une personne toxique et celui d’agir de manière toxique. Elle écrit :
« Le premier relève de l’essence même de notre individualité, du fait de prendre plaisir à blesser les autres. Alors que le second correspond à des aspects de notre comportement qui, parfois, sans que l’on s’en rende compte, viennent prendre le contrôle de nos actions »
Que faire pour ne plus être toxique ?
La première chose à faire est, comme bien souvent, de prendre conscience de sa propre toxicité. Le déclic peut venir de nombreux lieux. Pour Christine Berrou, il s’agissait de la confrontation de son amie (entendez ici la possibilité que l’ami.e soit n’importe quel.le proche). Mais cela peut aussi tenir d’une lassitude de ses états dépressifs ou sa vie en général. L’autrice verbalise la nécessité de cette conscientisation :
« Quand vous vous disputez avec tout le monde, cela ne peut pas être que la faute des autres. Vous êtes aussi responsable de ce que vous faites »
Une fois cette étape passée, vous devrez certainement engager un travail sur votre empathie. En modifiant votre comportement, vous pourrez petit à petit faire évoluer votre personnalité. Le but est de devenir davantage bienveillant.e. avec son entourage. Pour cela, il vous faudra être plus accommodant.e avec les autres. Aussi, vous pourrez mettre en place des exercices de réflexions personnelles pour déceler les comportements à éliminer. Par exemple, analyser tous les soirs les querelles que vous avez eues pour déterminer le déclencheur (est-ce vous ?), les émotions que cela a provoqué chez vous. À ce moment-là, vous pouvez songer aux gestes à appliquer pour éviter cela à l’avenir.
Pour engager un tel travail sur soi et ses relations, une aide professionnelle peut être de bon augure. Un.e psychologue vous aidera à explorer votre passé puis vous accompagner dans vos démarches.
Avoir des comportements toxiques n’est pas une fatalité. D’ailleurs, le conscientiser et vouloir apaiser ses relations aux autres sont des preuves que votre toxicité n’est pas immuable. Alors, prêt.e à s’engager vers la voie de la rédemption ?
