Les personnes qui souffrent du Syndrome de Calimero sont des répliques humaines du petit poussin grognon à la coquille. Elles se plaignent de tout sans discontinuer comme si le sort s’acharnait sur elles. Pour elles, la vie est « vraiment trop injuste ». Au moindre rebondissement, aussi ridicule soit-il, elles crient au scandale. D’après les Calimero, la terre entière en veut à leur bonheur ou à leur réussite. Mais ces lamentations en cascade ne sont que des SOS maladroits fracassés sur le sol. Cette tendance à se victimiser cache un profond mal-être qui mérite l’attention générale.
Derrière les plaintes, une souffrance bien réelle
On les appelle les Calimero, certaines personnes passent leur temps à se plaindre de tout et de rien. Comme le célèbre personnage de dessin animé, elles pensent que la vie « est vraiment trop injuste » ; comprenez, elles se sentent victimes du destin qui semble conspirer contre elles.
À la plainte et à la victimisation s’ajoute aussi une tendance à la négativité. Ces personnes imaginent ainsi rarement une issue positive aux situations qui se présentent à elles. Une attitude qui si elle attire la compassion dans un premier temps finit par agacer voire même exaspérer leur entourage. Les personnes touchées par le syndrome de Calimero peuvent alors se sentir bien seules et incomprises ce qui aggrave encore un peu plus leur mal-être.
Car derrière ce besoin de se faire plaindre se cache souvent une douleur plus profonde à ne pas sous-estimer. La souffrance psychologique des Calimero est ainsi parfois bien réelle et surtout légitime ! Une chose difficile à comprendre quand les Calimero semblent se plaindre de tout, même des choses en apparence les plus insignifiantes…
Se plaindre, c’est ainsi chercher à attirer l’attention et la compassion. Deux choses dont certain.e.s individu.e.s ont peut-être manqué dans leur enfance. Se plaindre de tout et de rien peut aussi vouloir dire « Je vais mal, je n’ai pas confiance en moi, je me sens mal, et je ne sais pas quoi faire de cela ». Se victimiser, c’est enfin pour certain.e.s une façon de se déresponsabiliser ou de rejouer des scénarios passés dont iels sont prisonnier.ère.s.
Le syndrome de Calimero n’est donc pas toujours un simple trait de caractère. C’est parfois un mécanisme mis en place à la suite d’un événement ou d’une histoire difficile. Mais que l’on se rassure. Que l’un.e de nos proches ou nous-mêmes en soyons prisonnier.ère.s, il est toujours possible d’en sortir.
Comment guérir son syndrome de Calimero ?
Face à un.e Calimero, attention à ne pas entrer dans son jeu ou au contraire, à le.a culpabiliser. On peut en revanche l’amener à relativiser, à comprendre qu’iel n’est pas réellement la victime du destin et qu’iel peut avoir confiance en lui/elle.
On se pose quoiqu’il arrive des limites. Ce n’est pas à nous de sortir la personne de cette situation. Un accompagnement psychologique avec un.e professionnel.le sera parfois nécessaire pour remonter à l’origine du problème. Pourquoi se plaindre, se poser en victime, que cela cache-t-il ? Voilà des questions auxquelles un.e psychologue pourra aider à répondre.
Lorsque le syndrome de Calimero nous touche directement, une même approche s’impose. On peut tenter de comprendre l’origine du problème seul.e. Mais un travail avec un.e professionnel.le fera sans doute gagner un temps précieux. Encore faut-il arriver à surmonter son égo…
Pas facile en effet de reconnaître que l’on se complaît dans son rôle de victime. Il n’y a pourtant aucune honte à cela. Il faut par ailleurs comprendre que ce mécanisme ne nous protège pas, il nous maintient dans une position qui nous empêche d’évoluer. On a donc toutes les bonnes raisons du monde, aussi bien pour nous que pour notre entourage d’essayer de le dépasser.
1 – Exprimer clairement sa plainte
Les jérémiades s’attirent généralement le mépris et la lassitude des proches. À force de récidive, elles passent d’un cri puissant à un ridicule miaulement. Auprès de leur entourage, les Calimero apparaissent comme le nombril du monde et leurs gémissements permanents finissent par se perdre dans l’ignorance.
Les proches ramènent les Calimero sur terre à coup de « il y a pire » ou de « il n y a pas de quoi en faire un drame ». Pourtant, au fond d’elleux, les Calimero ont vraiment l’impression d’être blessé.e.s. Mais en râlant de façon « passive », iels ne font qu’anémier elleux-mêmes cette douleur qui les pèse. En effet, iels se plaignent comme iels respirent, sans « motifs valables », ni explications concrètes. Ça créée une barrière de langage avec les autres.
C’est seulement en verbalisant clairement leurs plaintes que les Calimero pourront se faire entendre. Tout réside dans le message. En exprimant une demande claire et concise, les Calimero verront des mains se tendre plus facilement. Ainsi, au lieu de se victimiser, les Calimero deviennent acteur.rice.s du changement.
2 – Apprendre à s’accepter
Le syndrome de Calimero se vit à l’aveugle. Les personnes qui en souffrent n’en ont généralement pas conscience. Elles sont comme prises en otage par leur mal-être. Pour lâcher cette coquille écrasante, elles doivent apprendre à regarder la réalité en face. Mais difficile de pointer le miroir en direction de ses défauts intérieurs.
Les proches peuvent alors venir en éclaireur.se et jouer sur l’inversion des rôles. Mais gare aux confrontations musclées qui ne feraient que nourrir des Calimero déjà bien en chair. En parallèle de cette perche sociale, les Calimero devront se frotter à un travail d’introspection en solitaire pour déchiffrer leurs plaintes et ainsi mieux les interpréter. Cela peut se traduire dans un journal de bord ou à travers l’art-thérapie.
3 – Chercher la racine de ses plaintes
Au-delà de s’enfermer dans leur misère, les Calimero prennent leur proche pour des « béquilles ». Iels comptent sur elleux pour lisser les plis de leur quotidien. Le chantage affectif est d’ailleurs leur meilleure arme. Même si cette méthode de manipulation est entièrement blâmable, elle n’est que le rude revers d’une carence affective héritée de l’enfance. Les adultes aux traits de Calimero étouffent leurs vrais besoins sous des doléances larmoyantes.
Cet amalgame fait directement écho à des cicatrices invisibles laissées par le tendre âge. Un père absent, une famille peu démonstrative, une mère distante, une fratrie explosée, un divorce, des disputes à répétition… le syndrome de Calimero se creuse presque par « dépit ». Il suffit de déterminer le point de départ de ces contrariétés pour aller de l’avant.
4 – Se faire accompagner
Pousser la porte d’un.e psychologue permet, entre autres, de déloger le mal à la racine. Lors d’une thérapie, le.a professionnel.le guide les Calimero sur le chemin de la réconciliation intérieure. Iel lui donne des clés de compréhension pour transformer la plainte en vraie requête concrète.
C’est une démarche proactive qui pousse les Calimero à s’interroger au-delà des surfaces. Ainsi, au lieu de se lamenter sur le bazar laissé dans la maison, les Calimero demanderont à chaque membre de la famille de ranger.
Le syndrome de Calimero n’est pas une fatalité. Une fois détecté, il permet aussi de se retirer d’un schéma de dépendance affective asservissant et d’une faible estime de soi. La coquille s’effrite et l’oiseau s’envole.