Avoir des garçons ferait vieillir plus tôt : mythe ou réalité ?

Ce n’est pas un mystère, après la naissance d’un enfant, les parents ont un mode de vie beaucoup plus éreintant. Entre l’excès de fatigue, les responsabilités dévorantes et les nouvelles obligations familiales, ils ont de quoi vaciller. Si cette expérience parentale aide à mûrir, elle fait aussi pousser des cheveux blancs avant l’heure. C’est notamment le cas si l’enfant est de sexe masculin. Du moins, c’est ce que suggère une récente étude. Selon les résultats, avoir des garçons ferait vieillir plus tôt et dégraderait prématurément l’état mental et physique des parents. Si vous pensez avoir pris dix ans en pleine face, ce n’est donc peut-être pas juste une impression. Ces petites ridules, ces articulations en vrac et cet esprit décadent trouvent certainement une réponse dans le couffin de votre bambin.

Avec des garçons, un déclin cognitif plus rapide

Si depuis que vous êtes parents, vous sentez que votre mémoire vous fait défaut et que votre visage s’est légèrement affaissé, ce n’est pas un hasard. Élever un.e enfant de ses gazouillis à sa majorité est à la fois épanouissant, mais également énergivore. Cependant, selon une étude publiée dans la revue National Library of Medicine, être parent d’un garçon coûterait encore plus cher à l’apparence et à l’esprit que d’avoir une petite fille. Pour dresser ce constat, des chercheurs de l’université Charles de Prague et Columbia de New York ont étalé leurs recherches sur 14 ans. Ils ont sollicité 13 222 parents avec au moins un.e enfant. Sur ce panel d’envergure, 10 872 d’entre eux avaient un fils.

Les participants ont ensuite dû se livrer à une batterie de tests cognitifs impliquant leurs capacités mentales, leur mémoire et leur temps de concentration. Ces examens réguliers ont donné lieu à des résultats, pour le moins déconcertants. Chez les parents qui ont un garçon, les chercheurs ont noté un déclin cognitif, qui se constate généralement passé un certain âge. Il semblerait que les mères soient d’autant plus affectées (comme si elles n’avaient pas assez avec le post-partum et la charge familiale). « Les mères de fils ont été observées comme ayant une mortalité cardiovasculaire accrue« , soulignent les scientifiques.

Avoir des garçons ferait vieillir plus tôt et causerait donc de sérieux dégâts de l’extérieur comme de l’intérieur. Cette analyse donne gain de cause aux clichés de genre qui prétendent que les garçons sont intenables tandis que les filles sont sages comme des images. Mais ces petits bonhommes et ces fillettes ne seraient-iels pas conditionné.e.s à ces comportements dès le berceau ?

Encore la faute aux stéréotypes de genre ?

Selon l’étude, avoir des garçons ferait vieillir plus tôt, non pas pour des raisons biologiques, mais plutôt sociales. Si pour l’heure, les chercheurs sont encore dans le flou sur les explications, ils ont tout de même fait le parallèle avec l’éducation inculquée aux enfants et les normes de genre. Dès leur plus jeune âge, les enfants baignent dans les stéréotypes.

Au-delà de la dualité le bleu pour les garçons et le rose pour les filles, d’autres biais sexistes plus insidieux façonnent la mentalité des bambins. Ainsi, un garçon sera encouragé à être fort, à se donner à la bagarre et à ravaler ses larmes tandis qu’une fille sera associée au soin, à la dévotion et au côté émotionnel. L’un s’amusera brutalement avec ses petites voitures alors que l’autre s’occupera minutieusement d’un poupon en plastique.

Comme le dévoile une étude de la BBC, ces clichés de genre s’infusent dès 5 ans et influencent les petites têtes blondes dans leur choix et leur attitude. Ils départagent les rôles de sorte que l’homme soit imposant et la femme obéissante. Inévitablement, avec ces préjugés « crasse » en toile de fond, les garçons seront plus tentés de tenir tête à leur parent et de les faire tourner en bourrique alors que les filles auront plus tendance à les épauler et leur tendre la main. Avoir des garçons ferait vieillir plus tôt, certes, mais ce n’est qu’un énième ricochet du patriarcat.

« Les parents de fils pourraient être plus facilement désavantagés plus tard dans la vie, car les filles apportent plus de soutien social que les fils et deviennent plus souvent des soignants informels », supposent les chercheurs.

Avoir des garçons ferait vieillir plus tôt, mais ce n’est pas tout

Récolter un garçon à la naissance use plus rapidement. Mais ces petits bonhommes ne sont pas les seuls fautifs dans cette vieillesse précipitée. D’autres facteurs peuvent aussi provoquer une dégradation corporelle précoce chez les parents et notamment chez les mères. C’est ce que révélait une étude portée par des chercheurs de l’université San Carlos aux Philippines et de Northwestern aux États-Unis.

Selon leur conclusion, le nombre de grossesses est directement relié à une accélération du vieillissement cellulaire. Pour faire simple, plus vous avez d’enfants, plus votre corps prend de l’âge. Chaque grossesse vous donne ainsi entre six mois et deux ans de plus. Un phénomène assez paradoxal puisque cette période de fécondation semble offrir un « rajeunissement » spontané. Comme si le bébé dans le ventre formait un « cocktail de Jouvence ».

Avoir des garçons ferait vieillir plus tôt, peut-être, mais ce n’est pas une vérité absolue. D’ailleurs, plus la société sera paritaire, moins cette étude fera sens. Finalement, tout dépend de la nature initiale de l’enfant. Un garçon peut très bien être calme tout comme une fille peut être une vraie tornade. Tout repose aussi sur l’éducation, bien souvent basée sur de vieilles caricatures.  

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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