Malgré la joie immense qu’elle suscite, la naissance d’un.e enfant peut aussi faire valser l’harmonie du couple. L’arrivée de ce petit être si fragile donne un bon coup de pied dans la routine. La vie à deux prend un virage radical et les nerfs sont à deux doigts de plier bagage. S’accaparer de ce nouveau rôle de parent demande un certain temps d’adaptation.
Faute de repères, le couple, même soudé, se voit dans une impasse. Et les disputes ne tardent pas à bercer le quotidien des jeunes parents. Cette crise éphémère se prénomme « baby clash » et se révèle plus commune qu’elle n’en a l’air. Explications.
Baby clash, qu’est-ce que ça signifie ?
Le quotidien à deux est loin d’être linéaire. Pendant toute sa durée de vie, le couple oscille entre amour idyllique et querelles électriques. Jalousie, gestion de l’argent, répartition des tâches ménagères… nombreux sont les sujets de discorde. Pourtant, il en existe un qui fait figure d’exception : l’arrivée d’un enfant.
Après neuf mois au chaud dans son cocon, bébé fait son apparition et invite à une véritable réorganisation. Finis les têtes à têtes romantiques, les escapades à l’autre bout du monde et les nuits paisibles, du moins ce n’est plus pareil. L’enfant est désormais au cœur de l’attention, ce qui peut rapidement faire basculer le couple.
Une crise de couple fréquente et inattendue
Enfiler le costume de parent, sans s’y être réellement préparé.e, c’est laisser la porte ouverte aux désaccords. Les activités à deux se font plus rares. L’emploi du temps est chamboulé par les exigences du nouveau-né. Et pour couronner le tout, le culte du « parent parfait » réveille des angoisses inédites.
Résultat : au lieu de savourer ce tendre événement, les partenaires se font grignoter par les conflits. Cette crise qui émerge souvent après une naissance est surnommée baby clash. D’ailleurs, elle concernerait 2 couples sur 3 selon une étude de l’Institut Elabe pour Wemom. Pire encore, 20 à 25 % des couples ne survivent pas après l’accouchement et décident de se séparer.
Les éléments déclencheurs du baby clash
Mettre un pied dans l’univers à la fois impitoyable et palpitant de la parentalité, c’est se frotter à de hautes responsabilités. Le couple doit construire une relation de famille stable, sans forcément savoir par où commencer. Cette étape demande de la patience, de l’écoute et surtout du dialogue. Sur son compte Instagram, Mélina, maman de deux enfants qui tient un blog autour de la parentalité décrit son baby clash sans tabou.
« Nous savions, mais nous n’avions pas imaginé un seul instant revivre tout ça à la naissance de Zélie. Repartir de 0. Les cris, les reproches, les colères, la libido en berne. Nous n’avions pas prévu de tout reprendre de 0, tout reconstruire, tout rebâtir pierre après pierre pour la seconde fois »
La peur de mal s’y prendre, la fatigue en toile de fond, le côté surprotecteur en pleine expansion, la charge mentale indéniable… Toutes ces nouvelles sensations qui jaillissent en même temps pèsent sur l’entente conjugale. Il suffit que d’anciennes querelles laissées en suspens s’en mêlent et c’est le débordement assuré. Cependant, le baby clash a des origines plurielles :
- Le père a l’impression d’être invisible. En rentrant de la maternité, dans les couples hétérosexuels la conjointe a mué en mère et prend sa mission à bras le corps. Certaines mamans débordent d’affections pour leur nourrisson, surtout lorsque l’accouchement a été rude. L’instinct maternel surgit de façon décuplée, comme une sécurité automatique. Les moments fusionnels sont entièrement réservés au bébé. Le papa se retrouve alors en marge de ce trio. Il n’est qu’un simple témoin de ce spectacle mère-enfant.
- La mère se sent seule. En neuf mois de grossesse, la future maman traverse des montagnes russes émotionnelles. Nausées, perte de cheveux, modification considérable du corps, hormones déchaînées… Durant la période post-partum, la mère a donc besoin de souffler. Mais de retour à la maison, elle se heurte à un conjoint désintéressé, voire fuyant. La maman doit donc s’occuper de bébé à plein temps, sans jamais pouvoir récupérer. Le baby clash est donc la seule riposte pour alerter son partenaire.
- Les blessures lointaines non résolues rejaillissent. Devenir parent peut remuer les souvenirs amers du passé. Oubliés ou volontairement cachés dans la zone blanche de la mémoire, ces traumas peuvent être violents. Enfance difficile, parents toxiques… peu importe la raison de cette remontée, elle peut mettre à mal les liens du couple. Il est primordial de se faire accompagner.
Quelques conseils pour éviter le baby clash
Le baby clash a généralement une durée de vie assez courte. Cette période de tourments passagère s’estompe dès que le couple a trouvé un terrain d’entente. Malgré tous ces bouleversements qui nous tombent sur la tête, il est important de garder le cap.
1 – Laissez place au dialogue
Une discussion posée avant la naissance est donc la bienvenue. Comment se partager les tâches ? Qui se lèvera la nuit ? Comment la reprise professionnelle va-t-elle se faire ? Toutes les questions sont légitimes et méritent d’être évoquées, à deux. Le fait d’échanger sur le futur bébé permet de conscientiser davantage son arrivée et de se mettre en condition. C’est une sorte d’entraînement avant l’épreuve ultime.
2 – Dites adieu à la parentalité parfaite
Souvent après la naissance, le couple passe par la case désillusions. La parentalité dorée sans embûches est de la pure fiction. Pourtant, cette image lisse encadrée par la société parvient encore à noircir la confiance des nouveaux parents. Les remarques parentales de l’entourage, elles, fusent.
Heureusement, de nombreux ouvrages bienveillants dépeignent l’envers du décor de la parentalité, sans filtres. Regret maternel, dépression post-partum, baby-clash… les sujets les plus tabous y sont exposés. Nous pouvons par exemple citer : « Le pacte des (futurs) parents« , « Journal de bord d’une maternité décomplexée » ou « Le guide miracle pour futurs parents épuisés« .
3 – Revoyez les questions de l’intimité
Quand on parle de baby clash, les reproches sur la sexualité ne sont pas exclus. Après l’accouchement, la libido est souvent en chute libre. La jeune maman a un appétit sexuel moins élevé, ce qui est normal. En cause : la sécheresse vaginale, les potentielles douleurs au périnée, les dérèglements hormonaux ou tout simplement la fatigue extrême.
L’acceptation de ces cicatrices qui témoignent de l’heureux événement demande un vrai effort. Difficile aussi de se créer une bulle intime lorsque les jouets et peluches de bébé campent dans la chambre parentale. Il est donc conseillé de redessiner les contours de son intimité, petit à petit, sans brusquer l’autre. La sensualité, la sensorialité et la sexualité s’envisagent différemment, voire plus intensément.
Moralité de l’histoire : restez positif.ve
Les baby clash mettent le couple à rude épreuve, mais ne se soldent pas forcément par une rupture. Même si bébé ne s’exprime que par des gazouillis, il subit aussi les tensions. Une étude américaine révélait d’ailleurs l’impact négatif des disputes entre parents sur le cerveau de l’enfant. Tourner une nouvelle page dans sa vie est délicat. Plusieurs brouillons sont parfois nécessaires pour réécrire l’histoire correctement.