Trouble du sommeil, distanciation affective, sentiment d’être vidé.e, au bord de gouffre… ce sont là autant de symptômes que les parents peuvent avoir quand la parentalité devient trop dure à gérer. C’est ce que l’on appelle le burn-out parental. Voici 8 signes qui montrent que vous êtes au bord de l’épuisement.
Le burn-out parental, un trouble encore trop méconnu
Le burn-out parental est un syndrome d’épuisement lié à une surcharge de stress chronique chez le parent. On remonte sa première mention aux années 1980, mais ce n’est qu’au début des années 2000 que la psychanalyse et la psychologie commencent à réellement s’y intéresser. À l’inverse de la dépression, le burn-out parental n’est pas reconnu comme une maladie. Il peine donc à être diagnostiqué. Il n’existe que très peu de recherches sur ce thème.
Les premières études portées dans la population datent de 2017. Ce sont les deux doctoresses en psychologie, Moïra Mikolajczak et Isabelle Roskam, qui décident d’enfin l’étudier à l’Université de Louvain (Belgique). De cette étude, les doctoresses ont tiré un livre : « Le burn-out parental : l’éviter et s’en sortir ». Elles y révèlent qu’en Belgique, ce syndrome touche 5 % des parents que 8 % de la population belge est à haut risque.
Le burn-out parental peut toucher la vie du parent concerné, mais il atteint aussi sa relation parent-enfant et celle entretenue avec son.a partenaire. Les disputes de couple peuvent notamment s’intensifier et envenimer la relation. Cette étude belge prouve que le risque de négligence sur l’enfant est multiplié par 13 et le risque de violence par 20.
Les causes du burn-out parental
- L’enfant primordial
Le syndrome de l’enfant primordial remonte aux années 1980-1990. Il théorise le fait que les parent.e.s contemporain.e.s feraient le maximum pour être aimé.e.s à tout prix de leur enfant. Cela implique un investissement physique et émotionnel constant. Ce phénomène est notamment dû à une société qui exige toujours plus d’investissement éducatif des parents et leur astreint un cahier des charges irréalisable.
- La pression des réseaux sociaux
Dans leur livre, les deux Belges Moïra Mikolajczak et Isabelle Roskam font un aparté sur la prégnance des réseaux sociaux dans le mal-être des parents. Si certains comptes aident à décomplexer et relativiser, d’autres nourrissent cette image de la parentalité parfaite et poussent plus ou moins consciemment à la comparaison voire la culpabilisation.
- La charge mentale des mères
Nous n’en parlerons jamais assez, la vie familiale est un lieu de pressions extrêmes pour les femmes. En effet, même lorsqu’elles ont une activité professionnelle, les femmes sont celles qui continuent à s’occuper majoritairement des enfants et de l’espace domestique. En plus de cela, elles sont un support émotionnel pour toute la famille. La société fait ainsi reposer sur leurs épaules le bien-être de chaque membre du foyer, ce qui peut générer beaucoup de stress.
Les signes qui montrent que vous être proches du burn-out parental
Maintenant que vous savez précisément ce qu’est le burn-out parental et qu’il n’est pas lié à une seule cause, voyons les signes qui montrent que vous êtes au bord de l’épuisement.
1 – Vous ressentez une fatigue profonde, mais vous n’arrivez pas à dormir
Le burn-out parental est caractérisé par un épuisement intense physique et émotionnel. Mais cette fatigue n’arrive pas à être soulagée par du repos. Autrement dit, cela vous donne l’impression qu’il vous faudrait des mois sous la couette pour être enfin reposé.e.
C’est un peu le serpent qui se mord la queue. Vous rêvez d’une bonne nuit de sommeil, mais lorsqu’elle arrive, des insomnies, des problèmes d’endormissement ou un sommeil non-récupérateur s’en mêlent.
2 – Vous perdez votre désir sexuel pour votre partenaire
Cela rejoint quelque peu le point précédent. La fatigue est telle que vous voyez les relations sexuelles comme une corvée supplémentaire. Vous n’avez pas de libido, peut-être des pannes et parfois même un désintérêt pour la vie de couple.
3 – Vous vous isolez progressivement
Vous êtes si épuisé.e que vous n’avez plus l’énergie pour vous investir dans vos relations, y compris avec vos enfants. C’est ce que l’on appelle la distanciation affective. Cela prend la forme d’une oreille peu attentive à ce qu’iels vous disent, d’une implication en berne dans leur éducation, d’une difficulté à leur montrer que vous les aimez.
Vous êtes en mode automatique : faire la cuisine, emmener les enfants à l’école, faire les devoirs, la toilette, les coucher. Mais vous n’êtes plus capable de vous investir davantage, vous vous sentez vidé.e.
4 – Vous avez des difficultés à réguler vos émotions
Vous vous surprenez par votre ambivalence des sentiments. Même si vous êtes certain.e d’aimer vos enfants, vous pouvez osciller entre l’amour-passion et le rejet parfois haineux à leur encontre. Ainsi, vous passez de la joie à la tristesse, de la fierté à la déception, et vous ne vous reconnaissez même plus dans cela.
Aussi, il peut vous arriver de perdre votre sang-froid, parfois dans la violence. Enfin, vous vous sentez incompris.e, pas entendu.e, traité.e injustement malgré vos plaintes.
5 – Vous avez une perte d’épanouissement dans votre rôle de parent
Vous en aviez rêvé, mais vous vous sentez de moins en moins à l’aise dans votre rôle de parent. Vous n’appréciez plus ces moments privilégiés que vous aviez et cela vous fait culpabiliser. Pour résultante, vous vous impliquez moins dans l’éducation et dans le soin de vos enfants.
6 – Vous avez le sentiment que les tâches quotidiennes deviennent insurmontables
Dès le réveil, la pensée des tâches à réaliser vous rend anxieux.se : vous vous en sentez incapable. La moindre action du quotidien, en particulier avec les enfants, vous paraît insurmontable et vous démotive pour le restant de la journée. À nouveau, le mode automatique prend la relève.
7 – Vous voyez votre estime de vous s’affaiblir
Votre perte de courage pour affronter le quotidien couplée à votre culpabilisation vous font perdre toute estime de vous. Vous avez la sensation de ne plus être capable de suivre le rythme et de réaliser toutes ces ambitions trop élevées. Alors vous pensez n’arriver à rien et ne voyez que ce que vous considérez comme un échec.
8 – Vous fuyez dans des comportements addictifs
Dans certains cas, il peut arriver qu’un.e des parent.e.s se réfugie dans des loisirs de manière excessive : les jeux, les sports, les achats compulsifs, l’alcool, les drogues, le sexe, etc.
Burn-out parental, quelles sont les solutions ?
Si vous pensez souffrir d’un burn-out parental, rassurez-vous : les chercheuses belges Moïra Mikolajczak et Isabelle Roskam ont déterminé qu’une fois que le trouble est identifié, il peut se rétablir rapidement. L’essentiel est de le diagnostiquer le plus vite possible.
- Dans un premier temps, vous pouvez vous rendre chez un.e médecin généraliste, il ne faut pas hésiter à changer de praticien.ne si vous vous sentez jugé.e. L’important est de se sentir en confiance.
- Ensuite, n’hésitez pas à faire appel à des personnes habilitées à vous accompagner : psychologue, coach en parentalité, associations de soutien. D’après l’étude menée par Moïra Mikolajczak et Isabelle Roskam, la meilleure solution est la participation à des groupes de paroles. Ils aident à décomplexer, lâcher prise, déculpabiliser, rencontrer des parents qui ont vécu la même chose que vous. Chercher de l’aide n’est pas un aveu de faiblesse, au contraire, c’est la preuve que vous avez la force de vous en sortir. C’est ce que soutient Stéphanie Allenou, fondatrice de l’association de soutien à la parentalité l’Ilôt Famillles :
« Il faut arrêter de penser que tout est inné, que tout est facile et, en tant que jeune parent, on a le droit de dire « stop, j’ai besoin d’aide » »
- Enfin, les doctoresses belges ont créé une application gratuite « Dr Mood burn-out parental » qui propose un test afin d’aider chacun.e à savoir si iel est concerné.e par le burn-out parental. Cette application permet aussi d’identifier ses difficultés, de connaître ses ressources et d’améliorer sa relation parent-enfant. Sans être un outil qui doit servir isolément, cette application peut être une aide complémentaire, un accompagnement à la maison.
Finalement, c’est lorsque vous aurez lâché prise sur tous ces dogmes que la société nous impose que vous pourrez vous sentir mieux. Le seul idéal qu’il vous faut suivre est celui que vous édifierez vous-même, et non celui de ces parents parfait.e.s des réseaux ou des publicités. Vivez pour vos idéaux, aussi imparfaits soient-ils, et surtout, faites-vous confiance !