Aborder le sujet délicat du cancer avec des enfants peut être une tâche complexe et émotionnelle. Que leur dire et de quelle manière ? Comment les rassurer alors qu’on ne l’est pas soi-même ? Les adultes se retrouvent souvent dans une situation difficile, essayant de trouver les mots justes pour expliquer une maladie qui peut être terrifiante. Pourtant, il est essentiel de communiquer avec les enfants sur ce sujet, car l’ignorance peut susciter des inquiétudes inutiles. À l’occasion d’Octobre rose, voici donc comment parler aux enfants du cancer.
Cancer et enfants : quand le dire ?
En premier lieu, un cancer ne doit pas devenir un secret familial pour épargner à l’enfant des inquiétudes. Là-dessus, psychologues et pédopsychiatres sont unanimes : ne rien lui dire ne servira qu’à l’angoisser inutilement. La maladie doit être annoncée au plus tôt. En effet, les enfants ressentiront forcément les changements comme la fatigue, l’inquiétude, le stress, iels sont comme des « éponges » dans leur environnement.
Il n’y a pas de bon moment pour annoncer sa maladie. L’annonce doit se faire, si possible, en présence des deux parents (si couple il y a), à un moment calme, en évitant le soir juste avant de se coucher. Pour cela, mieux vaut essayer de s’accompagner de votre conjoint.e ou d’un.e autre adulte de confiance, afin de modérer ses propres émotions. Car lors d’une telle annonce, c’est la gestion des émotions des parents comme des enfants qui est compliquée.
L’annonce du diagnostic aux enfants
Ensuite, les mots à employer viennent en fonction de l’âge de l’enfant. Ce qui semble important est de ne pas dire forcément tout de suite le mot « cancer », surtout au-dessous de sept ans. On optera plutôt pour les formules comme : « J’ai une maladie pour laquelle je dois me soigner longtemps ». Pour la psychanalyste Nicole Landry-Lattée, il est bon de donner une explication comme : « Dans le corps, nos cellules se renouvellent en permanence. Mais des fois, elles deviennent un peu folles ».
Et de poursuivre de manière rassurante, en expliquant qu’il existe des traitements, et que « tout le monde fait ce qu’il peut pour soigner ta maman ». Il sera possible de leur en dire plus si les enfants le souhaitent dans un deuxième temps, et d’expliquer les effets secondaires possibles des traitements. Ceci permettra aux enfants de ne pas confondre ces effets avec une aggravation de la maladie.
« Entre 7 et 11 ans, les enfants sont intéressés par le corps, les organes, les traitements et peuvent devenir de vrais scientifiques avec leurs questions techniques », explique Catherine Verdier, Psychologue-psychothérapeute-analyste pour enfants et adolescent.e.s. Pour les ados, mieux vaut employer des « mots d’adultes », afin qu’iels se sentent considéré.e.s comme tel.
Quelles réactions attendre des enfants ?
À l’annonce, chaque enfant réagira différemment, en fonction de sa sensibilité. Certain.e.s donneront l’impression de ne pas mesurer l’importance de cette annonce, en ne répondant pas et en allant dans leur chambre naturellement après la discussion. Mais iels auront entendu et compris, et viendront à échanger leurs émotions à leur heure. Selon Catherine Verdier, « il y aura les anxieux.ses, les enfants en empathie, celleux qui refuseront de parler ».
Chez les adolescent.e.s, les réactions peuvent être paradoxales. Il peut y avoir une réaction de déni, de colère ou de silence. La considération que la maladie devienne un empêchement à leur confort. Il peut y avoir aussi une forte inquiétude, et l’ado prendra ici un rôle d’assistant.e.
« Dans tous les cas, les adolescent.e.s ont besoin d’explications. N’exigez pas trop d’eux/elles, c’est important aussi qu’iels préservent leur vie, et qu’iels aient un.e adulte référent.e ou des bons copains pour « évacuer » », explique la psychologue Nicole Alby
Évacuer leur sensation de responsabilité
Enfin, il semble primordial que l’enfant ne se sente pas responsable ni coupable de rien dans l’arrivée de la maladie. Certain.e.s en effet peuvent penser que ce sont leurs réactions, attitudes ou notes à l’école qui auraient enclenché l’ambiance à la maison, et le cancer.
Il faut veiller alors à bien leur expliquer que l’origine du cancer n’est pas connue. Sans oublier de leur parler de l’amour inconditionnel qu’on leur porte et qui ne changera pas durant le traitement.
« C’est très important de dire a un.e enfant que cette maladie n’est pas de sa faute, que l’on ne sait pas pourquoi elle s’est déclarée. Les remarques que les parents ont pu faire sous le coup de l’énervement, comme « cet enfant me tue », « iel m’épuise », peuvent remonter lorsqu’un des parents est malade. Il faut le.a rassurer sur l’amour qu’on lui porte, même si on est souvent absent ou que l’on n’a plus l’énergie de s’occuper de lui.elle comme avant », rappelle la psychologue Nicole Alby
Parler aux enfants du cancer est une étape cruciale pour les aider à comprendre et à accepter qu’un.e être soit touché.e par cette maladie. Bien que cela puisse être délicat et émotionnel, il est essentiel d’aborder la question avec honnêteté. En leur offrant le soutien et l’amour nécessaires, vous pouvez les aider à développer des mécanismes de résilience face à l’adversité.