Charge mentale : les enfants aussi peuvent en souffrir

Consciemment ou non, nous adultes/parents, mettons beaucoup de pression sur les épaules des enfants. Entre les activités extrascolaires, la course à la meilleure note à l’école, et la modélisation de « monsieur/madame parfait.e » à la maison, nos petit.e.s se retrouvent complètement lessivé.e.s. Avant même d’avoir atteint l’âge adulte, leur charge mentale peut alors les faire souffrir. Pour libérer nos progénitures du burn-out enfantin, on vous présente quelques pistes pour vous aider.

Quand nos exigences les épuisent

Aujourd’hui 20 novembre, c’est la Journée internationale des droits de l’enfant. L’occasion de valoriser les actions éducatives mais aussi rappeler que les enfants ont des droits et qu’on se doit de garantir leur respect. Justement, ne culpabilisez pas quant a l’éducation de votre/vos enfant(s). On est tou.te.s pareil.le.s : on veut le meilleur pour eux. Sauf que cette quête à la perfection a forcément des répercussions sur notre façon de les élever, avec des exigences bien trop poussées.

Preuve en est, 42 % des adolescent.e.s sont concernés par des symptômes dépressifs plus ou moins graves. Ce chiffre alarmant est issu d’une enquête réalisée par Ipsos sur la santé mentale des 11-15 ans publiée hier 19 novembre.

Les cabinets de psychologues voient ainsi de plus en plus arriver en consultation des enfants anxieux, épuisés physiquement, avec parfois un trouble dépressif, voire des idées suicidaires. C’est le cas d’Aline Nativel Id Hammou, clinicienne spécialisée dans le domaine de l’enfance, et auteure du livre « La charge mentale des enfants« . Elle a théorisé l’idée.

Quand l’enfant devient un mini-adulte

Tout comme pour les adultes, la charge mentale se traduit ainsi par un ensemble d’opérations mentales qui envahissent l’enfant et qui saturent sa sphère cognitive, émotionnelle et psychologique. Cela pousse l’enfant à endosser des responsabilités qui ne correspondent pas à son âge et à aller plus vite dans les stades de développement.

Rappelez-vous que, pour votre enfant, vous êtes son/sa modèle numéro 1. Il.elle va alors faire attention à tout ce que vous faites, dites et vivez. C’est pour cela que le plus souvent, on remarque d’abord que lorsque l’enfant est surchargé cela provient du transfert du monde adulte dans sa vie d’enfant. En tant que parents, on est soumis.es à de multiples sources de pression : la sécurité intérieure, le chômage, l’environnement, l’argent, le travail… Sans compter les angoisses, alimentées par la presse du type « mon enfant est-il hyperactif, haut potentiel, hypersensible… ? ».

Ainsi, les enfants prennent conscience trop rapidement de la dure réalité à laquelle les adultes sont confronté.e.s et s’en inquiètent. On a donc affaire à un.e mini adulte qui rythme ses journées à coup de « Il faut que je sois comme si ou comme ça ». Il.elle.s ont alors le sentiment de n’être plus perçu.e.s qu’à travers leur statut d’élève, de leurs notes à l’école et de leurs capacités à réussir leur vie d’adulte.

La course à la réussite

On retrouve en second temps le poids de l’éducation bienveillante. Les parents ne veulent surtout pas frustrer leurs enfants. Ils vont alors proposer aux enfants toutes sortes d’activités qui vont devoir rentrer dans un véritable emploi du temps de ministre qui ne s’arrête pas au vendredi, mais continue aussi le week-end. Sans oublier que les activités ne sont pas toujours choisies par l’enfant lui-même. C’est une multiplication de sollicitations sociales, cognitives, émotionnelles, psychologiques qui va être trop à gérer, à analyser et à mémoriser pour lui.elle. Musique, langues, expos, sports… tout est bon pour lui donner toutes les chances de réussir sauf que…

La psychologue Aline Nativel Id Hammou alerte ainsi les parents sur les dangers de l’hyperstimulation : « Il est souvent demandé, voire exigé, que l’enfant soit super méga résistant à tout, qu’il soit capable de faire face à n’importe quoi, alors que certains adultes eux-mêmes en sont incapables ». Les parents essayent tant bien que mal de rendre leurs enfants « plus conformes » à la société.

D’autre part, dès qu’un enfant sort de sa sphère familiale, pour aller à l’école par exemple, il devient le représentant de sa famille aux yeux des autres, qui malheureusement, n’hésiteront pas à le juger. Ce phénomène social fait alors peser une pression supplémentaire sur les épaules des enfants à qui certains parents pourraient dire : « Tu nous représentes donc fais attention à ce que tu fais ».

La disparition du temps d’enfant

« Dépêche-toi, on va être en retard ! », « Mais tu n’as pas encore fini de manger ! », « Tu n’as pas le temps de jouer, on a rendez-vous chez le médecin ! ». Ces petites phrases répétées à longueur de journée, peuvent se révéler particulièrement stressantes pour un.e enfant.

Catherine Dolto, psychothérapeute, parle même de « maltraitance temporelle ». Pour les faire rentrer dans le moule de nos urgences préfabriquées, nous leur imposons au quotidien une dictature de l’horloge. Ce quotidien toujours pressé induit une frustration chez les plus jeunes qui n’ont qu’une idée assez vague de la temporalité.

Charge mentale : les signes qui ne trompent pas

Il est difficile pour un.e petit.e de verbaliser son mal-être, et de comprendre ce qui lui arrive, c’est donc son corps qui prend le relais. Et le mot clé de la charge mentale, c’est la confusion générale. On retrouve plusieurs symptômes qui devraient vous alerter : troubles du sommeil, troubles de l’humeur, crises d’angoisse, apparition de comportements addictifs, difficultés relationnelles, agressivité, troubles de l’apprentissage. Cela se traduit de plusieurs façons : un.e enfant qui perd le plaisir de jouer, de rire, qui ne s’intéresse plus à rien ou qui, pour faire plaisir, va constamment dire « oui » à tout.

Il.elle peut également avoir des comportements inadaptés (pleurer alors qu’il.elle reçoit un cadeau). Ainsi, l’enfant va se dépersonnaliser, car il.elle va se retenir de montrer qui il.elle est. Il.elle va toujours penser que c’est lui.elle le problème et que les adultes ont raison. L’enfant va alors peu à peu se retirer et s’isoler, car il.elle sent une espèce de pression sur lui.elle qu’il.elle ne comprend pas.

Comment aider nos petit.e.s ?

Laisser la situation s’installer peut avoir de graves répercussions. L’ensemble du développement de l’enfant va être touché, car le premier symptôme est la fatigue aussi bien physique que psychologique. Ouvrir les yeux sur le vécu de sa descendance est souvent compliqué. On a tendance à oublier que celle-ci ne perçoit pas du tout le monde comme nous.

Tout d’abord, il est important d’en parler au.à la premier.ère concerné.e et si besoin de consulter pour une thérapie familiale. Ensuite, veillez à faire le tri dans l’emploi du temps de l’enfant. Acceptez les temps off, les week-ends non planifiés, les plages horaires vides. Tenez-vous-en à deux activités maximum durant la semaine. Toute la famille aura aussi à y gagner si l’on ralentit le rythme.

De plus, passez vraiment du temps avec votre enfant. « Certains parents me répondent : ‘on mange ensemble, on fait les devoirs, je lui donne le bain’. Mais où est le temps d’échange et d’écoute, de partage d’intérêts ? », questionne la psychologue. D’autre part, essayez de vous excuser, sincèrement, quand vous faites une erreur, montrez que vous êtes imparfait.e pour déconstruire le mythe de perfection que votre enfant porte sur vous.

Souvenez-vous que lorsqu’un.e enfant s’exprime et dit « Non, je ne veux pas faire cela, je n’aime pas le cheval, je voudrais faire du badminton », c’est qu’il est en bonne santé psychologique, car il ne veut pas rester dans une sorte de fusion avec ses parents. Et, enfin et surtout, laissez à votre/vos enfant(s) le temps de grandir !

Connaissez-vous ce mal grandissant chez les enfants répondant au nom de charge mentale ? Partagez vos propres ressentis et conseils sur le forum, rubrique Grossesse, Futurs parents, Parentalité.

Léa Dechambre
Léa Dechambre
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