11 choses à savoir sur l’allaitement pour en finir avec les remarques désobligeantes

Lorsque vous devenez parent.e.s, la porte s’ouvre sur un monde de préjugés, mythes, idées reçues et conseils non sollicités. Ce phénomène concerne de nombreux sujets, notamment l’allaitement qui engendre de nombreuses remarques désobligeantes. Voici 11 choses à savoir pour en finir avec cela.

1 – Le lait maternel est bon pour la santé

L’allaitement n’est pas uniquement une occasion pour le.a parent.e de se connecter à son enfant. De nombreuses études qui démontrent tous les bienfaits de l’allaitement tant pour les nourrissons que pour l’allaitant.e.

Pour l’enfant, cela diminue les risques de gastro-entérite, d’infection bactérienne, de problèmes cardiovasculaires, de mort subite du nourrisson, d’allergies, de maladies respiratoires comme les pneumonies et d’infections ORL. À long terme, les études soulignent que l’allaitement prévient le risque de souffrir de diabète de type 1, d’obésité en plus de réduire le besoin traitement en orthodontie.

Pour l’allaitant.e, la tétée d’accueil permet de déclencher des contractions pour aider l’utérus à reprendre sa taille et sa place initiale. Aussi, l’allaitement réduit de moitié les risques de cancer du sein et de l’ovaire avant la ménopause. Il affaiblit aussi les risques de mortalité cardiovasculaire et favorise la perte de poids post-accouchement. On parle d’effet « dose-dépendant », c’est-à-dire que pour l’enfant comme le.a parent.e, les bénéfices augmentent à mesure que l’allaitement dure.

2 – L’allaitement a besoin de modèle et de soutien

L’allaitement est un sujet qui divise et suscite de nombreuses remarques. D’un côté, il y a les personnes qui considèrent choquant le fait d’allaiter en public. De l’autre, de plus en plus de mesures sont prises pour permettre aux allaitant.e.s de nourrir leur enfant en public en toute quiétude.

En vérité, il est important d’accompagner et de soutenir les personnes qui allaitent. Cette période peut être difficile à vivre. Dans la mesure où l’allaitement en public est souvent stigmatisé, ces personnes se sentent obligées de s’isoler pour allaiter. Iels peuvent se sentir incompris.e.s, seul.e.s et sont d’autant plus fragilisé.e.s. L’allaitement n’est pas un réflexe naturel pour tou.te.s.

Pour cela, il est sain de s’entourer de personnes capables de vous comprendre et vous conseiller. De nombreuses associations existent à ces fins : L’allaitement tout un art, L’or blanc, La Leache League, etc. Elles permettent aux allaitant.e.s de participer à des groupes de paroles et/ou d’avoir un.e marraine/parrain. Vous pouvez retrouver ce genre de groupes sur les réseaux sociaux. L’essentiel est de ne pas rester seul.e face à ses questions et inquiétudes.

3 – Allaiter abîme les seins est une idée reçue

Contrairement aux remarques souvent entendues, l’allaitement, s’il se passe bien, n’abîme pas la poitrine. La grossesse, le tabagisme, l’âge ou encore l’hérédité sont des facteurs connus de l’affaissement de la poitrine. En réalité, ce sont les paramètres qui entourent la grossesse qui peuvent abîmer la poitrine : changements brusques de volume, montée de lait puis sevrage parfois brutal.

Pour éviter que les seins soient abîmés, il est recommandé d’opérer une mise au sein précoce et de nombreuses tétées les premiers jours pour faciliter la montée de lait. Il vaut mieux préconiser un sevrage en douceur.

Alors, en principe, l’allaitement n’abîme pas la poitrine. Cependant, s’il ne se déroule pas bien (engorgements, mastites, abcès, mamelons sévèrement blessés) et est mal pris en charge, cela peut arriver. Aussi, il arrive parfois que des allaitant.e.s aient les seins tombants un peu plus après leur grossesse (prise de masse trop rapide) ou qu’iels perdent quelques tailles de bonnet.

4 – L’allaitement est à la demande

L’allaitement n’a pas forcément besoin d’être réglé comme une pendule. Malgré les remarques, il n’y a pas de rythme à s’imposer. En effet, il est possible que le nourrisson réclame à heures régulières, mais si ce n’est pas le cas : aucune inquiétude à se faire. En principe, plus le bébé tète plus il y a de lait.

Cela rend préférable l’allaitement à la demande, particulièrement les 8 premières semaines afin de stabiliser la production de lait. Pour vous assurer que votre enfant prend correctement le sein, mieux vaut surveiller ses couches plutôt que de lui imposer un rythme de mise au sein.

5 – L’allaitement ne doit pas être douloureux

Les premiers jours de montée de lait passés, l’allaitement ne doit pas être douloureux. Ce processus requiert un temps d’adaptation pour que les mamelons soient moins sensibles. Aussi, montée de lait signifie seins engorgés, lourds, tendus, chauds et parfois même fièvre.

Si après cela, une douleur persiste, c’est certainement qu’il y a un souci quelque part. La plupart des cas sont solvables très facilement. Il est possible que le nourrisson ne prenne pas bien le sein, qu’iel ait des freins buccaux restrictifs, qu’iel soit en pic de croissance, etc. Quant à l’allaitant.e, iel peut présenter des crevasses, un engorgement ou encore un canal bouché.

Si vous voulez vider un peu vos seins, vous pouvez utiliser un tire-lait avant chaque tétée. Et pour soulager la douleur, il ne faut pas hésiter à nourrir bébé dès qu’iel le réclame avec des tétées assez longues pour que les seins se remplissent bien.

6 – L’OMS et la reprise du travail

Qui a dit qu’allaitement était incompatible avec travail ? L’Organisation Mondiale de la Santé préconise six mois d’allaitement exclusif puis mixte jusqu’aux deux ans. Beaucoup pensent que la reprise du travail pose rapidement problème aux allaitant.e.s. Or, le Code du travail encadre l’allaitement au travail.

Ainsi, les droits des allaitant.e.s sont affirmés depuis 1973 par les articles L.224-2 L.224-3 L.224-4. Ils ont été réaffirmés et complétés récemment par des décrets du Conseil d’État. Ceux-ci permettent soit d’allaiter sur son lieu de travail, soit de disposer d’une heure par jour travaillé pour allaiter un bébé de moins d’un an (tirer son lait par exemple). Selon les conventions de l’entreprise, cette heure peut ne pas être rémunérée.

Alors, il est parfaitement possible de continuer à allaiter son enfant après la reprise du travail, même si les remarques que vous entendez vous disent l’inverse. Pour cela, il faut se saisir des outils mis à notre disposition et en alliant cela avec une bonne organisation.

7 – Exclusion de l’autre

C’est le grand reproche qui est souvent imputé à l’allaitement. S’il est vrai que les allaitant.e.s ont un lien particulier et exclusif avec leur enfant, cela n’empêche pas nécessairement l’autre de trouver sa place. Sans donner le sein, il est tout de même possible de participer au rituel de l’allaitement. Par exemple, les second.e.s parent.e.s peuvent porter le nourrisson dans les bras du/de la parent.e allaitant.e.

Iel peut créer des rituels avec son enfant pour enrichir le lien et la complicité. L’idée est de s’impliquer dans la vie de son enfant, sans pour autant délaisser l’autre. Les parent.e.s non-allaitant.e.s peuvent mettre en place des rituels de massage, de portage, de bain avec leur enfant. Iels peuvent aussi gérer participer à la diversification alimentaire et accompagner leur enfant à tous ses rendez-vous médicaux. Aussi, iels peuvent apprendre à utiliser la DAL (dispositif d’aide à la lactation) qui, en plus de soulager l’allaitant.e, permet d’apporter le lait autrement qu’au sein.

8 – Pas besoin d’une alimentation spéciale

Les spécialistes s’accordent sur ce point : sauf contre-indication d’un.e médecin, l’allaitement n’impose pas d’alimentation spécifique. Oublions donc tous ces conseils harassants que l’on entend à tout-va et qui sont une source de stress. L’essentiel est de maintenir une alimentation variée et équilibrée, avec un maximum d’aliments naturels, sans manger plus que notre faim.

Le menu des allaitant.e.s n’a pas d’influence majeure sur la qualité du lait, même pour les parent.e.s végétarien.ne.s ou vegan. D’ailleurs, les études montrent même que le lait produit par les végétarien.ne.s contient moins de polluants environnementaux que celui des autres.

Le cas des régimes végétaliens ou de certains régimes macrobiotiques, il faut en revanche s’assurer un apport de vitamine B12. De nombreux.ses végétalien.ne.s/vegan prennent tout simplement des compléments alimentaires.

9 – Il n’est pas interdit de boire de l’alcool et de fumer

L’allaitement est différent de la grossesse, certes, il n’est pas conseillé de boire de l’alcool ou de fumer, mais ce n’est pas interdit. Il est plutôt recommandé de ne pas allaiter son enfant pendant les deux heures qui suivent. La docteure Hélène Dembreville a écrit un mémoire intitulé Alcool, tabac et allaitement maternel : état des lieux et fondements des recommandations, orientations pour l’accompagnement.

Elle y explique que certaines substances toxiques absorbées par la mère allaitante n’ont aucune conséquence sur l’enfant parce qu’elles ne passent pas dans le lait, ou dans des proportions infimes. L’alcool, le tabac ou encore le café sont autorisés, tant que leur consommation reste raisonnable.

10 – L’allaitement gâche la vie sexuelle

Cet adage n’est pas si faux. Factuellement, nous remarquons que l’allaitement est à l’origine d’une baisse de sécrétion de progestérone et d’œstrogène. Celle-ci peut elle-même provoquer des sécheresses vaginales, voire une baisse de libido chez l’allaitant.e. Carole Hervé, conseillère en lactation IBCLC et auteure, relativise auprès de Santé magazine :

« L’arrivée d’un.e enfant dans un couple a quoi qu’il arrive souvent des répercussions sur la sexualité et la libido, allaitement ou non. »

Elle rappelle également que l’allaitant.e peut utiliser du lubrifiant, de nombreuses autres solutions existent pour continuer de s’épanouir sexuellement. Et si vous n’êtes pas actif.ve sexuellement avec votre partenaire, pas de panique, c’est totalement normal et chaque couple fonctionne à son rythme.

11 – Le cas des allaitements longs

Quelle durée idéale pour allaiter ?

La preuve des bienfaits de l’allaitement n’est plus à faire. En revanche, l’allaitement prolongé divise l’opinion. Les chiffres de la Direction de la Recherche et les statistiques émises par la DREES nous apprennent qu’en 2013, 66 % des nourrissons étaient allaités à la naissance. Cette part baissait à 40 % à 11 semaines, puis 30 % à 4 mois et 18 % à 6 mois.

« En 1979, la durée moyenne de l’allaitement dans le monde était de 4 ans. Depuis, l’industrie agro-alimentaire influence la réflexion sur la durée de l’allaitement et contribue à laisser entendre que le lait maternel ne suffit plus à partir d’un moment : ce qui est faux ! », explique Carole Hervé

La Société française de pédiatrie précautionne un allaitement jusqu’à l’âge d’un an. La promotion de l’allaitement est un des objectifs du Programme national nutrition-santé (PNNS). Ses recommandations d’un point de vue nutritionnel sont un allaitement exclusif pendant 6 mois au moins, jusqu’à la diversification alimentaire. Ainsi, le sevrage naturel de l’enfant se fait en moyenne entre 2 ans et 4 ans.

Mais la durée idéale d’allaitement est celle qui convient à la maman et à son enfant, et la poursuite de l’allaitement ne doit pas se faire à contrecœur. En cas de craintes, de difficultés ou d’hésitations, la mère allaitante ne doit pas hésiter à se rapprocher d’une consultante en lactation pour lui parler de ses doutes quant à la poursuite de l’allaitement.

Une notion temporelle floue ?

Le terme d’allaitement prolongé n’a pas de définition précise. Il varie en fonction des pays, des mœurs et des cultures. En France – et plus particulièrement dans les grandes villes – un allaitement de plus de 6 mois peut être considéré comme un allaitement long.

En Occident, on considère qu’un allaitement est long au-delà des 12 mois de l’enfant. Dans les pays scandinaves, ce sont plus de 60 % des enfants qui reçoivent encore du lait maternel à 6 mois, et en Suède ils sont même 72 %.

L’allaitement prolongé fait la polémique

Récemment, plusieurs mères ont fait polémique sur les réseaux. Elles s’appellent Sophie Rose, Denise Sumpter ou encore Lauren McLeod. Leur point commun est qu’elles allaitent toujours leurs enfants alors qu’iels ont entre 4 et 6 ans, et ne comptent pas s’arrêter de suite.

Leurs témoignages, alors qu’ils ont l’objectif de normaliser une belle expérience, sont vivement critiqués. Toutes ont créé des pages dédiées sur les réseaux sociaux afin d’aider les allaitant.e.s dans leur souhait d’allaiter longtemps sans honte. Elles n’arrêteront d’allaiter que lorsque leurs enfants le décideront, ce qui peut aller jusqu’aux 7 ou 8 ans.

L’allaitement long taxé de malsain : est-ce vrai ?

Ces cas sont la preuve que l’allaitement chez un.e enfant de plus d’un an est l’objet de commentaires désobligeants. Il est taxé de malsain, dégoutant. Certain.e.s suggèrent même que cela pourrait nuire au développement psychologique du bébé, le rendre dépendant, et même l’empêcher de grandir.

À cela, les mères répondent que leurs enfants impressionnent déjà par leur autonomie. Carole Hervé le confirme en s’appuyant sur le travail d’Agnès Vigouroux, psychologue et autrice du livre L’allaitement long expliqué à mon psy. L’inverse se confirme même.

Finalement, toutes ces remarques désagréables n’ont pas lieu d’être. L’allaitement ne repose que sur le rythme choisi par l’allaitant.e et son enfant. D’ailleurs, si l’allaitement est souvent présenté comme « l’option par défaut », le fait de ne pas réussir ou de ne pas vouloir allaiter ne fait pas de vous un.e mauvais.e parent.e.

Charlotte Vrignaud
Charlotte Vrignaud
En tant que journaliste spécialisée dans les médias et la culture, mon quotidien est une aventure passionnante au cœur de l'évolution culturelle et médiatique de notre époque. Mon rôle consiste à décrypter et à partager les tendances émergentes, les innovations et les récits captivants qui façonnent notre société.
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