Mon enfant refuse d’aller à l’école : 10 pistes pour réagir avec bienveillance

Ces dernières années, les psychologues remarquent que de plus en plus d’enfants refusent d’aller à l’école. De la migraine aux maux d’estomac, toutes les excuses sont bonnes pour rester à la maison. Alors que la phobie scolaire touche davantage de jeunes chaque jour, il est temps de briser cette incompréhension. Voici 10 conseils pour réagir avec bienveillance face au refus d’aller à l’école de votre enfant.

La phobie scolaire, un phénomène mal évalué

De nombreuses raisons peuvent expliquer le refus de se rendre à l’école. Généralement, elles tiennent de la phobie scolaire, trouble que la pédopsychiatre Gisèle George, préfère appeler « refus anxieux scolaire ». Il ne s’agit pas d’une maladie en soi. La professeure Marie-Rose Moro, pédopsychiatre ayant dirigé l’ouvrage Phobie scolaire, retrouver le plaisir d’apprendre, définit ce phénomène comme :

« un ensemble de symptômes qui ont pour conséquence que l’enfant ou l’adolescent.e ne peut pas aller à l’école. Ce n’est pas qu’iel ne veut pas y aller. Mais psychologiquement et, surtout, corporellement, iel est dans l’impossibilité de le faire. »

Les symptômes de cette peur se manifestent différemment selon les âges, explique le Docteur Lachal auprès de Santé Magazine. Chez les plus jeunes, cela commence par des maux de ventre, des céphalées, des nausées ou encore, des troubles du sommeil. Cela peut aller jusqu’à l’évitement (s’enfuir alors qu’iels sont sur le chemin de l’école). Puis, à partir du collège, ces symptômes se meuvent vers l’angoisse, l’inhibition ou encore les attaques de panique. Ajoutez à cela des épisodes d’école buissonnière.

On estime que 2 à 8 % des enfants scolarisé.e.s souffrent de phobie scolaire en France. Le pédopsychiatre estime que c’est une fourchette basse, ce serait un phénomène mal évalué. Par ailleurs, Marie-Rose Moro considère que la France se situe « dans le peloton de tête » des pays touchés. Elle estime qu’au regard de la hausse de cas entre la sixième et la troisième, il est évident que « nos ados ne vont pas bien et ne sont pas heureux.ses à l’école ». En cause selon elle ? Les méthodes pédagogiques du pays qui sont parfois ardues et peuvent stresser davantage les jeunes. En vérité, le refus d’aller à l’école des enfants peut s’expliquer de bien des façons.

Les (nombreuses) causes de la phobie scolaire

1 – Le harcèlement

L’une des plus évidente est bien sûr le cas du harcèlement scolaire. Selon l’Unicef, 700 000 enfants et adolescent.e.s sont victimes de harcèlement scolaire chaque année en France. Malgré de nombreuses campagnes menées à toutes échelles, ce phénomène est difficile à enrayer. Ceci d’autant plus que la montée en puissance des réseaux sociaux a largement encouragé le cyberharcèlement.

Le harcèlement scolaire s’illustre sous différents aspects : racket, insultes, violences physiques, intimidations, humiliations, rumeurs, dévalorisations, etc. La conséquence directe de ce comportement réside souvent dans le refus de se rendre à l’école. Des troubles du comportement alimentaire, des troubles dépressifs, des difficultés scolaires peuvent aussi en découler.

2 – La pression

Il arrive que le challenge de l’école soit trop difficile à supporter. Dès le plus jeune âge, on demande aux élèves de réussir à tout prix, d’affronter le regard des autres, d’avoir « une bonne réputation », etc. Pour beaucoup, c’est une véritable source d’angoisse. La pédopsychiatre Gisèle George observe :

« L’école a pris une importance capitale dans la tête des parents et dans la société actuelle, ce qui génère une pression énorme. »

Elle précise sa pensée par des exemples concrets. Parmi eux, le fait que l’on choisisse la maternelle en fonction des résultats de l’établissement au bac. Ou encore, le fait que nombreux.ses sont les professeur.e.s dans « une dynamique négative, avec des classes surchargées, des élèves et des parents qui ne leur font plus confiance. ». Elle ajoute à cela le fait que les enfants puissent faire preuve d’une violence extrême entre elleux.

Il se peut donc que votre enfant refuse d’aller à l’école à cause d’une mauvaise expérience à l’école, d’une mésentente avec un.e professeur.e, d’une peur panique des examens ou de difficultés d’apprentissage.

3 – La vie du foyer

Certain.e.s enfants et adolescent.e.s considèrent leur foyer comme un refuge. Alors, le refus de l’école s’apparente plutôt à un refus de quitter le domicile. Ce phénomène s’est vu aggravé par les confinements. Devoir quitter le foyer peut provoquer un sentiment d’abandon chez les plus petit.e.s.

Il arrive aussi qu‘un.e enfant ne veuille pas laisser son.a parent.e seul.e à la maison (chômage, maladie). Le Docteur Lachal a observé certains de ces cas,

« L’enfant est inquiet.e et développe une sorte de répulsion de l’école, préférant rester à la maison pour, en quelque sorte, surveiller son.a parent.e. »

Mon enfant refuse d’aller à l’école : quelles solutions ?

1 – Prenez votre enfant au sérieux

Lorsqu’un.e enfant refuse à répétition d’aller à l’école, ce n’est pas anodin. Cette réticence signale un problème d’ordre émotionnel, social ou scolaire. Alors, il convient de prendre l’enfant au sérieux, de se questionner sur la source de sa crainte, ou de ce revirement de situation si votre enfant aimait auparavant l’école. L’essentiel est de légitimer son ressenti, ce que l’auteur Alfie Kohn confirme :

« C’est certainement un appel à l’aide à certains égards, mais ce pourrait être une très petite chose. Il vous suffit de les écouter et de reconnaître ce qu’iels ressentent réellement. »

2 – Écoutez et communiquez avec votre enfant

Pour ce faire, il est indispensable d’amorcer une discussion avec votre enfant. Il s’agit de comprendre l’origine de son angoisse. En remontant le temps, vous pourrez sûrement mettre le doigt sur le moment où l’école est devenue un sujet difficile. Pour cela, le mieux est de parler calmement à votre enfant, il faut qu’iel comprenne que vous n’allez pas le gronder, mais l’écouter et le.a soutenir quoi qu’il advienne.

Vous pouvez commencer par lui parler de sa journée, lui demander s’il y a des personnes qui l’intimident, s’iel est mal à l’aise en classe. L’auteure Jane Healy nous apprend que l’aversion pour l’école peut être « le premier signal d’une difficulté d’apprentissage comme la dyslexie« . Alors, vous pouvez chercher s’iel est gêné.e par son écriture ou par la lecture à voix haute.

3 – Observez son comportement dans d’autres contextes

En fonction de l’âge de votre enfant, il peut être intéressant d’observer sa manière de se comporter en dehors de l’école. Par exemple, au cours d’anniversaires, de repas chez votre entourage. Si par exemple, iel n’est pas à l’aise lorsque vous n’êtes pas avec, ce peut être le signe de soucis d’insécurité et d’indépendance.

4 – Échangez avec le corps enseignant

En plus de discuter avec votre enfant au sujet de son refus d’aller à l’école, vous pouvez échanger avec son enseignant.e. Il s’agit de savoir s’iel a remarqué quelque chose de particulier dans le comportement de votre enfant ou dans sa vie écolière.

Par la même occasion, vous pourrez signaler au corps enseignant que quelque chose ne va pas. Il se peut que votre enfant ne vous ait pas tout dit ou même qu’iel ait oublié la cause même de sa peur. Ne reste alors que le sentiment de mal-être associé à l’école, d’où le refus d’y retourner.

5 – Parlez avec les autres parents

Dans la même optique, discuter avec les autres parents est une bonne idée pour élucider le problème. Vous saurez ainsi si votre enfant est le.a seul.e a éprouver ces difficultés liées à l’école. Il est aussi probable que ses camarades aient évoqué certaines choses à leurs parents à propos de votre enfant, qu’iel n’ose pas vous confier.

6 – Ne véhiculez pas une image négative de l’école

Le pédopsychiatre Jean Epstein recommande de ne pas transmettre une image négative de l’école car cela renforce l’appréhension autour de ce lieu. De la même manière, il est contre-productif de faire usage de discours tels que « Si tu es méchant.e, on t’emmène à l’école… ! ».

Il est donc recommandé de ne pas dénigrer l’instituteur.rice devant votre enfant. C’est une figure de référence pour votre enfant, un repère à ne pas déstabiliser. Alors, si votre enfant refuse d’aller en classe à cause d’une mauvaise expérience avec son.a professeur.e, n’hésitez pas à prendre rendez-vous et à y emmener votre enfant. L’enjeu sera de rétablir une relation de confiance.

Opérer le comportement inverse, c’est-à-dire tenir un discours trop élogieux sur l’école, est aussi vain. D’une part, cela peut créer une culpabilité auprès de l’enfant qui ne s’y plaît pas et donc renforcer son mutisme. D’autre part, à l’âge de la maternelle, les enfants ne peuvent pas comprendre ces enjeux. Alors de tels discours peuvent accentuer leur refus d’aller à l’école.

7 – Surveillez le sommeil de votre enfant

C’est une chose à laquelle on ne pense pas nécessairement, mais votre enfant peut tout simplement ne pas aimer se lever tôt le matin. De là peut naître son refus d’aller à l’école. Il convient donc de s’assurer qu’iel dort suffisamment et que son sommeil est qualitatif.

Il est possible que sa chambre ne soit pas adaptée au repos (encombrée, pleines de couleurs vives, trop lumineuses, etc.). Des astuces peuvent être mises en place pour lutter contre la peur de la nuit ou les troubles du sommeil chez l’enfant. Vous pouvez aussi vérifier qu’iel respire correctement la nuit. Aussi, si votre enfant est préoccupé.e ou présente des problèmes psychologiques, cela affecte certainement son sommeil.

8 – Proposez-lui un programme pour sa sortie d’école

Différent.e.s psychothérapeutes expliquent que le refus d’aller à l’école vient souvent d’un malentendu. Votre enfant croyait que l’école ne serait que pour un jour, iel n’avait pas compris que ce serait son quotidien. Pour y remédier, vous pouvez lui proposer des activités qu’iel aime pour sa sortie de l’école. Cela lui donnera la volonté d’affronter cette nouvelle journée.

Aussi, si le refus d’aller à l’école se présente dès le deuxième jour, vous pouvez l’emmener au parc. Une fois sur place, faites lui remarquer que les autres enfants sont absent.e.s et interrogez-vous : « Mais où peuvent-iels être ? ». Alors, à l’heure de la récréation, rapprochez-vous de l’école pour qu’iel entende ses camarades s’amuser. Proposez-lui alors de les rejoindre pour l’après-midi avant de venir le.a récupérer pour faire des activités récréatives.

9 – Utilisez la « journée personnelle »

La pédopsychiatre et autrice Sara Bennett, est une partisane de « la journée personnelle ». Il s’agit de permettre à votre enfant de ne pas aller à l’école, de temps à autre. Parfois, si les enfants refusent d’y aller, c’est simplement qu’iels ont besoin d’une pause.

« Les adultes ont la possibilité de prendre des jours de congés, pourquoi ne pas étendre ce même droit aux enfants ? L’idée est bien sûr de garder un lien avec l’école et de simplement trouver avec l’enfant ou l’adolescent.e des stratégies pour qu’iel continue à y aller »

Alors, quand votre enfant se réveille un matin et affirme qu’iel ne veut pas aller à l’école, vous pouvez lui proposer d’utiliser un de ces jours personnels. La pédopsychiatre explique même que le simple fait d’avoir ce choix suffit souvent à l’enfant pour se décider à aller à l’école.

Dans les cas de phobie scolaire avérée, il est parfois nécessaire d’aménager temporairement sa scolarité. Cela doit se faire en accord avec un.e psychologue ou le.a médecin. De son côté, le docteur Lachal précise que l’important est aussi de favoriser les activités extrascolaires afin de garder les liens avec les ami.e.s. Il constate que les phobies scolaires se règlent généralement plus vite chez les petit.e.s.

10 – N’hésitez pas à prendre un avis médical

Si, en tant que parents, vous n’arrivez plus à gérer le refus de votre enfant d’aller à l’école, de l’aide extérieure peut vous être prodiguée. Il faut agir vite selon la Docteure Gisèle George :

« Un.e enfant qui ne veut pas aller à l’école, c’est préoccupant. Les parents doivent consulter rapidement le.a médecin de famille ou un.e pédopsychiatre pour essayer de comprendre et mettre vite en place une prise en charge psychopédagogique. »

Diverses méthodes sont mises en place dans ces cas. Parmi elles, la thérapie menée par un.e psychologue ou un.e pédopsychiatre. Elle s’intéressera au comportement d’évitement, aux difficultés scolaires et parfois familiales. Dans le même temps, vous pourrez améliorer la communication avec votre enfant et lui assurer votre soutien inconditionnel.

Trop souvent considéré comme un caprice d’enfant, le refus d’aller à l’école cache en réalité une véritable angoisse. Nourrie de nombreux événements, elle doit vite être prise en charge afin de vivre sereinement son enfance/adolescence.

Charlotte Vrignaud
Charlotte Vrignaud
En tant que journaliste spécialisée dans les médias et la culture, mon quotidien est une aventure passionnante au cœur de l'évolution culturelle et médiatique de notre époque. Mon rôle consiste à décrypter et à partager les tendances émergentes, les innovations et les récits captivants qui façonnent notre société.
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