Être enfant unique, c’est vivre dans un cocon paisible, sans frères et sœurs qui se chahutent en permanence. C’est profiter d’une tranquillité appréciable, loin du bizutage savamment orchestré des grandes fratries ou des prises de tête pour une simple télécommande. Mais c’est aussi affronter une armée de clichés, à la fois péjoratifs et complètement faux. Pourri.e gâté.e, égocentrique, timide, capricieux.se, mais assidu.e à l’école, l’enfant unique est le.a vilain.e petit.e canard/cane de la société. Il est temps de redorer son statut en brisant ces 6 idées reçues.
L’enfant unique s’ennuie rapidement
L’image de l’enfant unique perdu.e au milieu d’une masse de jouets considérable, la mine triste, inonde l’imaginaire collectif. Pas de prises de catch inattendues avec un frère trop brusque ni de jeux de rôle avec une sœur à l’acting époustouflant. Un.e enfant unique grandit avec pour seul compagnon de route : la solitude. Contrairement à ce que l’on peut penser, c’est tout sauf une fatalité.
C’est même une porte ouverte sur la créativité. Sans complices attitrés, l’enfant unique se forge un monde fictif dès le plus jeune âge, oscillant entre copains/copines imaginaires, histoires d’invention, monologues avec poupées et autres créatures immobiles. Selon une étude chinoise de 2017, les zones du cerveau les plus actives chez les enfants uniques seraient celles de l’imagination et de la réflexion. Savoir se distraire dans le calme le plus plat est un défi que les enfants uniques relèvent haut la main.
Iel est tout le temps couvé.e
« Tes parents répondent à tous tes caprices”, « c’est facile pour toi, tu es le centre de l’attention”, « tu dépends trop de tes parents, tu n’arriveras jamais à te débrouiller seul.e”. Voilà un petit extrait des phrases que les enfants uniques entendent en boucle. D’un point de vue extérieur, iels semblent avoir un cadre de vie royal. Au moindre bobo, maman accourt pansement en main, à chaque larme, les cadeaux affluent et au premier cauchemar, l’enfant finit dans le lit parental. Ces idées banalisées sont très théâtrales.
En effet, iels ne connaissent pas les dures lois de la fratrie, de l’amour partagé et de la rivalité. Cependant, les enfants uniques, bien qu’iels reçoivent des vagues de tendresse régulières, subissent aussi une pression plus forte. Seuls espoirs des parents, iels se sentent inconsciemment obligés de flirter avec la perfection au risque de les décevoir.
Iel est moins sociable
Le mythe de l’enfant unique, sage, isolé.e dans son coin qui vire au rouge tomate dès qu’un.e enfant l’approche est aussi tenace que l’odeur de l’effaceur sur les doigts. Les enfants uniques évoluent dans un environnement familial assez fermé, peu propice à la découverte de l’autre. Mais cette expérience ne fait pas toujours d’elleux des timides maladif.ve.s ou des agoraphobes.
Justement, pour combler ce vide à la maison les enfants uniques cherchent souvent à conjuguer l’amitié au pluriel. À l’inverse, un.e enfant ayant toujours connu les brimades des frères et sœurs peut exprimer un besoin quasi vital de rester en solitaire une fois à l’extérieur. Finalement, tout dépend du tempérament de chacun.e.
L’enfant unique excelle toujours à l’école
Aucune étude ne confirme cette théorie. Certes, au moment des devoirs, les enfants uniques peuvent compter sur l’appui de leur parent, alors plus disponible que lorsqu’il y a trois enfants d’âge différent à gérer en même temps par exemple. L’enfant unique a aussi tendance à enjamber la maturité de façon précoce. Pas de « pipi caca”, de blagues à toto ou encore de canulars téléphoniques à base de « allô, à l’huile ».
Les enfants uniques baignent dans l’univers adulte sans vraiment faire de détour par la case langages de « bébé ». Iels acquièrent donc un vocabulaire riche plus rapidement. Mais les enfants uniques ne sont pas tou.te.s des mini génies. Le Petit Nicolas en est un exemple emblématique. Lui, excelle dans l’art des bêtises et vise le titre de meilleur cancre de la classe. Soit tout l’inverse de ce portrait scolaire impeccable des enfants uniques.
Iel déteste les compétitions
Il est vrai que vivre au sein d’une fratrie est un excellent moyen de travailler sa répartie et de sculpter des punchlines en béton armé. Les frères et sœurs sont dans un duel permanent. Que ce soit le fameux « qui arrivera en premier devant la porte de la maison ?” ou le régulier « c’est celui qui perd qui met la table”, les frères et sœurs s’affrontent, presque naturellement. L’enfant unique, lui/elle, hormis les parties de Docteur Maboul, ou les Uno avec mamie ou papie, débarque en société avec un léger désavantage.
Mais à la crèche, à l’école ou au centre aéré, ces lacunes seront largement comblées. Que ce soit au gré d’un « tomate ketchup” ou d’un épervier dans la cour de récré, l’enfant unique se fera rapidement une idée de l’échec et de la compétition. C’est surtout une question d’habitude.
Un.e enfant unique est égoïste
Entre chevilles enflées et melon, les enfants uniques auraient-iels un égo surdimensionné ? Pas vraiment si l’on en croit une étude allemande menée auprès de 2 000 enfants uniques. Iels n’ont pas plus de risque de devenir narcissiques que les autres enfants, élevés dans une fratrie.
En revanche, cette enquête scientifique souligne deux possibles influences qui dopent ce comportement : la survalorisation par les parents et les attentes parentales exagérées.
Ces clichés puisent leur source dans le syndrome de l’enfant unique, une conception qui remonte au début des années 1900. D’où leur mauvaise réputation. Heureusement, Natalie Portman, Elvis Presley ou encore Léonard de Vinci prouvent par A plus B qu’être enfant unique est surtout une chance.