Lorsqu’on revêt le costume de parent, on fait abstraction de toutes les misères du monde et on préfère épargner nos enfants de tous les sujets graves. Violences sexuelles, consentement, catastrophes naturelles, terrorisme… autant de problématiques qui trônent en maître dans les Une des journaux et sur nos écrans de télévision. Pourtant, on préfère plonger ces thèmes sensibles dans le silence pour préserver la part d’innocence de nos petites têtes blondes. Cependant, entamer le dialogue est essentiel et salutaire. Une mission rude, mais de la plus haute importance.
Une curiosité en éveil
Au quotidien, nos bambins sont inondés d’informations parfois difficiles à digérer. Devant leur candeur, on a tendance à rapidement s’emparer de la télécommande pour changer de chaîne ou à contourner le sujet pour ne pas les choquer. Mais leur curiosité naturelle prend souvent le dessus et les questions fusent dans leurs esprits.
« Dis maman, est-ce que le virus va tous nous faire mourir ? », « Pourquoi à la télé, on voit des gens tirer partout ? », « Pourquoi mamie elle est partie au ciel ? », « Est-ce que toi aussi tu vas y aller papa ? »… ces interrogations tout à fait légitimes, voire même existentielles méritent un éclairage de votre part. Les enfants ont le don de ressentir tout ce qu’il se passe dans la maison.
Ils observent, analysent et perçoivent les changements. La peur, le stress, la tristesse… Ils décryptent chaque émotion. Mettre des mots sur les sentiments et les situations rassure l’enfant et lui donne une impression de contrôle. Pour vous aider, voici quelques clefs afin d’évoquer des sujets graves sans crainte.
1 – Utilisez des mots simples
Pour ne pas aborder un sujet de manière cru, il est important de se mettre au niveau de l’enfant et d’adapter son discours. S’ils voient des images de tsunami ou de tempêtes, il faut restituer le contexte et expliquer, avec des mots à leur portée, comment ce phénomène se manifeste. Mettez-vous à sa hauteur, regardez-le dans les yeux, et dites-lui posément qu’il s’agit d’un dérèglement.
Vous pouvez lui dire qu’il en existe plusieurs sortes : inondations, crues, cyclones, tornades… Veillez à toujours faire des phrases courtes et compréhensibles. L’enfant ne doit pas être noyé par un surplus d’information. Alors, allez droit au but. Pour ne pas tomber dans l’annonce rigoureuse et stricte, choisissez un moment du quotidien habituel.
Si, pendant le bain, il vous demande comment fonctionne son corps, n’hésitez pas à le prévenir que personne n’a le droit de toucher ses parties intimes. L’important, c’est de lui en parler clairement, sans ambiguïté.
2 – Ne détournez pas ses questions
Certaines questions peuvent vous mettre dans l’embarras ou vous prendre totalement au dépourvu. Ne paniquez pas si la réponse ne vient pas instinctivement. Il n’y a pas de piège. Si votre bambin se demande « Quand papa va retrouver du travail » ou « Quand mamie redescendra du ciel », difficile de trouver une parade. Mais vous pouvez l’éclairer avec le peu de ressources dont vous disposez, à savoir la maturité et l’habileté.
Le plus important est de ne pas ignorer l’interrogation de l’enfant, au contraire. S’il vous sollicite, c’est parce qu’il vous fait confiance et vous considère comme un repère. Vous pouvez juste répondre par exemple « Je ne sais pas la date exacte à laquelle papa va retourner au travail, mais il faut lui faire confiance. Il a tout pleins de qualités pour y arriver ! ». Après cela, il est possible que votre enfant reste sur sa faim. Mais allez y palier par palier. Il ne faut surtout pas se précipiter. Entre temps, vous pourrez y réfléchir et éventuellement en discuter avec votre conjoint·e.
3 – Appuyez-vous sur des supports pédagogiques
Savez-vous qu’il faut éviter d’allumer les infos devant vos enfants tant qu’ils n’ont pas passé la barre des dix ans ? En effet, ce qui passe sur nos écrans est parfois trop violent pour être accepté par les plus petits. Dès 6 ans, ils savent que ce qu’ils regardent au journal TV est réel, et peuvent développer le « syndrome du Grand Méchant Monde ». Cela signifie que votre enfant va amplifier les dangers qu’il voit et se cloisonner dans une bulle pour y échapper.
En revanche, vous pouvez diffuser des vidéos pédagogiques dans lesquelles le traitement de l’information est plus raisonnable. C’est le cas de l’émission « Arte Junior » pour le format audiovisuel ou « 1jour, 1actu« , un magazine papier très pertinent. Ces supports déchiffrent les actualités sans les rendre « rose bonbon ». Clairvoyants et ludiques, ils permettent à l’enfant d’appréhender le monde autrement et d’aborder des sujets graves subtilement.
C'est quoi, une crise économique ?
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Posted by 1jour1actu on Tuesday, January 26, 2021
4 – Ne cachez pas vos émotions
Souvent, on se crée une façade pour ne pas montrer à notre enfant que nous sommes tourmentés. Mais sachez qu’il n’est pas dupe et qu’il remarquera si quelque chose ne tourne pas rond. Vous avez le droit de vous confier à votre enfant, de lui faire part de votre malheur en douceur. Si vous avez un coup de blues et que vous faites tout pour retenir vos larmes pour ne pas inquiéter votre bambin, apprenez à vous lâcher.
Angoissé·e à cause du travail ? Surmené·e parce que votre patron vous donne trop de missions ? Vous craignez pour la santé d’un de vos parents ? Toutes ces périodes rudes font partie intégrante du quotidien. Plus tôt vous en parlerez à votre enfant, et plus tôt il comprendra que la vie est faite d’étapes difficiles.
5 – Soyez honnête
Parmi tous les conseils, celui-ci se positionne presque au sommet. Bien sûr, on préfère laisser notre enfant rêver et se forger une imagination débordante. On a cette folle envie de le voir grandir dans un monde sûr et serein. Mais aujourd’hui cela relève de l’utopie, de la fiction. Les enfants prennent rapidement en maturité, ils peuvent parfois être devins et comprendre que vous leur mentez.
S’il vous surprend, la voix tremblante au téléphone, les ongles rongés à sang, il comprendra que ça ne va pas. Alors, si vous lui sortez la phrase bateau « Ne t’inquiète pas, tout va bien », il sera plongé dans un flou total. Votre discours ne colle pas avec la réalité et cela ne peut que décupler le taux d’inquiétude de votre enfant. Soyez sincère et sans filtre.
Avec cette batterie de conseils, vous deviendrez un as de la pédagogie positive. Certes, les sujets graves peuvent sembler effrayants, mais votre enfant a besoin de repères et d’explications pour évoluer. Il sera mieux armé pour gravir les marches rugueuses de la vie.
Et vous, comment abordez-vous les sujets graves auprès de vos enfants ? Avez-vous des astuces ? Des conseils ? Venez vous exprimer en toute liberté sur notre forum, rubrique Parentalité.