Notre enfant doit être beau, gentil, avoir des bonnes notes, faire ses besoins au pot… bref il doit être parfait, avant même d’être né. On met autant de pression sur leurs petites épaules qu’ils finissent parfois par faire un burn-out. Oui, vous ne rêvez pas. Les enfants angoissés par peur de vous décevoir craquent. La solution ? Arrêtez toute cette pression. Décryptage de ces mots parentaux, qui provoquent des maux.
À l’origine, un mal-être parental
Facile à dire, mais difficile à faire… Vous aimez votre enfant et voulez le meilleur pour lui pourtant en lui faisant comprendre qu’il doit être bon partout, tout le temps, vous ne lui rendez pas service. On a tou.te.s déjà entendu le fameux : « Tu sais, il vaut mieux les préparer à la vraie vie. Plus tard, on ne leur fera pas de cadeau ! ».
Dans cette course à la performance, où s’arrête l’accompagnement bienveillant qui conduit l’enfant à développer ses talents et où commence la pression aux conséquences négatives ?
Cette quête de réussite sociale prend sa source dans le mythe contemporain de l’enfant parfait, vécu comme une prolongation de soi. Cela commence souvent pendant la grossesse quand les parents font des plans pour la vie de l’enfant. Sa mission : réparer, compenser et réaliser ce que ses parents ont « raté ».
Généralement, ils ont des attentes plus fortes parce qu’ils sont insatisfaits et fragilisés par les « réalités de la vie d’adulte » (travail, couple, incertitudes, stress…) auxquelles ils sont confrontés chaque jour. Les parents sous pression mettent alors la pression aux enfants, inconsciemment le plus souvent. Il ramène une mauvaise note ? C’est comme si on la leur avait infligée. D’ailleurs, c’est le premier domaine dans lequel on veut qu’il soit « parfait » : l’école, et toutes les activités extrascolaires qui vont avec.
« Tu dois avoir de bonnes notes »
Dès qu’on rentre dans ce système d’attente de résultats qui doivent, si possible, arriver rapidement, la seule chose que l’on demande à nos enfants après l’école c’est « Tu as eu un contrôle aujourd’hui ? Ça s’est bien passé ? Tu as eu combien ? ». Ou encore, « avec tout l’argent qu’on dépense en cours particuliers, tu as intérêt à bien réussir cette année ! ». Beaucoup d’enfants passent leurs vacances d’été sur des cahiers de vacances pour « bien se préparer à la rentrée ».
En plus d’exiger de bons résultats scolaires, on veut aussi qu’il excelle dans les activités extrascolaires. Des activités qui sont censées être justement des moments de liberté, de détente, sans jugement ni note. Les enfants ont souvent deux, trois, voire quatre activités par semaine, des fins d’après-midi hyperactives, et des mercredis bien remplis.
« Nous sommes dans une société de performance, de réussite sociale, de chamboulement des valeurs » explique Nathalie Isoré, psychopédagogue à Psychologies.
Judo, piano, natation, guitare, dessin… Les bouts de choux suivent le planning à la lettre jusqu’au jour où : ils n’ont plus envie de rien faire.
Une malédiction qui a des répercussions
Chaque fois que l’on va empêcher l’enfant d’être lui-même, il va se rebeller. Il va chercher à mettre en avant ses désirs. L’enfant ne désobéit pas, c’est les parents qui l’empêchent d’être lui-même. Ceux-ci ne seront plus un soutien, mais des personnes à satisfaire à travers des bonnes notes, un comportement parfait sans caprice, une politesse à toute épreuve.
Ces enfants sous pressions et stressés n’ont plus le temps de réfléchir à ce qu’ils sont, à ce qu’ils aiment, à ce qu’ils aimeraient faire. Le risque pour l’enfant ? Qu’il soit perdu, et une fois adulte, qu’il tombe dans la dépression. Ne se sentant pas à la hauteur, il se met en retrait, se sent « nul » et toujours en échec. Il porte le jugement de ses parents comme une malédiction.
Le chantage comme levier de pression
D’autres domaines sont souvent l’objet de pression parentale. Pour les plus petits, aller au pot par exemple. La question de la propreté est souvent un véritable enjeu social. En effet, la perspective d’une première rentrée en maternelle fait naître beaucoup d’attentes chez les parents.
Dire à un enfant « il faut que tu arrêtes de faire pipi dans ta couche, car bientôt c’est la rentrée » n’a aucun sens. Et lui ne comprendrait pas le rapport. De même du côté de l’assiette. Les injonctions du type « tu finis ton assiette sinon pas de dessert » sont très fréquentes. Les parents ne lui laissent pas le temps de savoir s’il aime vraiment les épinards avant de le forcer à en manger.
Prendre du bon temps avec son enfant
Si vous êtes conscient.e du problème, les solutions vous paraitront plus faciles. Tout d’abord, il faut faire un travail sur vous-mêmes. Mettez à distance vos angoisses. Pour ce qui est de l’école, faites confiance aux professeurs – sans multiplier les cours particuliers – et à vos enfants surtout.
Acceptez que vos enfants soient en période d’apprentissage : ils se trompent, échouent et à l’inverse, ils réussissent, avancent à leur rythme. Certes, vous devez participer à son apprentissage, mais avec bienveillance et patience. Écoutez votre enfant avant de vous écouter. Passez du temps avec lui.elle pour créer un vrai lien hors des devoirs scolaires. Il est de même pour la question de propreté.
L’enfant prend conscience de son corps quand il n’a pas de couche et qu’il sent l’urine couler par exemple. De même, en voyant les mêmes aliments sur la table, mangés par tous sauf par lui, il sera plus curieux de les découvrir par lui-même, sans qu’aucune pression soit faite sur lui.
Aimez votre enfant tel qu’il est. Cela implique de renoncer à l’enfant rêvé, parfait, mais cela sera bénéfique pour l’avenir palpitant et grandiose, que vivra votre petit.e (promis).
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