Érection chez les enfants : 4 choses à savoir pour ne pas en faire un tabou

Si les hormones se déchaînent généralement à compter de la puberté, les premiers émois de l’intimité, eux, surviennent dès l’enfance. Les petites têtes blondes peuvent même découvrir leur sexualité bien avant de savoir tenir sur leurs deux jambes ou de prononcer des phrases cohérentes. L’éveil sexuel des enfants est totalement sain et normal. Cependant, lorsque les parents voient leur enfant se tripoter ou se donner du plaisir sur le coin d’une chaise, ils ont tendance à censurer le geste. Et si l’enfant daigne questionner « pourquoi mon zizi devient dur ? », c’est la syncope assurée. Pour mieux comprendre et expliquer l’érection chez les enfants, voici 4 informations précieuses à garder sous son aile. 

À partir de quand débute l’éveil sexuel chez les enfants ?

La plupart des réactions sexuelles conscientes se déclenchent à l’adolescence, lorsque le corps arrive à « maturité », à son évolution finale. C’est à partir de là que les organes génitaux dévoilent toute leur sensibilité avec exubérance. Pourtant, la puberté n’est que la continuité d’une exploration intime beaucoup plus précoce et instinctive. En effet, dès leur plus jeune âge, les enfants partent à l’assaut de ces sensations physiques situées sous le nombril.

Toutefois, la sexualité de l’enfant n’a strictement rien en commun avec celle de l’adulte. Elle découle souvent d’un besoin primaire. Jusqu’à douze mois, cette quête sensorielle passe par la bouche, zone dite « érogène ». En tétant son pouce ou le sein de sa maman, le bébé s’initie à la puissance du toucher. Si, en apparence, ces actes sonnent purement réconfortants, ils ouvrent aussi les prémices d’une inspection de soi plus pittoresque. Le plaisir intense reçu dans ce « peau à peau » pousse bébé à le répéter sur les autres parties de son corps.

L’enfant en bas âge exprime une curiosité innée et bienveillante envers son propre corps. Il arpente aussi bien ses organes génitaux que son nez et ses orteils. C’est un réflexe naturel. Si l’enfant se frotte sur son cheval à bascule ou contre son nounours fétiche, ce n’est pas le signe d’une pensée perverse, simplement une manière d’expérimenter ses plaisirs. C’est en se parcourant de haut en bas que l’enfant parvient à retranscrire le rôle de son anatomie. D’ailleurs, les garçons découvrent leurs organes génitaux vers 8 mois et les filles entre 10 et 12 mois.

4 informations à connaître sur l’érection des enfants

L’érection chez les enfants est encore trop souvent réprimée dans les interdits. C’est presque aussi « mal » que de tirer la langue à un.e inconnu.e ou de taper ses frères et sœurs. Pourtant, contrairement aux adultes, cette réaction est spontanée et passive. Elle ne traduit pas une intention sexuelle, mais un mécanisme physiologique.

L’érection se déclenche avec un contact physique « anodin ». C’est le même schéma que les chatouilles et les rires qui en ressortent, mais en version intime. Pour accueillir l’érection des enfants avec plus de finesse et d’indulgence, voici ce qu’il faut en retenir.

1 – Érection chez les enfants ne veut pas dire désir sexuel

L’érection chez les enfants est souvent « punie » puisqu’elle est directement assimilée à une pulsion sexuelle, alors peu compatible avec la candeur du tendre âge. Cependant, à l’inverse de l’érection des adultes sollicitée par une forte excitation, celle des enfants est plutôt « involontaire ». L’organe génital de l’enfant n’est soumis à aucun contrôle. Au moindre petit contact, il se mettra donc au garde-à-vous.

Ainsi, il est fortement possible que le zizi d’un bébé de quelques mois se « contracte » pendant le changement de couche, au passage d’une lingette, par exemple. Plus tard, en acquérant les bases de la propreté, l’enfant est encore plus attentif à son intimité. Que ce soit un aller-retour sur le pot ou le frottement d’une culotte… la stimulation la plus furtive peut faire cligner les organes génitaux des enfants. C’est machinal.

L’érection chez les enfants est ainsi un « automatisme ». D’ailleurs, jusqu’à environ 4 ans, leur corps est indépendant de leur pensée. En prime, le désir sexuel fait partie du package de la puberté. C’est seulement durant cette période de transition que le corps s’approvisionne en hormones « sexuelles ». Avant, l’enfant est simplement soumis à un plaisir insaisissable et irréfléchi. Si l’érection de l’enfant est régulièrement vue comme une bavure, c’est surtout à cause de la société qui sexualise tout ce qui vient de l’entrejambe.

2 – Les petites filles aussi sont concernées

L’érection est plus visible chez les garçons, qui ont un organe génital « apparent ». Mais les filles aussi sont concernées par ce phénomène. Sauf qu’il se déroule en catimini, de l’intérieur. Dans ce cas, les érections sont clitoridiennes et donc imperceptibles à l’œil nu. Les petits garçons vont ainsi se toucher le zizi avec une approche plus « palpable » tandis que les filles vont avoir tendance à se frotter contre un objet, de manière plus indirecte.

Encore une fois, ces caresses plus ou moins « affirmées » n’ont pas pour vocation de donner un plaisir orgasmique. Elles ont plutôt une portée rassurante. C’est une sensation similaire aux câlins donnés par les parents. L’érection chez les enfants dépend ainsi beaucoup du stress et des inquiétudes.

3 – C’est une réaction naturelle du corps

Sigmund Freud, père fondateur de la psychanalyse, parle d’une sexualité infantile « polymorphe », c’est-à-dire qu’elle peut prendre des formes plurielles. L’érection de l’enfant n’est donc pas la seule manifestation prématurée de « plaisir ». Freud a d’ailleurs délimité six stades de la sexualité infantile : oral, anal, phallique, oedipien, latence, adolescence. À mesure de son développement, l’enfant s’enrichit de son auto-découverte.

Il comprend qu’il peut relâcher son sphincter pour gérer ses déjections et que son sexe est particulièrement « émotif ». L’érection de l’enfant est l’aboutissement de cette quête de soi. C’est un énième indice dans ce jeu du « touche à tout ». L’érection chez l’enfant ne devrait pas affoler les parents, mais bel et bien les rassurer. En effet, elle signifie que le sexe de l’enfant fonctionne correctement, qu’il n’y a pas d’anomalies. C’est comme les cris stridents à la naissance. Ils pourraient inquiéter au premier abord, mais en réalité ils indiquent une « bonne santé ».

4 – L’érection de l’enfant débute in-utero

Plusieurs études l’affirment : l’érection de l’enfant est déjà notable dans le ventre de la maman. Aussi surprenant que cela puisse paraître, un fœtus peut avoir une érection à seulement 16 semaines.

Selon des recherches, cette réaction insoupçonnée viendrait de plusieurs facteurs biologiques. Frottement du liquide amniotique, vessie pleine, chute de température soudaine, réaction neurologique… tous ces phénomènes peuvent en être à l’origine.

Érection chez les enfants : comment réagir ?

Les enfants, spectateur.ice.s de leur propre corps, aiment partager leur nouvelle trouvaille avec leurs parents et récolter leur admiration en retour. Mais lorsque les enfants se baladent le zizi à l’air pour montrer leur érection avec toute l’innocence qui va avec, les parents ne savent plus trop où se mettre.

Ils préfèrent alors détourner l’attention et rembarrer gentiment cette exhibition, pourtant inoffensive. L’enfant va alors penser qu’il a fait une bêtise et sera amené à « gendarmer » ce geste. Voici quelques pistes pour mieux considérer l’érection chez l’enfant :

Éviter le jugement

“Ce n’est pas bien”, « tu ne peux pas faire ça”, « rhabille-toi, ce n’est pas correct”… En utilisant un langage répressif, l’enfant pensera que son érection est une faute grave. Iel va tout de suite l’associer à quelque chose de mauvais et se sentira impuissant.e lorsque cette réaction surviendra malgré lui/elle.

Certains parents seront peut-être amenés à l’aborder sous le ton de la dérision. Et ce n’est pas forcément mieux. Cet humour assez grinçant va décrédibiliser toute l’importance de l’érection chez l’enfant et en faire un non-sujet. Même son de cloche avec les gros yeux et l’arsenal d’onomatopées. L’enfant se sentira coupable de ce phénomène qui lui échappe.

« Même si l’adulte choisit de ne pas réagir, tout en étant embarrassé, l’enfant ressentira son malaise à travers son langage non verbal, ses mimiques, ses gestes et regards », explique la sexologue Sophia Lessard

À contrario, si les parents réagissent de façon neutre, sans tomber dans le drame, l’enfant se sentira tout de suite en confiance et pourra poser ses questions en parfaite liberté. C’est ce qui mène au dialogue.

Poser des termes simples sur cette réaction

Expliquer l’érection aux enfants est parfois délicat. Entre maladresses, langages scientifiques trop pointus et termes, à l’inverse, trop immatures, difficile de vulgariser ce phénomène qui bouleverse l’entrejambe à un.e enfant restreint en connaissance.

Il est possible de schématiser le phénomène ou de s’appuyer sur des livres éclairants comme « Corps, amour et sexualité« . Ce qui compte, c’est de poser des mots sur les expressions corporelles de l’enfant pour qu’iel puisse mieux les interpréter. En cultivant le dialogue intime dès le plus jeune âge, l’enfant se sentira beaucoup plus légitime s’iel a des doutes ou des problèmes.

Donner des conseils sains

L’érection chez l’enfant est une réalité. Cependant, elle ne doit pas sortir du cercle familial. Si l’enfant n’est pas assez éduqué.e et averti.e, iel ne saura pas que son geste est de l’ordre du « privé ». Iel sera donc tenté.e de le révéler haut et fort dans les toilettes de l’école, par exemple, ou à la nourrice.

Il vaut mieux prévenir que l’érection est un phénomène « confidentiel », que ça ne se dit pas. C’est un secret à garder pour soi. En faisant de la prévention, l’enfant comprendra que l’action n’est pas intolérable, mais qu’elle doit rester cachée, au même titre que les parties intimes en général.

L’érection chez les enfants n’a rien de bizarre ou d’impure. Elle est tristement méconnue, car la société y pose un regard suspect. Pourtant, elle fait partie intégrante de la construction de l’enfant.

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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