Selon une étude en sciences cognitives menée par le CNRS et l’Université de Lyon, les enfants (particulièrement les garçons) associent le pouvoir au sexe masculin dès l’âge de 4 ans. La recherche a été menée en partenariat avec l’Université d’Oslo, de Lausanne et de Neuchâtel et publiée en janvier 2020 dans la revue « Sex Roles« . On vous explique ce triste constat.
L’association pouvoir/masculinité : des petites filles moins sensibles
Pour arriver à ces résultats, les chercheurs ont étudié les réactions de 900 enfants âgés de 3 à 6 ans en France, en Norvège et au Liban. Dans une première expérience, ils ont montré aux enfants une image où figurent 2 personnages non genrés. L’un adopte une posture physique dominante tandis que l’autre, une position de subordination. On leur a d’abord demandé de désigner le personnage en position de domination. Ensuite, ils devaient assigner un sexe aux 2 personnages.
Dès l’âge de 4 ans, une large majorité d’enfants considère ainsi que le personnage dominant est un garçon. Une association pouvoir/masculinité vérifiée aussi bien chez les garçons que les filles au Liban, en France et en Norvège (pays pourtant précurseur en matière d’égalité homme-femme).
Lors d’une deuxième expérience, des enfants français de 4 et 5 ans doivent imaginer qu’ils sont eux-mêmes sur cette image et imaginer que le deuxième personne est une fille ou bien un garçon. Les filles comme les garçons s’identifient largement au personnage dominant. Mais lorsqu’ils doivent s’identifier à un personnage de sexe différent, les garçons s’identifient plus souvent au personnage dominant. Les filles, pas plus à l’un qu’à l’autre. Jean-Baptiste Van Der Henst, de l’Institut des Sciences cognitives Marc Jeannerod, coauteur de l’étude explique à l’AFP :
« Les petites filles sont moins enclines à considérer que le genre qui domine est celui des garçons ».
Les petites filles seraient-elles plus aptes à déconstruire certaines idées dès le plus jeune âge ?
Déconstruire certaines idées dès le plus jeune âge
Lors de la troisième et dernière expérience, les chercheurs présentent aux enfants 2 marionnettes très genrées : une fille et un garçon aux voix identiques. Les 2 marionnettes jouent d’abord ensemble devant les enfants puis disparaissent de leur champ de vision, tout en continuant à discuter.
Très vite, les opinions garçon/fille s’affrontent :
« Les garçons avaient tendance à dire que c’était la marionnette garçon qui décidait alors que les filles n’assignaient pas plus la posture de pouvoir à la marionnette garçon qu’à la marionnette fille. On a, au niveau global, une tendance à associer masculinité et pouvoir, mais avec des variations selon le genre des participants dans certaines expériences ».
De facto, ces expériences soulignent le conditionnement précoce concernant les relations de pouvoir parmi les genres :
« Une sensibilité précoce des enfants à une hiérarchie entre les genres (a été observée ndlr), bien que les filles, dans certaines situations, n’associent pas pouvoir et masculinité. Peut-être que cette forme de pouvoir un peu agressif, coercitif, est davantage associée à quelque chose de masculin ».
Et vous, que pensent vos enfants de la relation entre le pouvoir et le genre ? Veillez-vous à déconstruire certaines idées auprès de vos enfants ? On vous attend pour en discuter sur notre forum, dans la rubrique Parents.