Harcèlement scolaire : conseils précieux d’une psychologue pour protéger son enfant

Le harcèlement scolaire est un fléau qui affecte de nombreux.ses enfants et adolescent.e.s à travers le monde. Ces violences physiques et psychologiques peuvent laisser durablement des traces. À l’occasion de la rentrée, nous avons recueilli les précieux conseils d’une psychologue : Emilie Garnier. Il est grand temps de créer un environnement éducatif sûr et bienveillant pour tou.te.s les élèves !

Emilie Garnier est psychologue clinicienne et psychothérapeute, spécialisée en guidance parentale et dans la prise en charge des enfants présentant des difficultés dans le secteur scolaire (trouble des apprentissages, trouble des habiletés sociales, souffrance émotionnelle, anxiété, isolement…).

Qu’est-ce que le harcèlement scolaire ?

Le harcèlement scolaire correspond à la répétition d’actes, de mots ou de comportements douloureux à l’égard d’un.e même enfant victime de ses camarades. Iel est alors considéré.e comme un.e « bouc émissaire ». Humiliations, menaces, injures, coups, rumeurs, moqueries, intimidations, racket… constituent une forme de harcèlement dès lors que ces derniers sont répétés et tournés de manière spécifique vers un.e même enfant.

Ces comportements de harcèlement de la part de l’enfant « bourreau » visent souvent à attirer l’attention, à se sentir plus fort.e aux yeux des autres. Les enfants qui en sont à l’origine manquent souvent d’assurance, de cadre et de repères suffisamment sécurisants au sein de leur entourage. Il est donc préférable d’aider les enfants qui peuvent être vulnérables et sujets à ce harcèlement à se protéger.

Les indices d’un mal être scolaire chez votre enfant

Votre enfant se replie progressivement sur lui/elle-même, parle moins de l’école, semble à fleur de peau et très réactif.ve à vos remarques, veut rester seul.e, présente des comportements provocants ou opposants inhabituels ? Il peut s’agir d’appels à l’aide, de sonnettes d’alarme actionnées indirectement par votre enfant. Le but : vous indiquer son malaise et chercher un soutien extérieur auprès de son environnement de confiance.

C’est souvent la raison pour laquelle le mal-être scolaire de l’enfant s’exprime principalement au travers d’un changement de comportement et d’humeur à la maison. Seul environnement sécure où iel se sent suffisamment à l’aise pour pouvoir manifester sa souffrance et s’affirmer. Cela peut aussi s’exprimer dans un accroissement de conflits au sein de la fratrie, une diminution de l’investissement scolaire associée à une répercussion sur ses résultats, ainsi que des troubles somatiques (difficultés d’endormissement, maux de ventre ou de tête, eczéma…).

Autant de marqueurs du mal-être de l’enfant qui peine à mettre des mots sur ses ressentis et à solliciter spontanément, par la verbalisation, une aide extérieure. Il est donc primordial de savoir décoder ces signes et de reconnaître les besoins sous-jacents de l’enfant, afin d’y répondre de manière ajustée. Pour cela, il faut se montrer disponible, à l’écoute, plutôt que de réprimander ses comportements inadaptés. Il est ensuite important de l’accompagner au mieux pour l’aider à se protéger et à s’affirmer. Tout en lui apportant les réassurances et le soutien nécessaires pour qu’iel puisse s’apaiser et se sentir moins seul.e.

8 conseils d’une psychologue pour prévenir le harcèlement scolaire

Informer les enfants en amont

– Sur leurs droits. Le droit au respect, à la justice et à la tolérance des différences. Le droit à la protection de l’intimité (physique et morale) et des données personnelles, particulièrement face à l’utilisation d’internet et des nouveaux moyens de communication (le droit à l’image notamment pour les photos ou les vidéos).

– Sur les interdits. L’interdit de violence (physique, verbale, psychologique) quelles qu’en soient les circonstances. La violence grave est, de ce fait, punie par la loi.

– Sur les dangers. Des réseaux sociaux et des modes de communication indirects, à distance (textos, snapchat…). Leur expliquer pourquoi il est important de ne pas partager de détails sur sa vie privée, de ne pas partager de photo trop personnelle, de ne pas communiquer ses mots de passe – même à un.e très bon.ne ami.e.

Renforcer leur estime de soi

Pour leur permettre d’être moins vulnérables face aux autres, en les aidant à reconnaître leurs forces, leurs qualités. En effet, une bonne estime de soi est nécessaire pour nouer des relations sociales équilibrées et épanouissantes.

Bien se connaître soi-même, en sachant s’appuyer sur ses atouts, mais aussi en ayant conscience de ses éventuelles fragilités, permet ainsi d’être moins perméable aux critiques et de pouvoir se positionner de manière plus confiante dans les relations aux autres.

Développer leurs habiletés sociales

Notamment leurs capacités de communication, d’interaction et d’empathie, leur décodage des situations. Mais aussi leur compréhension des normes et des règles de bien vivre ensemble, et leurs capacités d’adaptation. En effet, un.e enfant à l’écart des autres, ne comprenant pas les codes relationnels, sera plus sujet à des risques de harcèlement.

Il est donc important de favoriser la mise en lien des enfants, au travers d’activités de groupe (sport, loisir) ou de moments médiatisés (invitations, parc), pour renforcer leurs comportements pro-sociaux (collaboration, partage, écoute, entraide) et leur permettre de se positionner de manière plus ajustée avec les autres.

Développer leurs capacités de régulation émotionnelle

En effet, les enfants qui se font embêter, menacer, ou malmener se trouvent souvent submergé.e.s par leurs émotions. Iels apparaissent alors démuni.e.s et d’autant plus vulnérables face à l’enfant qui les harcèle. Il est donc nécessaire d’accompagner les enfants dans leur gestion émotionnelle. L’idée : leur apprendre à mettre des mots sur leurs ressentis et à les exprimer de manière adaptée au fur et à mesure des situations.

Les enfants ont, le cas échéant, souvent tendance à intérioriser ce qu’iels vivent pour renvoyer une image positive de l’extérieur. Cela entraine, par la suite, des moments de débordements (crises, pleurs) lorsque « la coupe est pleine » et qu’iels ont accumulé trop de ressentis douloureux. Aussi, il est important d’aider les enfants à exprimer leur colère de façon contrôlée, verbalement, sans s’emporter ou faire preuve de violence. La colère étant une émotion primordiale pour faire valoir ses limites et changer de ce qui ne convient pas.

Favoriser leur affirmation de soi

En les encourageant à donner leurs avis sur les choses, en valorisant leurs opinions personnelles, en tenant compte de leurs choix et en légitimant leurs ressentis (notamment négatifs). Iels seront ainsi plus à même de faire valoir leurs droits et de poser leurs limites auprès des autres, en sachant dire « non » et « stop ».

Il est également important d’apprendre aux enfants à se défendre et à répondre aux intrusions (attaques, critiques, moqueries…) des autres. Il peut alors être intéressant de les entrainer à répondre par le jeu du « faire semblant » à des situations relationnelles complexes auxquelles iels sont confronté.e.s, pour qu’iels se sentent plus armé.e.s par la suite. C’est ainsi, en valorisant leur courage et en les aidant à se sentir fort.e.s, qu’iels parviendront à dépasser leur peur (du rejet et de l’exclusion notamment). Iels pourront affronter les enfants harcelant.e.s avec le regard et les mots, plutôt que de fuir.

Encourager la communication

C’est l’un des conseils les plus précieux sur le harcèlement scolaire à donner en tant que psychologue. En cas de confidence de l’enfant sur le harcèlement qu’iel subit à l’école, il peut être bénéfique de l’amener dans un premier temps à chercher une personne de confiance parmi ses camardes. Auprès de qui se confier et formuler son besoin de soutien, afin qu’iel fasse front avec lui/elle pour se défendre (délégué.e de classe, ami.e, autre enfant victime).

Si cela s’avère insuffisant et que le harcèlement perdure, il est alors primordial d’informer les adultes responsables (parents de l’autre enfant, surveillant.e.s, professeur.e.s) afin qu’un cadre et des sanctions soient posés.

Préserver leur sentiment d’autonomie et de compétence personnelle

Le plus important en cas de harcèlement est de favoriser l’échange, d’en parler avec l’enfant, de légitimer sa souffrance et de réfléchir ensemble aux moyens ou aux actions qu’iel pourrait mener pour que cela s’arrête, sans faire les choses pour lui/elle ou dans son dos.

L’enfant doit en effet retrouver un sentiment de confiance en se sentant acteur.rice du changement et non passif.ve. Ce qui tend le cas échéant à renforcer le vécu de s’assujettissement inhérent au harcèlement. Il est donc préférable d’éviter, autant que possible, d’intervenir à leur place, cela s’avérant souvent davantage dommageable pour eux/elles par la suite (en renforçant leur sentiment d’impuissance et leur représentation de victime fragile aux yeux des autres).

Privilégier de les encourager dans la mise en mots autonome de leur souffrance et l’affirmation de leurs droits, en leur indiquant les stratégies auxquelles iels peuvent avoir recours pour se défendre et en les soutenant tout au long de leurs démarches. Iels pourront ainsi en sortir renforcé.e.s dans leur sentiment d’efficience personnelle.

Solliciter une aide extérieure (si besoin)

En cas de besoin, pour les aider à dépasser la douleur et à élaborer leurs ressentis douloureux (perte d’assurance, méfiance, insécurité), vous pouvez :

– Proposer la consultation d’un.e psychologue pour que votre enfant dispose d’un espace individuel neutre et de confiance où partager ses vécus et être étayé.e dans le dépassement de ses difficultés. L’objectif est qu’iel puisse ensuite retrouver en apaisement et en assurance afin de renouer des relations épanouissantes et de bonne qualité. Il sera alors important de le déculpabiliser, afin qu’iel comprenne que cela peut arriver à tout.e enfant et que ce n’est pas de sa faute.

– Signaler la situation à l’établissement ou au rectorat, avec l’aide du numéro ressource du ministère de l’Éducation : 3020 (de 9h à 20h du lundi au vendredi, sauf jours fériés, et de 9h à 18h le samedi). Ou se rendre sur le site ressource officiel : https://www.nonauharcelement.education.gouv.fr.

Ces conseils partagés en tant que psychologue sont précieux pour aider à identifier, prévenir et agir contre le harcèlement scolaire. Nous devons être à l’écoute de nos enfants, les soutenir et les encourager à parler s’iels sont victimes ou témoins de harcèlement.

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