JO 2024 : les athlètes qui allaitent vont-elles pouvoir nourrir leur bébé en paix ?

Les athlètes en lice pour les JO ont un village attitré pour se reposer en dehors des épreuves. Dans cette ville miniature construite sur-mesure en un temps record, rien n’a été laissé au hasard. Au total, 14 500 athlètes et leur staff y sont attendus. Mais les sportives qui allaitent, elles, ont un passe-droit et un autre pied-à-terre. Elles peuvent séjourner dans un hôtel spécialement aménagé en leur honneur et ainsi maintenir ce rituel maternel en parallèle de la compétition. C’est en partie grâce à la judokate Clarisse Agbegnenou que cette initiative a pu se concrétiser. Les athlètes qui allaitent pendant les JO 2024 n’auront donc pas à abréger ce précieux lien nourricier avec leur enfant. Une victoire tonitruante pour les mères qui mènent une carrière sportive de haut niveau. Ces JO 2024 remontent un peu dans les estimes…

Les athlètes qui allaitent enfin prises en considération

Pour les JO 2024, un village a été bâti à vitesse éclair à la frontière de Paris et de la banlieue de Seine-Saint-Denis. Voué à recevoir les athlètes dans des conditions optimales, il s’auto-suffit et contient tout le nécessaire sur place. Véritable écosystème urbain, il s’étale sur 52 hectares, soit 70 terrains de football. Malgré l’immensité du lieu, les enfants des athlètes ne peuvent pas y séjourner.

Une mauvaise nouvelle pour les athlètes qui allaitent pendant ces JO 2024. Fort heureusement, elles n’auront pas à sacrifier la tétée ni à renoncer à ce droit si précieux. À la demande des sportives, le comité a pris des mesures dérogatoires à destination des mères allaitantes pour qu’elles puissent concilier vie de famille et rencontres sportives. Elles auront donc la possibilité de poser leur bagage dans l’hôtel Pleyel, jalonnant le fameux village olympique.

Sans l’intervention de Clarisse Agbegnenou, les mères sportives n’auraient peut-être pas eu ce « traitement de faveur ». La judokate, qui porte haut les couleurs tricolores, a négocié avec le comité olympique pour obtenir gain de cause. Elle est plutôt bien échauffée à ce genre de combat. Après la naissance de sa fille, elle a bataillé pour l’allaiter entre deux prises, à côté des tatamis. La Fédération nationale lui a accordé ce « privilège ». Aujourd’hui sa petite Athéna a 2 ans et elle se sustente encore à la source, depuis son sein. C’est donc tout naturellement qu’elle a posé le sujet sur la table pour ces JO 2024.

La double championne olympique à Tokyo n’est pas du genre à se laisser faire, que ce soit en kimono ou dans son habit de mère. Grâce à sa réclamation publique, les athlètes qui allaitent lors des JO 2024 pourront profiter d’un cadre intimiste pour nourrir leur enfant à revers de mamelons. D’ailleurs, c’est une première !

La tour Pleyel, entièrement dédiée aux familles

La tour Pleyel, point de chute des athlètes qui allaitent pendant les JO 2024, ne s’adresse pas seulement aux mères nourricières. C’est en quelque sorte l’Eldorado des parents à l’affiche de cette grand-messe sportive. Au total, 40 000 € ont été débloqués pour faire de ce lieu un espace familial chaleureux et tout confort. Au-delà des chambres attribuées aux mères et à leurs bambins en bas âge, un espace de 100 m2 se destine aux parents qui souhaitent passer du temps avec leur progéniture en aval des épreuves. Pour la plupart des athlètes, leurs enfants sont leur « moteur », leur « dopant » naturel.

« Je n’envisage pas un seul instant de vivre les Jeux sans avoir mes enfants à mes côtés ; je me ressource auprès d’eux », déclarait Julien Mertine, champion olympique d’escrime à l’Équipe

Alors ce petit coin inédit spécialement conçu pour le bien des parents est une vraie valeur ajoutée. L’hôtel Pleyel, qui arbore par ailleurs quatre étoiles, est à quelques mètres seulement du village olympique. Les athlètes pourront donc se ménager à travers leurs déplacements et se rebooster auprès des leurs.

Et pour les athlètes paralympiques qui allaitent ?

Pour les athlètes paralympiques qui allaitent pendant les JO 2024, les aménagements sont un peu différents. Afin de limiter les allers-retours des sportif.ve.s physiquement « réduits », le comité a décidé de faire une petite entorse au règlement. Les enfants de moins d’un an auront l’autorisation « exceptionnelle » de rendre visite à leurs parents « en course » grâce à un « pass ».

Ordinairement, ce sésame est délivré aux staffs non accrédités comme les préparateurs ou les psychologues « personnels ». Mais le comité a choisi d’étendre son accès aux enfants des athlètes paralympiques pour qu’ils puissent pénétrer ce Village très sellette entre 9 heures et 21 heures. Les sportif.ve.s pourront aussi retrouver leur proche dans une autre zone bien définie baptisée le club France.

Autre nouveauté et pas des moindres : le village olympique sera complété par une crèche. Cette nurserie, implantée sur la carte des athlètes, « ne fournira pas de services de garde d’enfants », mais « un espace de jeu propice à la création de liens familiaux », réservable « pour un créneau horaire privé ou partagé », précise l’organisation.

Les athlètes qui allaitent lors des JO 2024 n’auront pas à troquer leur sein contre le biberon. Elles seront reçues comme des reines. Et pour être fair-play, le comité n’a pas non plus oublié les pères, aussi impliqués dans leur vie de famille que dans leur discipline de prédilection. 

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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